2017/04/30

"Les mystères du peuple"



C'est le titre d'un livre d'Eugène Sue, peu lu. Si son autre livre, les mystères de Paris est parvenu à la postérité, celui-ci bien qu'à peu près inconnu est un monument de littérature. Plus de 3000 pages couvrant l'histoire de la Gaule des Celtes au 19° siècle, c'est un récit historique renfermant de nombreux romans, plusieurs pour chaque époque mais avec un lien commun: la transmission des faits d'une famille rebelle à l'autorité, la famille Le Brenn.

Pour ceux qui cherchent à réapprendre l'histoire de France, et du monde en filigrane, ce livre est un trésor sans pareille. Il cite les principales étapes de la lutte du peuple contre les autorités séculaires et spirituelles qui ont asservi les populations sous différentes couleurs dont les principales sont la royauté Franque, la noblesse, l'eglise Catholique et les Jésuites. L'histoire détaillée de leurs crimes innombrables autant qu'innomables laisse bien souvent sans voix ...


EXTRAITS




« Aujourd'hui la vieille Gaule se couvre de communes libres, de même qu'il y a trois cents ans
Elle se couvrait de châteaux féodaux ; les communes sont nos forteresses, à nous !
La maison communale, c'est l'héroïque et saint-berceau de l'affranchissement de la Gaule. »


CHARTE DE LÀ COMMUNE DE LAON [An 1100]

I
Tous les hommes domiciliés dans l'enceinte du mur de la ville et dans les faubourgs, de quelque seigneur que relève le terrain où ils habitent, prêteront serment à cette Commune.

II
Dans toute l'étendue de la ville chacun prêtera secours aux autres, loyalement et selon son pouvoir.

III
Les hommes de cette Commune demeureront entièrement libres de leurs biens : ni le roi, ni l'évêque, ni aucuns autres ne pourront réclamer d'eux quoi que ce soit, si ce n'est par jugement des échevins.

IV
Chacun gardera en toute occasion fidélité envers ceux qui auront juré la Commune et leur prêtera aide et conseil.

V
Dans les limites de la Commune, tous les hommes s'entr'aideront mutuellement, selon leur pouvoir, et ne souffriront en aucune manière que, qui que ce soit, le seigneur évêque ou autre, enlève quelque chose ou fasse payer des tailles à l'un d'eux.

VI
Treize ÉCHEVINS seront élus par la Commune; l'un de ces échevins, d'après le vote de tous ceux qui auront juré la Commune, sera élu MAIRE.

VII
Le maire et les échevins jureront de ne favoriser personne pour cause d'inimitié, et de donner en toutes choses, selon leur pouvoir, une décision équitable; tous les autres jureront d'obéir et de prêter main-forte aux décisions du maire et des échevins.
Quand la cloche du beffroi sonnera pour assembler la Commune, si quelqu'un ne se rend pas à l'assemblée, il payera douze sous d'amende.

VIII
Quiconque aura forfait envers un homme qui aura juré cette Commune-ci, le maire et les échevins, si plainte leur est faite feront justice du corps et des biens du coupable. Si le coupable se réfugie dans quelque château-fort, le maire et les échevins de la Commune parleront sur cela au seigneur du château ou à celui qui sera en son lieu; et si, à leur avis, satisfaction leur est faite de l'ennemi de la Commune, ce sera assez; mais si le seigneur refuse satisfaction, ils se feront justice eux- mêmes sur ses biens et sur ses hommes.

XI
Si quelqu'un de la Commune a confié son argent à quelqu'un de la ville, et que celui-ci, auquel l'argent aura été confié, se réfugie dans quelque château fort, le seigneur, eu ayant reçu plainte, ou rendra l'argent, ou chassera le débiteur de son château; si le seigneur ne fait ni l'une ni l'autre de ces choses, justice sera faite sur ses biens et sur ses hommes.

XII
Partout où le maire et les échevins voudront fortifier la ville, ils pourront le faire sur le terrain de quelque seigneurie que ce soit.

XIII
Les hommes de' la Commune pourront moudre leur blé et cuire leur pain partout où ils voudront.

XIV
Si le maire et les échevins de la Commune ont besoin d'argent pour les affaires de la ville, et qu'ils lèvent un impôt, ils pourront asseoir cet impôt sur les héritages et l'avoir des bourgeois et sur les ventes et profits qui se font dans la ville.

XV
Aucun étranger, censitaire des églises ou des chevaliers, établi hors de la ville et des faubourgs, ne sera compris dans la Commune que du consentement de son seigneur.

XVI
Quiconque sera reçu dans cette Commune bâtira une maison dans le délai d'un an ou achètera des vignes, ou apportera dans la ville assez d'effets mobiliers pour que justice soit faite s'il y a quelque plainte contre lui.

XVII
Si quelqu'un attaque de paroles injurieuses le maire en l'exercice de ses fonctions, sa maison sera démolie ou il payera rançon pour sa maison, ou s'abandonnera à la miséricorde des échevins.

XVIII
Nul ne causera ni vexation ni trouble aux étrangers de la Commune; s'il ose le faire, il sera réputé violateur de la Commune, et justice sera faite sur sa personne et sur ses biens.

XIX
Quiconque aura blessé avec armes un de ceux qui ont comme lui juré la Commune, à moins qu'il ne se justifie par le serment ou le témoin, perdra le poing et payera neuf livres : six pour les fortifications de la ville' et de la Commune, trois pour la rançon de son poing; mais s'il est incapable de payer, il abandonnera son poing à la miséricorde de la Commune. »


L'insurrection des bourgeoisies communales n'est que le symptôme d'un affranchissement universel, mais encore lointain. Il viendra ce jour de délivrance, mais il viendra lorsque tous, bourgeois et artisans des villes, vilains et serfs des campagnes, se soulèveront en masse contre les rois et les seigneurs. Oui, ce grandjour viendra!... dans des siècles peut-être, mais j'aurai du moins entrevu son aurore; j'aurai assisté au réveil de la vieille Gaule, endormie depuis six siècles  ... et je mourrai content !

Le Languedoc et la Provence, comme autrefois la Bretagne, sont les seules contrées indépendantes de la Gaule ; chaque cité a conservé pu depuis longtemps reconquis ses antiques franchises ; les villes forment autant de républiques gouvernées par des consuls ou des capitouls, magistrats élus du peuple.

Ce pays fortuné a peu souffert de l’oppression féodale, le servage y est presque inconnu ; la race des premiers conquérants germains, nommés Wisigoths, tribu beaucoup moins nombreuse et moins féroce que les tribus franques de Clovis, au lieu de se conserver unie, compacte, sans-mélange, comme dans le nord de la Gaule, a presque entièrement disparu par sa fusion avec la race gauloise et celle des Arabes, si longtemps maîtres du Midi.

Cette population, devenue pour ainsi dire un peuple nouveau, est pleine d'intelligence et d'industrieuse activité; on n'y voit aucune trace de fanatisme. La plupart des habitants, répudiant l'Église de Rome, y pratiquent la douce morale de Jésus dans sa pureté première. Les seigneurs, presque tous bonnes gens et sans orgueil, issus, pour la plupart, de marchands enrichis, continuent le négoce de leurs pères ou cultivent leurs champs ; ils cèdent le pas aux Consuls populaires;



[An 1300à 1426] LE TRÉPIED DE FER p 309
Ordonnance royale du 17e jour de janvier 1357 due à Etienne Marcel


" LES ÉTATS GÉNÉRAUX se réuniront à l'avenir toutes les fois qu'il leur paraîtra convenable (et ce sans avoir besoin du consentement du roi), pour délibérer sur le gouvernement du royaume, sans que l'avis de la noblesse et du clergé puisse lier ou obliger les députés des communes."

