2021/11/20

Jules Lermina

 


Dans la grande lignée des Hommes de Bien, d'Etienne de la Boétie à Henri Georges, contemporain de Georges Darien, Lermina ne fut pas seulement un auteur de roman hors pair mais un penseur qui a déchiffré les racines du mal inhérent à l'humanité et qui a expliqué in extenso l'attitude à adopter pour s'affranchir du fardeau de millénaires de préjugés morbides.

Lermina a osé écrire la suite du Comte de Monte-Christo, cette oeuvre magnifique d'Alexandre Dumas, et cette suite, le fils de Monte-Christo égale en originalité et en puissance l'oeuvre du maitre. Mais, ce que nous avons à retenir de lui sont ici ses oeuvres 'sociales' dont A Messieurs les propriétaires ... Plus de loyers est la pratique et L'ABC du Libertaire la théorie.



extraits (février 1906):


 

 

L’A. B. C. du Libertaire

 

Mon jeune Camarade, tu m’as demandé, non sans quelque intention ironique, de t’expliquer ce qu’est, ou plutôt ce que doit être un libertaire ; te sachant de bonne volonté, quoiqu’avec une tendance atavique à railler ce que tu n’as pas encore compris, je vais tenter de satisfaire ta curiosité. Seulement garde toi de croire que je me pose, vis à vis de loi, en docteur ou en prophète ; et, dès le premier moment, prépare-toi non à accepter mes affirmations comme des dogmes contre lesquels rien ne prévaut, mais au contraire à les discuter, à les passer au crible de ta propre raison et à ne les admettre comme vérités que lorsque tu te seras convaincu, par tes propres lumières, qu’elles ont droit à ce titre. 

Il n’est d’éducation sérieuse et profonde que celle qu’on se donne à soi-même. Chacun doit être son propre maître et la mission de ceux qui croient savoir est non pas d’imposer leurs opinions, mais de proposer à autrui, avec arguments raisonnés, les idées-germes qui doivent fructifier dans son propre cerveau. Tout d’abord, remarque ceci : toutes les fois qu’un homme parle de bonheur universel, de bien-être général, de.joie mondiale et de paix terrestre, un cri s’élève contre lui, fait de colère et de mépris.

 

D’où vient cet importun, ce fou, qui croit à la possibilité du bonheur ! A quel titre se permet-il de réprouver la lutte féroce des hommes les uns contre les autres ? Le bien est une utopie, il n’est de réalité que le mal et le devoir de tout être raisonnable est d’aggraver le mal en livrant tous les biens terrestres à la concurrence, à la bataille, et en appelant à son aide la brutalité et la mort. Non seulement celui qui veut l’humanité heureuse est taxé de folie, mais bien vile on le qualifie de criminel, d’être essentiellement dangereux, on le poursuit, on le traque et, si l’on peut, on le tue. 

Donc, mon jeune Camarade, commence par t’interroger, demande-toi si tu te sens prêt à subir toutes les avanies, toutes les persécutions, sans to décourager et sans reculer. Sache bien que pour vouloir le bonheur d’autrui, tu seras traité en ennemi, en paria, tu seras mis au ban de toutes les civilisations, lu seras chassé de frontière en frontière jusqu’au moment où des exaspérés t’abattront comme bêle puante.

 

Si au contraire tu suis les errements ordinaires, si, t’emparant de toutes les- arrhes matérielles et immorales que la civilisation a forgées, tu le jettes résolument dans la vie dite normale, si tu essaies d’écraser les autres pour te faire un piédestal de leurs corps, si tu parviens à ruiner, à affamer le plus d’êtres humains possibles pour te constituer de leurs dépouilles une fortune opulente, si tu prends pour objectif glorieux la guerre des hommes contre les hommes, s' tu rêves victoire, gloire et domination, si tu rejettes tout scrupule, tout enseignement de conscience, si lu pars de ce principe : « Chacun pour soi ! » et que tu le développes jusqu’à parfaites conclusions... Alors tu deviendras riche — en face de la misère des autres — puissant par l’abaissement et l’humiliation de tes congénères, lu jouiras de leurs souffrances et vivras de leur mort, tu collectionneras les titres, les privilèges, tu te chamarreras de décorations et les complices te feront de splendides funérailles... 

Seulement tu seras un égoïste, un méchant, un véritable criminel... Justement, le contraire de ce qu’est et ce que doit être un libertaire. 

Car le libertaire est un juste, c’est-à-dire un homme qui est au-dessus et en dehors de la Société, qui ne se paie pas des mots mensongers d’honneur et de vertu, banalités qu’inventèrent les civilisés pour dissimuler leurs lares et leurs vices, qui renie tous les faux enseignements des philosophes menteurs et des théoriciens hypocrites, qui n’accepte aucun compromis, aucun marché, aucune concession, qui en un mot veut la justice, la seule justice, pour lui-même et pour tous, contre tous et contre lui-même. Défie-toi de toi-même, Camarade.

