Alors que les étoiles pâlissent, que des buissons jaillissent mille trilles éclatantes, alors que l'azur retrouve sa majesté, couverte de perles cristallines, je m'éveille.
Encore voilée dans l'ombre d'un tilleul séculaire, attentive au souffle naissant de la brise, je frissonne d'avance à la caresse d'or qui, pour une journée encore, m'ouvrira au bonheur.
La fraîche haleine de de mon coeur pourtant s'élance, timide bien qu'impérieuse, car je suis reine. Qui me rendra hommage de ce peuple léger aux reflets colorés ?
Bercée par intervalles, je frôle ma soeur voisine qui murmure à mon âme une douce mélodie quand un rire lointain fait fuir le bruissement des courtisans ailés.
Rire argentin aux accents innocents, dernier triomphe de mon règne éphémère, je m'élève dans les airs pour conquérir l'amour d'une mère attendrie.
"Qu'elle est belle, maman, cette rose vermeille !"