" Les membres des États généraux seront mis sous la sauvegarde du roi ou du duc de Normandie, protégés par leurs héritiers, et en outre les membres des États pourront aller par tout le royaume avec une escorte armée chargée de les faire respecter. Les deniers provenant des subsides accordés par les États généraux seront levés et distribués, non par les officiers royaux, mais PAR DES DÉPUTÉS ÉLUS PAR LES ÉTATS et ils jureront de résister à tout ordre du roi et de ses ministres si le roi ou ses ministres voulaient employer l'argent à d'autres dépenses qu'à celles ordonnées par les Etats généraux."

" Le roi n'accordera plus de pardons pour meurtre, viol, rapt ou infraction des trêves. Les offices de justice ne seront plus vendus ni donnés à ferme. Les frais de procédure et d'enquêtes et d'expédition seront réduits dans la chambre du parlement et celle des comptes, et les gens de ces deux chambres seront chassés comme exacteurs des deniers publics."

" Toutes prises de vivres, fourrages, argent, au nom et pour le service du roi ou de sa famille, seront interdites, et faculté donnée aux habitants de se rassembler au son de leur beffroi, pour courir sus contre les preneurs."

" Afin d'éviter tout monopole et toute vexation, nul des officiers du roi ne pourra faire le commerce des marchandises ou du change. Les dépenses de la maison du roi, du dauphin et de celle des princes, seront modérées et réduites à des bornes raisonnables par les États généraux; et les maîtres d'hôtels royaux seront obligés de payer ce qu'ils achèteront pour ces maisons. Désormais, le roi, le dauphin, les princes, la noblesse, les pré- lats, quel que soit leur rang, seront soumis à l'impôt ainsi que tous les citoyens."

" Il faut qu'il apprenne, ce peuple encore enfant et crédule, qu'il peut d'un souffle balayer ses maîtres souverains, issus de la conquête et sacrés par l'Église. Aussi, lorsqu'un jour, dans des siècles peut-être, ce peuple atteindra l'âge de virilité, il comprendra là ruineuse superfluité du pouvoir royal; mais ces temps sont lointains ! De nos jours, le peuple, ignorant et costumier, voudra, s'il détrône un maître, en couronner un autre, à condition qu'il soit prince. (…) quoi qu'il arrive, si le présent échappe au parti populaire, l'avenir lui appartient."


"Oui, quoi qu'on fasse, l'ordonnance des réformes de 1356 et l'action souveraine de l'Assemblée nationale en ces temps-ci laisseront des traces impérissables. J'ai semé trop hâtivement, disent les uns... et ils ajoutent : « A semailles hâtive, moisson tardive »"
Etienne Marcel




LES MYSTERES DU PEUPLE (295...)

"Alors, je me suis demandé quels services je pouvais rendre à l'Eglise catholique; j'ai regardé autour de moi, qu'ai-je vu ?... L'esprit de LIBERTÉ, cette pestilentielle émanation de l'humanité déchue, partout en lutte contre L’AUTORITÉ, cette émanation sacrée de la Divinité; je me suis promis de soumettre l'esprit de liberté au frein inflexible de l’autorité, de même que j'ai soumis au frein des chevaux indomptés.

Maître, cette génération pourrie, en nous abandonnant la direction de son âme, nous donnera plus tard l'éducation exclusive de ses enfants; nous élèverons ces générations selon qu'il convient, en les prenant du berceau à la tombe, en les façonnant, les pétrissant de telle sorte que, leurs appétits satisfaits, et à jamais délivrées des tentations de ces trois infernales rebelles Raison, Dignité, Liberté, ces générations, bénissant leur douce servitude, soient à nous ce que nous sommes à toi, ô maître ! Des serviles, des esclaves, des corps sans âmes, des cadavres !"

(…)

"— Parmi les obstacles que notre oeuvre rencontre ou peut rencontrer, vous avez cité la papauté, maître, parce que l'élection du sacré collège peut appeler au trône pontifical des papes faibles, stupides ou scélérats.
— Quel remède à cette éventualité?
— Constituer en dehors de la papauté du collège des cardinaux, de l'épiscopal, du clergé régulier, des ordres religieux, une compagnie dont les membres ne pourront jamais être élus papes, ni accepter aucune dignité catholique, si élevée ou si humble que soit celte dignité, de sorte que cette compagnie conserve toujours son indépendance, son action pour ou contre l'Eglise établie pour combattre ou pour défendre son chef.

—Quelle sera l'organisation de cette redoutable compagnie ?
 — Un général élu par ses membres la dirigera souverainement.
— Quel engagement prendront ses membres envers lui  ?
— Celui d'une obéissance muette, aveugle, servile.
— Que seront-ils dans ses mains ?
— Ce que nous sommes entre les tiennes, ô maître! Des instruments aussi dociles que le bâton dans la main d'un vieillard.

— Quel sera le théâtre de l'oeuvre de la compagnie ? Le monde entier.
— Comment se partagera-t-elle l'univers ?
— En provinces... province de France, d'Espagne, d'Allemagne, d'Angleterre, des Indes, d'Asie et autres, sous le gouvernement d'un provincial choisi par le général de l'ordre.
— La compagnie étant supposée organisée, quel nom prendra t-elle ?

— Celui de la COMPAGNIE DE JÉSUS.

— Indépendante de l'Eglise établie, dont elle n'attend ni ne veut rien, ni pourpre, ni crosse, ni bénéfices, la compagnie de Jésus, grâce à la commodité, à la tolérance de ses doctrines, conquerra bientôt le domaine et l'empire des consciences; elle confessera les laquais et les rois, le moine mendiant et le cardinal, la courtisane et la princesse, la bourgeoise, la cuisinière, la fille d'amour et l'impératrice. Le concert de celte immense clientèle agissant comme un seul homme, sous l'influence de la compagnie de Jésus, inspirée par son général, doit assurer à celui-ci une telle puissance, qu'à un moment donné il dictera des ordres à la papauté, la menaçant de déchaîner contre elle toutes les consciences et les bras dont il dispose.

Le général sera plus puissant que le pape.

En outre de l'action sur les consciences, la Compagnie de Jésus n'aura-t-elle point d'autres leviers secondaires ?

— Oui, maître, et des plus efficaces. Quiconque, laïque ou ecclésiastique, pauvre ou riche, femme ou homme, grand ou petit, abandonnera aveuglément son âme à la direction de la compagnie de Jésus, sera toujours et partout, et contre qui, et contre quoi que ce soit,  protégé, favorisé, défendu, innocenté par la compagnie et ses adhérents; le pénitent d'un jésuite verra s'ouvrir à ses yeux l'horizon des plus hautes espérances ; le chemin des honneurs, des richesses, s'aplanira devant lui ; un manteau tutélaire couvrira ses fautes, ses égarements, ses crimes; ses ennemis deviendront ceux de la compagnie, elle les poursuivra, les traquera, les atteindra, les frappera, quels qu'ils soient, où qu'ils soient, et par fous les moyens possibles, de sorte que le pénitent d'un jésuite pourra prétendre à tout, et ce sera quelque chose d'effrayant d'encourir ses ressentiments !

— Ainsi, vous avez foi dans l'accomplissement de notre œuvre ?
— Une foi absolue.
— Cette foi, qui vous l'a donnée?
— Toi, maître, toi, Ignace de Loyola, de qui le souffle nous inspire, toi, notre maître, celui par qui nous vivons...
— L'oeuvre est immense: dominer le monde! Et nous ne sommes que SEPT !...
— Maître, tu nous commandes, nous sommes LÉGION !

— Sept... Seulement sept, mes fils... Sans autre force que notre foi à notre oeuvre.
— Maître, la foi soulève des montagnes... Commande !

— Oh ! Mes vaillants disciples ! s'écria Ignace de Loyola, en se dressant sur sa béquille, quelle joie pour moi de vous voie ainsi pénétrés de ma substance, nourris de la moelle de mes doctrines !...

Debout ! Debout ! Le moment est  venu d'agir... voilà pourquoi je vous ai, ce soir, réunis ici, à Montmartre, où si souvent je suis venu méditer dans cet antre, celle seconde taverne de Manrès où, en Espagne, après de longues années, j'ai entrevu la profondeur, l'immensité de mon oeuvre... Oui, pour vous y associer à cette oeuvre, j'ai brisé, dompté, absorbé des personnalités ; j'ai fait de vous des instruments aussi dociles qu'un bâton dans la main d'un vieillard; oui, j'ai pris vos âmes ; oui, vous n'êtes maintenant entre mes mains que des cadavres ! Oh ! Mes chers cadavres ! Mes bâtons ! Mes serviles ! Mes esclaves ! Glorifiez votre servitude... elle vous donne l'empire du monde !... Vous serez les maitres de tous les hommes ! Vous serez les dominateurs de toutes les femmes !..."

 (…)
"Ignace de Loyola veut, par le tribunal de la pénitence, s'emparer des consciences ; par les conscience, des âmes ; par les âmes, des corps, et fonder ainsi la plus épouvantable tyrannie théocratique."

(…)
"- je ne sais point prêcher, moi, et encore moins lire et écrire. Je suis accoutumé dès mon noviciat à mes grandes aises, à l'ignorance, à la fainéantise, c'est pourquoi je soutiens l'Eglise de Rome, qui soutient mon ignorance, mes grandes aises et ma fainéantise..."
(Un moine)

IGNACE DE LOYOLA, GÉNÉRAL DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS
A. M. D. G.
(Ad Majorent, Dei  Gloriam)

"Le peuple instruit, par ces légendes (- de la famille Lebrenn -), de faits historiques qui doivent toujours être pour lui LETTRE CLOSE, si l'on veut qu'il ressente à l'endroit du trône et de l'autel une soumission aveugle, un respect et une terreur salutaires, ce mauvais peuple s'engagerait plus audacieusement encore à l'avenir dans ces révoltes dont pas un siècle n'a été à l'abri jusqu'ici, ce à quoi la société de Jésus, avec l'aide de Dieu, mettra ordre.

Il faut bien se rappeler ceci : il n'est point de petits ennemis ;  les causes les plus infimes produisent souvent de grands effets ; il suffit, à un moment donné, en un temps de rébellion, d'un homme de résolution pour entrainer le populaire. Or, grâce à sa tradition séculaire, la famille Lebrenn pourrait produire l'un de ces hommes-là. Nous devons prévoir cette occurrence et supprimer cette famille.

Cet exemple entre mille autres exemples prouve la nécessité des registres dont j'ai parlé. Je VEUX qu'il en soit tenu un dans chaque division par Je provincial de noire ordre ; JE VEUX que l'on inscrive en ce registre les noms des familles sur lesquelles l'attention de l'Ordre doit être plus spécialement attachée. Ces renseignements ainsi conservés et transmis de siècle en siècle offriront à notre Compagnie des moyens de surveillance et d'action sur les générations futures."


(...)


Et Eugène Sue de citer (en long) le Discours de la servitude volontaire d’Etienne de la Boétie aussi appelé par l'auteur Contr'Un :

''C'est le peuple qui s'asservi t, qui se coupe la gorge, qui, ayant le choix d'être sujet ou d'être libre, quitte sa franchise pour le joug, qui consent à son mal ou plutôt le pourchasse; s'il devait coûter quelque chose de recouvrer sa liberté, je ne l'en presserais point, quoique ce soit que l'homme doive avoir de plus cher, que de reprendre ses droits naturels, et, à bien dire, « de bête redevenir homme »''

 ''Cependant, si on ne leur donnait rien, si on ne leur obéissait point, et cela sans combattre, sans frapper, ils demeureraient nus, défaits, ne seraient plus rien ; de même que la racine, n'ayant plus d'humeur ou aliment, devient une branche sèche et morte.''



Massacre de la Saint Barthélémy …

"Ah ! Mes amis ! Catherine de Médicis l'avait dit au père Lefèvre (Jésuite): « Engagez le Saint-Père et Philippe II à la patience... Endormons les Réformés dans une sécurité trompeuse... Je couverai l'oeuf sanglant pondu par Guise... et le même jour, à la même heure, les huguenots seront exterminés en France. » L’Italienne a tenu sa promesse : L'oeuf réchauffé dans son sein a éclos. L'extermination en est sortie toute armée."

(...)

"Soudain la veuve d'Odelin Lebrenn se dressa, pâle, Imposante, leva vers le ciel l'une de ses mains vénérables avec un geste de malédiction, et dit d'une voix solennelle, au milieu du profond silence de sa famille :

— Qu'ils soient à jamais maudits de Dieu et des hommes, ceux-là qui, aujourd'hui ou dans les siècles avenir, ne répudieront pas l'Eglise de Rome... cette Eglise infâme, la seule qui ait jamais enfanté de pareils forfaits !...

— Mort de ma soeur ! — s'écria le franc-taupin, — la voix d'Éstienne de la Boétie sera t-elle enfin entendue ? Verrons-nous tous se liguer contre UN ? Les opprimés, les artisans, la plèbe, anéantir enfin l'oppresseur et écraser la royauté?..."





Ah, lisez "Le juif errant" !!! Et  les Mystères de Paris, Les misères des enfants trouvés ... Lisez Jean Cavalier le fanatique des Cévennes, Jean Bart et Louis XIV, lisez !!! Lisez Frédéric Soulié aussi, Le vicomte de Béziers, Le comte de Foix, Sathaniel ... Et ... !!!




2017/04/27

Avis aux bossus



La vie dont nous jouissons n’est que la matérialisation éphémère et imparfaite de la vie éternelle. Notre âme en s’incarnant prend une apparence que nous considérons être nous-même. Cette incarnation n’est pas sans défauts ce qui nous fait tous regretter de n’être pas mieux lotis en ceci ou en cela, tant pour le corps que pour ses facultés.

Prenez une forêt de chênes. Chaque arbre est un chêne mais, non seulement tous sont différents mais pour un individu magnifique, il en est une multitude qui n’en sont que des copies imparfaites. De fait, chaque représentation de l’essence ‘chêne’ n’en est qu’une actualisation contingente qui dépend d’une infinité de facteur pour devenir un représentant de cette essence.

La nature fait des sauts, contrairement à l’avis des évolutionnistes (cf. par exemple les travaux d’Anne Dambricourt, de Bernard d’Espagnat …) et, chaque nouvelle espèce qui apparaît n’est pas l’évolution de celles qui la précède mais bien l’apparition d’une forme nouvelle ayant son essence et ses caractéristiques déterminées avant son apparition, sa matérialisation. Or, chaque représentant de son espèce, tout en étant imparfait tient sa nature de son essence.

Si donc chaque individu d’une espèce est imparfait du fait de sa matérialisation, sa nature elle est en tout point conforme à son essence. Si la vie matérielle n’est que la cristallisation de cette essence, et que cette vie existe en dehors de sa matérialisation, alors la nature de chaque individu d’une espèce est parfaite en dehors des conditions de son apparition conjecturelle.

Donc, sans perdre rien des caractéristiques de son incarnation, la nature même de chaque être est, en amont ou en aval de sa matérialisation ne peut avoir aucun des défauts qui nous chagrinent si fort en ce monde. En réalité, chaque individu est parfait dans son essence. Dans la vie qui précède et suit notre existence terrestre, les bossus n’ont pas de bosse …



2017/04/26

Rassoudok & Co



Plus de 10.000 kms à pied avec un âne et un mulet en 4 ans 
de France à la frontière Chinoise puis Afghane 
et retour faute de visas ... Morgane et David, une épopée incroyable,
des images magnifiques, des textes originaux, et
un courage incroyable:
à voir et à lire !!!




























EXTRAITS:


C'est du domaine de l'expérience. Ce sont des moments qui ne se racontent pas parce qu'ils ne peuvent pas être compris intellectuellement. Pourtant j'ai tellement envie de partager. Ce mutisme. Cette solitude main dans la main avec les éléments. Et Rassoudok à ma gauche. Et Cortex qui voudrait le doubler, encore et toujours. Le vent qui brûle mon visage de son fouet. Le froid. Mon corps au chaud sous toutes mes couches. Sauf mes doigts. Eux ils crient la brûlure du sang, comme les joues. Aux alentours il n'y a rien. Que nous.

Et même s'il est une rare voiture qui passe, il n'y a finalement toujours que nous. C'est comme ce vieil homme que j'ai un jour accompagné de mon accordéon, il marchait si lentement. Si lentement qu'il me donnait tout le temps de voir la vie avancer sans lui. Tout court autour. Tout s'emballe dans la vitesse. Tout nous laisse derrière. Et nous, le vieil homme, Rassoudok, Cortex et moi, nous observons. Ils ont l'accélérateur, nous avons le temps.



La neige s'ajoute. Elle s'infiltre entre mes cils et sous mes paupières. S'accroche dans les crins et les duvets. Les rafales dansent avec les flocons qui nous aveuglent. Ce souffle inlassable vient d'une respiration si lointaine... Il expire en discontinue car rien n'existe ici pour le stopper. Les monocultures défient l'horizon. Alors il rôde, perdu, à la recherche d'un affront. Si minces de nos maigres corps érigés sur cet espace lisse et sans fin nous sommes à peine une insolence. C'est pour ça qu'il nous aime bien. Le vent aime le culot. Il joue avec nous. Il sait que nous ne le ralentirons même pas. Il nous emplis de sa voix, de son rire. Nous sommes seuls face à lui qui nous compte ses poèmes. Marchons. Marchons droit vers le démesuré. Marchons droit vers l'inépuisable. Tout est froid au dehors. Tout est chaud au dedans.

Par chance les heures de lumière sont les plus courtes de l'année et l'espace créé par la solitude me gonfle d'énergie. Je ne cherche pas le contact avec les autres et limite mes échanges au minimum et à l'indispensable. L'overdose humaine du continent Asiatique est fraîche et mes sens ne demandent qu'à s'épurer du trop-plein qui les a engourdit. Je fais donc le choix d'une cure de mes congénères. Sans les éviter pour autant.
Je m'extasie devant la nature qui, avec mon petit âne et mon sage mulet, devient une fine complice à l'écoute de mes confidences et de mes histoires, attentive à mes besoins et porteuse de messages enfouis. Je me régale des silences. Je contemple et apaise mon corps qui parfois souffre du froid avec l'apaisement de mon esprit.


Chaque matin je me lève avant le jour, libère de sa corde l'un ou l'autre de mes compagnons aux longues oreilles et déplace l'autre sur un nouveau terrain d'herbes, chauffe un thé et avale une tasse de céréales, prépare le matériel puis dégèle au mieux la tente dont les tissus sont cartonnés de glace. Je brosse, cure et bâte Cortex et Rassou, puis m'élance sur les chemins aux premières lueurs. L'instant magique du jour. Les arrêts de mi-journée durent à peine deux heures, sauf en cas de bain et lessive, et la marche reprend jusqu'aux bâillements de la lumière, du moins jusqu'à un lieu propice au campement, avec en priorité un regard sur la qualité de l'herbage. 
Mes soirées, une fois les animaux débarrassés de leurs fardeaux, remerciés, cajolés, ayant bu et broutant, débutent par une fringale, avant de préparer la nourriture du lendemain midi, de pétrir et cuir mon pain, de chauffer l'eau qui servira à me laver les pieds dont l'entretient méticuleux permet seul la santé de tout le corps, de remplir la théière d'eau qui gèlera durant la nuit et sera fondu au matin au contact de la flamme du réchaud. Ensuite, une fois couvertures et duvets installés, je m’emmitoufle dans les couches qui seules me protègent des températures négatives pour dévorer des pages de livres à la lumière de ma lampe frontale, ou bien gratter une mine sur les lignes d'un cahier. Jusqu'à ce que le sommeil m'oblige à m'oublier.


Les journées passent et se ressemblent. Les rues des villes et villages figées par le froid sont grises, vides et éteintes, seules les cheminées qui fument et fendent les ciels de cristal de l’hiver assurent que des êtres vivent encore dans ces contrées, blottis derrière les murs. On ne les voit que rarement, à l'occasion, pour une attention furtive et touchante : un peu de foin, un café, un bout de fromage ou une pomme. Plus à l'Est, plus loin que le Bosphore, les gens ne cachent pas leurs visages à l’hiver, ils le narguent fièrement mains nues, emplissant les quartiers de toute la chaleur qu'ils contiennent, comme pour oser le contrepoids, comme pour rehausser les mesures des thermomètres qu'ils ignorent. Ici ça n'est pas pareil. On traverse l’hiver en le fuyant et sans lui piper mot, de peur qu'il ne se vexe et brandisse son épée. Autant qu'on louche généralement sur l'inconnu et qu'on l'évite s'il ne force pas l'échange, de peur d'on ne sait quoi. Je crois qu'en Bulgarie on a beaucoup peur, et que si le passé en est la cause, il serait grand temps de revenir au présent.

Les âmes que je recroise ici ont été forgées par ces dernières années de diverses manières, et ce qu'il me plaît à découvrir chez les autres c'est l'acceptation de ce qui est, un calme humble que je n'avais pas connu, ainsi qu'une nouvelle sagesse de décisions. Ce que je découvre en moi-même c'est l'évaporation de tout jugement, je ne vois plus que les efforts et la beauté des tentatives. L'air que nous respirons est gorgé d'apaisement commun.


Comme en signe de bienvenue les montagnes bombent leurs monts face à nous tout cependant que le ciel déverse ses eaux par torrents. La pluie qui trempe, dégouline douce et froide sur nos habits, génère les grelots du grain de notre peau. La pluie, artiste créant le vert, ce don, ce miracle. La pluie qui embrasse le monde, ses champs, ses forêts, ses toits, ses routes, ses trottoirs, ses chapeaux, ses mers et océans. La pluie qui immerge de son amour tout ce qui se trouve sous sa main, même les ingrats, comme je le fut moi-même longtemps. Moi qui eut vu la pluie telle des larmes, aujourd'hui je sais m'être fourvoyée. Elle est le baume que supplient toutes les terres assoiffée et brûlantes de poussières que nous avons côtoyé durant l'année passée.

La frontière Asiatique, ligne lumineuse immobile, à présent derrière nos dos, se suspend au-dessus des flots de la rivière. Ici même de nombreux émigrés se sont jetés et se jetteront sans doute encore dans un ultime espoir de rêve Européen. Comme nous l'a été compté de bouches-passées-par-là certains y ont perdu la vie, d'autres ont rejoint le continent avec succès, d'autres encore se sont fait prendre par les gardes-frontière, parfois lâchement dénoncé par des locaux. Vendre un être humain, qui plus est sans considération pour les risques qu'il vient d'endurer et les difficultés ou probables horreurs auxquelles il tente d'échapper, est au-delà de mes capacités de compréhension. Soyez sûrs qu'en cas de guerre les leçons de la seconde guerre mondiale sauront malheureusement se révéler abominablement inutiles.



Dans un excès d'indignation, David et moi assis sur le métal gelé d'un banc, enfermés à l'arrière d'un véhicule d'incarcération et traités comme des criminels, nous enrageons une énième fois contre la police. Ce qu'on appelle présomption d'innocence, au vu du comportement des pions de l’État, ressemble bien plus à une présomption de culpabilité qu'autre chose. Mais gardons le sourire, tant bien même ils nous obligent à quitter animaux et bagages au bord de la route et sans surveillance, tant bien même ils nous reluquent le sourcil hautain et haineux, la langue accusatrice et le crachat venimeux. Tant bien même, après avoir tout tenté, n'ayant rien à nous reprocher, ils paradent soudainement une hypocrite sympathie imprégnée de pitoyables excuses. «  Vous savez, avec tous ces étrangers qui tentent d'entrer...  » Bienvenue dans l'Union Européenne, la perle de la Démocratie et des Droits de l'Homme  ! Un exemple mondial de respect  !







2017/04/24

Qui qu’en grogne ?







(non édité)

Que peut-il sortir d'un monde du chacun pour soi où d'aucun se croient leur propre maîtres ?


Volonté de puissance, vouloir être le maître, dominer, diriger, recevoir des honneurs, tous ces funestes travers témoignent, avant même que leurs œuvres fatales ne s'accomplissent, d'un esprit  dérangé, d'une vision erronée de la vie.

Les 'civilisations' sont le cimetière de l’espoir et l'origine de tous les désespoirs. Au fur et à mesure que l'homme croit s'élever, il s'abaisse. Il grimpe dans ses cocotiers dorés et se croit au sommet de l'univers alors qu'il n'est qu'au seuil de la folie, au faîte de la mégalomanie.

Ceux qui doivent triompher dans cette soupe aux passions et aux crimes ne peuvent être que des individualités exacerbées, des populations mythifiées par des illusions démesurées.
Une des raisons est que l'homme préfère se complaire dans ce qui n'est pas que de se mesurer avec ce qui est, il préfère inventer un système que de s'accommoder de celui qui est, il veut être plus que ce qu'il est sans s'apercevoir qu'il ne pourra être que moins.

En effet, ceux qui se donnent pour acquis le droit de domination voient le monde en premier lieu comme un tissu d'inégalités, ce qui est vrai, mais cela s'explique seulement en acceptant la merveilleuse unité naturelle dans laquelle les inégalités prennent un sens, et en second lieu, comme un échiquier où il y a des victoires à remporter, comme un champ de bataille où il y a des ennemis à vaincre alors que la réalité-réelle est autre.


Systèmes

L'homme n'a de cesse qu'il n'ait construit "son" système. L'humanité a la folie des systèmes. Economiques, politiques, sociaux, psychologiques, religieux, artistiques, scientifiques, toutes les composantes de la vie humaine sont prétextes à créer des systèmes, quoique le dernier cité a l'immense avantage de n'être valable que jusqu'à la prochaine découverte, ce qui procure une certaine humilité tant devant l'avenir que le passé, quant au présent ...

Eu égard à ces mondes dans le monde, l'individu se forge une personnalité en fonction des systèmes qu'il adopte. Peu lui importe d'être ce qu'il est - où n'est pas - alors que la toute-puissance de son moi s'exerce à devenir un rouage de ces illusions méticuleusement érigées en palais des Milles et Une Nuits. Untel peut être grand ou petit, blond ou brun, intelligent ou idiot, il  aura toujours l'occasion d'oublier son origine et sa nature pour se choisir une image à travers la multitude de systèmes qui lui tendent les bras.
Ce qu’on appelle Matrix, en passant, est l’utilisation de cette folie des systèmes dans un but de domination qui, non seulement l’encourage et la dirige mais aussi, qui crée incessamment de nouveaux systèmes à ajouter aux anciens.

Untel sera gauchiste, aimant Beethoven, militant pour les droits de la race canine à fumer la pipe après souper, un soupçon Bouddhiste et partisan de la méfiance universelle. Tel autre sera conservateur, libéral, supporter du club de foot local et fervent admirateur de Corinne Sarkasty, dernière coqueluche du festival de Jazz de Tremblez-les-Pins, en Charentes, eh ! faut pas oublier le Pineau – des Charentes. Une autre sera emballée de tragédie grecque, de quatre à six, de yaourts au bifidus, le mardi matin, de métempsychose, de ... que sais-je !!

L'homme n'est plus un individu qui, étant parti de lui-même, a cherché à construire son identité par ce qu'il est capable de devenir mais un tonneau dont il s'empresse de combler le vide avec ce qui parait lui apporter les meilleures ressources pour être ce qu'il a choisi de paraître. L'homme ne parait plus ce qu'il peut être mais devient ce qu'il peut paraître. L'individu est mort, vive la société, ses inventions subtiles, ses ressources infinies, ses décors inépuisables, ses enjeux mirifiques bref, ses toutes puissantes illusions, à la portée de toutes et de tous.

Nous sommes à l'ère des imbéciles heureux ou plutôt, cette époque bénie des hommes n'a en fin de compte jamais cessée, elle n'a fait que se déployer, qu'ajouter strate sur strate à ses monceaux de théories, que fignoler les moindres recoins de son attirail de masques. La séance est ouvertes, faites vos jeux. Et, de toutes ces panoplies d'homme social, la bête humaine dirait Zola, la plus complète, la plus riche, et de loin, est certainement celle proposée par la religion. Christianisme, Talmudisme, Islamisme, Bouddhisme ont développé depuis des millénaires des trames si complexes que mille vies ne suffiraient à explorer.
Il est incroyable de voir comment des hommes qui paraissent sensés dans leurs familles et leurs travaux peuvent s'attendrir devant les pyramides d'inepties que procurent les religions et autres sectes d'un bout à l'autre du monde. Alors, Dieu a dit, le prêtre a expliqué, le livre saint a révélé ... amen. 

Bien que l'homme soit capable d'être lui-même, pour lui comme pour les autres, et puisse conserver de ce fait la liberté de choix qu'il a à sa naissance, il enferme volontairement - ou non - cette perle tant glorifiée des poètes dans des systèmes préconçus, des partis 'prédestinés', des auges préfabriquées où un cochon ne voudrait se vautrer rien au monde.

L'illusion est la réalité, la conformité supplante l'originalité naturelle, la maladie remplace la santé. Mieux vaut être un malade connu et classifié qu'un homme sain d'esprit et de corps inconnu au bataillon de la servitude organisée. La toute-puissance de l'appartenance à un corps constitué surpasse sans peine et sans remords l'autonomie de l'âme qui ne représente qu'une tristesse et un deuil à côté des Champs- Elysées de l'apparence sociale. Car telle est la seule et suffisante servitude de l'homme qui a peur, qui a honte de n'être ‘que ce qu'il est'.

Et pourtant ! Après bien des années occupées à écumer ces océans d'illusion, à se croire ceci ou cela, plus d'un s'aperçoit qu'il a passé sa vie sur une scène que le soleil électrique a refroidit et où les vestales étaient de marbre. La véritable tristesse tombe avec le rideau et bien peu en sortent avant que la salle s'éteigne. Bien sûr, certains diront qu'ils n'ont pas vécu pour rien mais d'aucun avoueront qu'ils n'ont vécu pour quelque chose. Les chaines viennent de l'intérieur, comme la musique, la liberté, l'amitié ou l'amour. Pour un arabe algérien de Belleville, le veston est un costume du dimanche. Vaut-il mieux être un fakir sur un tapis de clous où un monarque sur un matelas de dollars ?

Quand il n'y aura plus de papillons, d'abeilles, de saumons ni de roses, que restera t-il à l'homme si celui-ci ne comprend enfin qu'il vaut mieux paraître ce qu'on est plutôt que de s'affubler de lambeaux de systèmes et de gloriole en papier mâché ? Le propre de l'homme est-il de pouvoir être ce qu'il n'est pas, à volonté, de se détruire, à satiété, de se renier ... à faire pitié ? Oui, autant qu’il se sépare du seul vrai système, celui qui fut et qui sera, le système de la nature, de Dieu. Tant que l’homme s’obstinera à écarter Dieu de sa soupe, elle restera amère.


Principes

Si ce n'étaient que des principes qui dirigeaient l'univers, ils seraient inviolables. Pour que l'homme puisse les violer, au contraire de toute autre chose existante, il faut qu'il ait en lui autre chose qu'un principe.

La faculté de pouvoir agir en opposition aux principes de l'univers, dont le principal est de tout sacrifier à la vie, est le propre de l'homme. Qu'une seule des créations de l'univers ait le pouvoir de s'opposer à ses principes suffit à prouver que l'ordre qui dirige l'univers ne saurait provenir uniquement de principes.
Ainsi, l'homme n'est pas totalement le produit des lois qui dirigent l'univers puisqu'il a la possibilité de s'y soustraire. On peut sans doute affirmer qu'il y a en lui plus que ce que ces lois sont capable de créer en général. Et ce plus est cette faculté de pouvoir s'en affranchir. L’homme est un ‘hors la loi’.

L'univers n'a jamais créé de casserole mais les lois qui servent à faire les casseroles sont du même ordre que celles qui font les hommes. Si donc L'homme est le seul être sur terre à être capable de créer des lois, elles-mêmes 'sous lois’ de l'univers - pour faire des casseroles, il y a donc un être qui a disposé, en sus des lois de l'univers, un ‘contre-principe’ pour faire des hommes.

L’univers, de par ses lois, ses principes est un processus lent mais inéluctable qui aboutit à la vie. La vie est le support de la conscience mais celle-ci est au-delà de cette vie qui la supporte par ce fait qu’une fois conscient, l’homme a le choix de son adhésion à ces lois qui l’ont fait naître. La vie, la conscience exigent de la part de l’homme un effort, une décision pour marcher de concert avec elles, pour reconnaître leur vérité, leur bonté. L’homme est libre du dessein qu’il donne à sa vie, à sa conscience. 
Va-t-il chérir la vie, la lumière ou va-t-il supporter les ombres de la nuit, le néant, la mort ?

Le but des actions de l’homme est le résultat d’une décision, d’un projet mis en œuvre à chaque instant de l’existence, d’un choix. La vie n’est pas son propre but, la conscience ne saurait que faire d’elle-même sans cette possibilité de choix. De même, le ‘destin’ de l’univers n’est pas dans son existence mais dans le projet qu’il permet. L’univers, la vie sont un support à la réalisation d’un but. Ce but est révélé par l’apparition de la conscience en l’homme et de la possibilité de choix qu’elle apporte. La conscience entraîne une décision qui permet l’application de la volonté, non pas comme enchaînée aux principes mais comme Libre cautionnement du désir d’être.

Cette volonté ‘humaine’ n’est que le reflet infinitésimal de la volonté infinie de Celui Qui est à l’origine de la vie, de l’univers.




2017/04/09

Art Dimension














JANE HONICKER (chant) et JEAN-MARC VALLOD (claviers)
Soma Holiday, Art Dimension, 1984




































D'ailleurs, à propos des chats, si vous emmenez le votre
en Grèce, bouclez-le car les chiens semi errants sont partout.
Sur 5 petits de Juillet dernier, il en reste deux ici !! Le tigré
sur la photo du dessus, César n'est plus là ainsi que sa soeur
Folette ...



Et à propos des photos, toutes maison, le réglage des écrans
peut en modifier le rendu.

Après les chats grecs, une production de Salonique qui a de ça ...
quoiqu'ils aient réduit la bouteille, Europe oblige !


























2017/04/06

La Vie ...







La vie est un miracle. Le passage de la matière inerte à la ‘matière vivante’ reste inexpliqué. La ‘matière animée’ est-elle toujours de la matière ? Non, certes puisque la vie se compte en unités, en identités, en individualités alors que la matière n’est qu’amas de particules. La matière est toute puissante mais, bien que ses bouleversements aient plusieurs fois déjà  anéantit la vie sur terre, celle-ci est réapparue. La vie est un défi à la force la plus puissante de l’univers, celle qui fait tourner les galaxies, la force de gravité*. Plantez une graine, elle va monter le plus droit possible.

(C’est aussi la force de gravité qui fait tourner autour du pot, à la mode de chez nous …)

La vie qui se sait vivre – la conscience, est-ce un autre miracle ou une lapalissade ?

L’univers sans la vie n’existerait pas car il n’aurait pas de but étant un espace mort. A partir du moment où il y a un univers, la vie doit advenir.

Cependant, la vie est une antithèse de la mort, et donc de la matière même dont elle est sortie. La vie ne devrait pas être. Comment concilier un volcan et un papillon ? Or, la vie est. A côté du volcan, sur le volcan, dans le volcan même. Et quand celui-ci explose, la vie disparait. Un temps. Mais aucun événement matériel ne saurait l’arrêter. C’est la matière qui disparaitrait si la vie se retirait d’elle.

La vie sort de la matière, elle est dans la matière, dirait-on, mais c’est l’inverse. La vie se sert de la matière pour apparaître, non pour être. La ‘vie matérielle’ est une apparition de la Vie, une apparition conjecturée à une époque, un environnement, un exemple limité et temporaire de ce que doit être la Vie, celle qui est illimitée car non actualisée matériellement, organiquement. La vie est un rythme et une mélodie imparfaitement reproduits dans l’univers.  

La matière a la flèche du temps, horizontale, la vie a celle du bien, verticale. La vie va vers plus de compréhension, plus de conscience, la vie au fur et à mesure de son avancée crée des liens, une histoire, un univers qui contient l’univers matériel et le dépasse infiniment ce qui explique que l’univers matériel soit infini lui-même et en expansion indéfinie.

L'avancée de la vie n'est pas prête de s'arrêter, et elle se fait, se fera avec ou sans l'homme ...


Mais, gardez-vous bien de l'adorer, la vie !  



"Ce n'est pas l'âme qui quitte le corps,
c'est le corps qui quitte l'âme"

Chaque créature vivante représente la vie. La vie qui est en elle, qui est son essence lui impose son but, son seul but : vivre, vivre et transmettre la vie. Ce but est la cause suprême de chaque existence, son moteur, son idée. C’est cette idée qui imprime une force, une identité, une unité à la créature vivante. Que cette idée vienne à disparaître, la vie cesse avec elle.

On ne vit pas parce qu’on nourrit son corps mais on nourrit son corps parce qu’on vit et que le fait de nourrir ‘la bête’ est une conséquence du principe de vie, principe absolu s’il en est. Ce n’est pas la matière qui fait la vie, c’est la vie qui fait la matière ou, autrement dit et contrairement aux apparences les plus ‘scientifiques’, la vie n’est pas née de la matière mais c’est elle, la matière, qui est née de cette vie qui lui préexiste et lui succède.

Vivre ! Ce but de toute créature est tout puissant. Quels que soient les actes de l’individu, aussi contraires à ce but puissent-ils paraître, crime, meurtre, suicide, ils sont tous motivés par l’impérieuse volonté de vivre. Rien n’existe en dehors de l’idée de la vie qui anime les corps et les esprits quoi qu’ils veuillent et fassent de contraire à cette loi universelle et intemporelle. Seulement, celui qui s’élève de concert avec le sentiment de vie non seulement progresse et fructifie alors que ceux qui marchent dans les voies de la mort s’abaissent et disparaissent.

Lumière ou ténèbres, éternité ou néant, tel est le choix pour l’homme qui a la liberté de choisir … la vie car, la liberté, la seule est de choisir la vie. On ne choisit pas la mort, on la subit.



« Ah! — reprit Salaûn, — sans cette foi profonde au progrès irrésistible de l'humanité, progrès aussi évident que la lumière, que serait donc l'homme ? Le jouet du hasard, une aveugle créature destinée à se consumer en efforts impuissants au milieu des ténèbres éternelles ! ... Non, non, tu n'as pas voulu cela, Dieu juste, tu as assigné un but sublime à la créature; son libre arbitre choisit la voie, lente ou prompte, facile ou laborieuse, pacifique ou sanglante; mais la volonté souveraine doit s'accomplir et s'accomplit ... »
Eugène Sue, Les mystères du peuple





2017/04/02

Matérialité Immatérielle





Qu’est-ce que la mort ? L’absence de vie, or, la vie est partout, même dans le vide. La mort est donc la fin d’une personnification individuelle, d’une incarna       tion unique du principe de vie, d’une actualisation.

Où est la vie ? Non dans les amas de matière, ni dans les forces qui les régissent mais dans les liens entre toutes choses. La vie véritable est invisible, elle qui constitue la trame de la réalité perçue, de l’existence apparente.

La réalité de l’existence est dans les liens qui dirigent matière et forces pour leur donner un sens. Matière et forces, énergie, n’ont pas d’existence propre. L’univers dans son infinie complexité n’est qu’un substrat, une illusion faite réalité apparente. La réalité réelle est dans l’idée qui préside au déploiement de la matière et dans les liens qui existent entre les différentes entités vivantes car, l’expérience de la vie dans l’univers matériel est celle de ces liens, de leurs naissances et de leurs évolutions.

De la même façon que les atomes qui forment des molécules et des corps inertes ou animés ont tous entre eux des ramifications innombrables, les liens entre les entités vivantes forment un réseau incalculable de relations qui sont la substance d’un univers invisible qui, pour n’être pas apparent n’en est que bien plus réel que l’autre puisqu’il est en quelque sorte sa raison d’être, son but. Or, ce monde des liens qui forme un réseau entre les êtres vivants étant immatériel, il n’est pas soumis aux mêmes lois que les objets matériels bien qu’il paraisse en être une émanation aux yeux de certains.

Les lois qui gouvernent notre monde visible ne sont qu’une émanation du monde invisible des liens comme le prouve si clairement la physique quantique. C’est ainsi et non le contraire. Car, pour qu’une chose existe dans le monde visible, lois de la matière comprises, il faut qu’elle ait son rôle dans le monde invisible, qu’elle en soit une application, une fonction. En quelle que sorte, le monde matériel est la substance et le monde invisible l’essence. Une des différences entre les lois du monde matériel et celui des liens est que, les choses crées, les événements  matériels sont temporaires et transformables alors que les liens créés sont ineffaçables. Tels qu’ils ont été, tels seront-ils à jamais. Une autre différence est leur non-limitation matérielle. Le nombre de liens, leur complexité, leur évolution est sans limite.

Une conséquence de ces deux premières différences est que le monde des liens est infiniment plus riche, plus vaste que le monde d’apparence réelle. Une troisième différence est que, dans ce monde existe des choses qui ne sont pas dans l’autre. Rêves, désirs, souhaits, espoirs, visions sont des faits qui, sans être actualisés n’en ont pas moins été évoqués, créés dans la pensée, dans l’âme. Certes, ces évènements n’ont pas de destinée propre mais ils n’en sont pas moins liés, par leur origine et leur influence aux évènements matériels qui, de fait n’en expriment qu’une infime partie. Ce fait augmente d’autant la richesse de ce monde.

La matérialité est en quelque sorte la partie émergée de l’iceberg du monde total, et pas la plus réelle. La partie immergée est le livre de la vie. Il contient tous les évènements connus et inconnus, toutes les relations entre les êtres, du premier au dernier, avérées ou ignorées.  L’histoire connue, notre histoire, celle de chacun et de tous ne représente qu’un grain de poussière dans la somme de liens enregistrés dans l’histoire de la vie. Car, il n’y a qu’une histoire, celle de la vie. Les autres sont comme des bulles de couleurs s’évaporant petit à petit. Seule la vie enfante, seule la vie féconde, seule la vie est.

Vous qui cherchez la vie éternelle … Ne cherchez plus ! Vous l’avez déjà ; 
cependant, s’il ne s’agit pas de la gagner encore faut-il ne pas la perdre.

L'idée à marteler est que, la naissance terrestre n'est pas le commencement de la vie mais son prolongement, sa continuation à travers le goulot de la matérialisation, de même que la mort n'est pas la fin.

Or, durant cette vie matérielle, chaque fois que vous créez un lien, vous créez une nouvelle réalité qui, si elle s'accorde avec la nature essentielle de la vie, son essence qui est l'amour, le bonheur, vous augmentez, vous enrichissez cette vie, la votre et la vie entière. Malheur à ceux qui créent des liens destructeurs car ceux-ci diminuent, amoindrissent leur vie propre et la vie dans son ensemble.



L'homme 'Enculturé'




L’homme est beaucoup plus ce que la culture le fait devenir que ce que la nature l’a créé pour être. Ainsi, quand on rencontre un autre que soi, on croit avoir affaire à un de ses semblables alors que c’est un étranger. Proche en apparence, lointain en réalité. Lointain dans l’orgueil de la place que chacun croit détenir après s’être longtemps formé aux labyrinthes sociaux-culturels en cours. Lointain par les méandres dont chaque homme a torturé son esprit pour devenir un être unique, original dans une société de clones … illusion !

L’homme est unique par nature. La culture uniformise, qu’on la prenne par la grande porte ou à rebrousse-poil. La culture endeuille les instincts et l’homme ‘enculturé’ devient un étranger non seulement aux autres mais à lui-même. N’étant plus un homme mais un personnage, il se croit obligé d’être aussi un roi, un chef, un apôtre, un sbire, un capo, un tyran, un guerrier, un bourgeois, un propriétaire, enfin, un rouage du système dont il s’est fait le chantre. Le théâtre est au coin du trottoir. L’illustre Molière a pris ses modèles autour de lui.

Quand vous croyez avoir devant vous un individu avec du cœur, du raisonnement, de la droiture … vous n’avez que l’image de ce qu’il pourrait être car les hommes sont des machines à servir leur identité culturelle, des robots qui défendent la société nourricière contre leur propre nature, et la vôtre, envers et contre tout. Ces individus défendent par exemple le lait en poudre contre l’allaitement, les riches contre les pauvres, soient-ils pauvres eux-mêmes car leur propre image est sur la boite et non dans leur peau. Vous avez dit Zombie ?

Ces hommes n’ont pas d’histoire car leur propre histoire est celle du groupe, de la caste, du gouvernement, du journal de vingt heures. Leur existence est une appropriation de principes collectifs, d’étiquettes culturelles, de réflexes stéréotypés afin de représenter un type connu, une image légitimée de la représentation sociale, un Harpagon ou un Alceste, un Don Juan ou un Schwarzenegger, bref, un costume, un masque, un rôle, bon ou mauvais, peu importe. L’important est de figurer, de faire figure dans le drame social afin de voir dans le miroir un type, une pose, un personnage, une valeur, une vanité des vanités, un veau d’or.

Une autre conséquence de l’enculturation, pas si bof ce néologisme quoique probablement déjà décoré en œuf de pâques, c’est que l’homme perd définitivement son état de nature, par choix, et de fait, tout ce qui le lie malgré lui à la nature devient une charge pour sa prétendue royauté. Non que je me réclame de Rousseau mais au contraire, la nature bien apprise doit être pour l’homme le point de départ de sa société. Que nous apprend  la nature ? Déjà, que les plus belles choses sont souvent les plus fragiles, les plus éphémères, un papillon, un pétale, un sourire, et que la patience, la délicatesse, la précision, le courage sont des vertus naturelles, comme la joie, l’amour, la gentillesse … La vie.


Non, ce n’est pas la société qui fait l’homme mais l’homme qui doit faire la société à son image, naturelle !! L’héritage à léguer ne consiste pas en diamants,  en lois, en règlements, en traditions, en terrains, en chaines, fussent-elles d’or, mais en valeur humaine, en loyauté, en tendresse, en douceur, en noblesse, en honnêteté. Le terreau à ensemencer est celui de l’homme naturel, non celui de l’esclave social. Les oranges ne mentent pas. Un pépin d’orange donne un oranger. Une graine d’homme doit donner un homme, pas un serviteur de lois, un amasseur de matière, un répétiteur de ‘bonnes leçons’, un automate passant sa vie à courir après la médaille du meilleur robot. Prisonnier de son héritage culturel et séparé de la nature par vanité de se croire supérieur à elle, l’homme est devenu un étranger à sa propre nature … humaine. Notez, ce n’est pas que la culture soit mauvaise en soi, mais elle doit avoir de bonnes racines sous peine d’être ce qu’elle a toujours été, un doux poison.


Il est si facile de faire le mal … Il est si facile d’être ce qu’on n’est pas !
Le mal attire parce qu’il singe la vie, qu’il prétend être la vie


(nb: L’homme vulgaire a deux désirs : s’établir et gérer son bien, c’est-à-dire, avoir une maison ou un commerce, et des serviteurs dont le premier est sa femme. Car, ce qui importe le plus au monde à cet individu le plus représenté de l’espèce humaine, c’est d’avoir des habitudes. On n’est vraiment soi-même que si l’on a des habitudes, ce qui n’est pas faux en soi si celles-ci sont bonnes mais, les habitudes de l’homme vulgaire, riche ou non d’ailleurs, haut placé ou non, ces habitudes qui sont celles des Princes, et bien ce sont tout simplement des habitudes de plomberie dorée, métaphoriquement parlant. Or, on ne peut avoir de ces ‘saines’ habitudes que si on est propriétaire, et à son aise. En effet, il n’y a que l’habitude qui entraine sans coup férir la sécurité et la satiété et, tout le monde le sait, le bonheur est un Bouddha. Savoir qu’on pourra faire demain ce qu’on a fait aujourd’hui … Quel rêve !


Alors, laissez-moi vous dire ce que c'est que l'Habitude. L'Habitude émousse les émotions, l'Habitude écarte les surprises, l'habitude endort, enterre même, c'est le psychotrope le plus puissant de la création. Lisez-donc ce petit extrait de Ponson du Terrail:


"Tandis qu'on transportait, ce même matin-là, le citoyen Paul évanoui dans l'officine d'un apothicaire du voisinage, le père Bibi s'était prudemment esquivé, après qu'un bourgeois de son quartier, lui frappant sur l'épaule, lui eut dit avec un sourire moqueur : « Farceur ! Vous nous direz encore que vous n'êtes pas de la police! »

La foudre tombant sur sa tête, un abîme s'ouvrant sous ses pas, eussent moins terrifié le citoyen Bibi que ces simples paroles. Quoi ! Depuis vingt ans cet homme, un des plus habiles limiers de la police, était parvenu à se faire une réputation de bourgeois inoffensif. Quoi ! La rue Montorgueil, celle du Petit-Carreau et toutes les rues avoisinantes étaient persuadées que Bibi pleurait encore la boulangère et  un homme viendrait qui dirait : « Celui que vous preniez pour un honnête et paisible rentier, n'est qu'un vil délateur, un espion infâme qui livre les femmes et les filles à l'échafaud ! »

Bibi se disait tout cela en courant à toutes jambes dans la direction des Halles. Certes, il ne songeait plus ni à son ami le citoyen Paul, ni à la fille de ce dernier, victime de sa maladresse et qui allait périr, ni aux moyens de la sauver. Non, Bibi ne songeait plus qu'à lui-même. Il se voyait hué, chassé, massacré peut-être par une foule furieuse. Adieu sa partie de dominos, et son café de petits rentiers, et son restaurant modeste où il dînait si bien pour une livre dix sols, et son petit appartement dans lequel il avait passé vingt ans !

C'est chose bizarre que les coquins tiennent si fort à la considération. On eût nommé Bibi chef de la police secrète qu'il n'eût pas accepté. Bibi voulait bien être de la police, mais il tenait à sa petite réputation."


"L'homme est toujours plus flatté de posséder un talent qu'une simple qualité morale"
Ponson du Terrail




MANIFESTE POUR UN MONDE MEILLEUR

Je suis un Communiste …

Communiste avec pour étymologie commune et non commun, le mot commune désignant une assemblée locale de familles constituée en village autonome et indépendant.

La gestion de la société doit se faire à l’échelon local, communal 
et s’étendre régionalement au besoin.



En vrac …

1.       Supprimer les états, les gouvernements, les partis politiques, les organisations nationales et supranationales

2.       Supprimer les armées et les armes

3.       Abolir le profit du à l’argent

4.       Etablir la commune comme base et fin du regroupement des populations

5.       Créer des régions pour l’entretien et le développement des infrastructures  (transports, hôpitaux, patrimoine, éducation, énergie, télécommunications, recherche scientifique …)

6.       Limitation de la propriété foncière selon les besoins considérant que chaque famille doit pouvoir disposer d’une parcelle de terrain pour y établir son habitation et ses activités

7.       Dévalorisation considérable de la valeur des biens de consommation afin de créer une monnaie universelle fondée sur la valeur du travail horaire sans distinction de métiers

8.       Transformer l’éducation de fond en comble (programmes, horaires, séparation h/f partielle), supprimer son obligation de manière à redonner leur autorité et leur responsabilité aux familles ainsi que le désir de réussir conformément à leurs aspirations aux enfants

9.       Démantèlement des agglomérations urbaines et création d’une multitude de villages

10.   Réduction drastique des transports d’hommes, de marchandises et d’argent liés aux besoins dus au développement technologique et aux impératifs de production et de distribution du capitalisme et de l’enrichissement des sociétés industrielles et commerciales au capital valorisé.

11.   Fourniture de technologie et de formation aux « pays nécessiteux », machines, énergie et savoir-faire (formation données dans les « pays riches » et complétée sur place, usines et infrastructure à créer dans les « pays pauvres » en coopération avec les « pays riches »)

12.   La nouvelle monnaie basée sur une unité de temps de travail ne sera pas valorisée par de l’argent mais par des comptes de crédit/débit

13.   Justice et police doivent être uniquement locales tout en ayant la possibilité de coordonner leurs actions avec d’autres communes concernées

14.   Recréer des emplois et des formations délaissés par le progrès technologique

15.   Substituer à la médecine chimique une médecine naturelle et préventive basée sur les produits naturels

16.   Enseigner aux enfants dès leur plus jeune âge, en collaboration avec les familles les règles de vie saine en hygiène, alimentation, exercice physique, soleil, principes médicaux de base …

17.   Chaque commune ayant un excédent budgétaire le tiendra à la disposition d’autres communes présentant un déficit avec une gestion régionale et en sus un dispositif d’aide inter-régional

18.    …


"Tout homme, convenais-je, doit se créer sans doute un caractère par l'éducation ; mais il faut qu'il en pose les bases sur celui que lui a donné la nature."
Las Cases, Mémorial de Ste Hélène