Voici pourquoi. Tu es venu sur cette terre avec les instincts de l’animalité dont tu procèdes ; tu descends d’êtres brutaux, ignorants, violents et ton atavisme est fait de brutalité. Chez ceux qui se croient les meilleurs, le fond est mauvais, d’abord parce que l’homme est un

 

Mais aie toujours présente à la pensée celte vérité (pie nul ne peut être complètement heureux tant qu’il existe un sent être malheureux. C’est l’un de ces préceptes qui provoquent les haussements d’épaules des philosophes sociaux; il semble que le bonheur individuel suffise à satis faire toutes les aspirations humaines. Meurent les autres, pourvu que je vive. Le raisonnement est à la fois inique et absurde. Le malheur des uns constitue toujours un danger et, une menace pour les autres ; une situation déséquilibrée est génératrice de réaction et l’être le plus profondément, le plus insolemment égoïste doit compter avec les revanches possibles et les retours offensifs des déshérités. 

D’où une perpétuelle inquiétude, une sensation d’instabilité qui gâte la jouissance... Sans parler du sentiment de compassion dont on cherche à se défendre par la charité mais qui subsiste au fond des consciences les plus fermées en apparence aux émotions généreuses. En réalité, dans l’état social actuel, nul ne peut en parfaite sincérité, se tenir pour sûr du lendemain ; la lutte quotidienne produit de terribles jeux de bascule et les plus hauts placés sont à la merci des chutes les plus profondes. Le libertaire veut un état social où l’envie, la jalousie, les pensées de reprise n’aient plus de place, c’est-à-dire où tous, vivant dans la plénitude de leur liberté, dans l’épanouissement total de leurs facultés, dans la satisfaction intégrale de leurs besoins, n’aient plus à se disputer les uns aux autres les moyens de vivre. 

Ne t’arrête ni à l’autorité de la tradition ni à la prétendue valeur d’un mot ou d’un nom. Prends le dogme et regarde-le de près ; et toujours tu le verras s’amoindrir, s’effriter comme une pelotte de neige que pressent les doigts d’un enfant.

 

 

L’égalité existe entre les hommes, au point de départ, c’est-à-dire que tous les hommes viennent sur la terre avec la volonté de vivre, avec des besoins matériels et moraux qui sont égaux en principe : l’homme qui a faim est l’égal de l’homme qui a faim. Les nécessités primordiales de l’existence sont les mêmes, et il y a égalité parfaite et complète dans cette formule indiscutable : — Tous les hommes, sans exception, ont la volonté et le droit de satisfaire leurs besoins et d’utiliser leurs facultés, physiques et morales. La mesure individuelle de ces besoins et de ces facultés est accessoire.

 

Le fait mathématique, la volonté et le droit de vivre, est égal pour tous. En cela et en cela seul consiste vraiment l’égalité, et c’est elle qui doit être respectée par l’exercice, appartenant à tous, de ce droit de vivre. 

Ici, Camarade, tu trouves sous tes pieds un terrain solide : fils de la nature, tu as comme tous tes congénères, ni plus ni moins, mais autant qu’eux le droit de vivre et ce droit nul ne peut t’empêcher — ni empêcher autrui — de l’exercer. Or d’où peuvent te venir les moyens de vivre, sinon de la terre. Donc la terre est à toi, comme à tous tes semblables. 

La faculté de l’exploiter et d’en tirer subsistance est inhérente à ton être, et, nul n’a droit de la supprimer. Donc quiconque s’approprie une partie de cet instrument collectif de travail qu’est la terre com met un acte contraire au principe humain, donc la propriété, c’est-à-dire la mainmise de qui que ce soit sur une portion de terre, est un vol commis au préjudice de la collectivité. Et voici que la propriété — sacro-sainte — t’apparait avec son véritable caractère d’accaparement et de spoliation, voici que ce dogme intangible se révèle en son évidence de brutalité et de crime antisocial.

 

La terre est l’instrument de travail — c’est-à-dire de vie — de tous les hommes. Quiconque se l’approprie vole l’humanité, et quand il prétend donner à ce vol la sanction de la perpétuité, il commet un acte à la fois si illogique et si monstrueux qu’on s’étonne à bon droit qu’il ait pu être per pétré. Mais pour autoriser, pour éterniser cette iniquité, la Société, depuis des siècles, a créé celte autre iniquité, l’autorité, c’est-à-dire l’appel à la force contre le droit, le recours à la violence contre les justes revendications. 

En s’appuyant sur l’idée de Dieu, créateur et propriétaire universel elle a imaginé, par un habile procédé d’escroquerie, la concession faite par cette puissance mystérieuse au profit de quelques-uns de la terre divisée en parcelles, et, de cette injustice première, toutes les injustices ont découlé. Donc, Camarade, nie la propriété du sol comme tu as nié Dieu, comme tu vas nier tout à l’heure__ toutes les fantaisies criminelles et persécutrices dont la propriété est la source.

 

Par la propriété, la liberté a disparu, depuis le droit d’aller et de venir arrêté par des murs et des barrières que défendent des gendarmes et des magistrats, jusqu’à la liberté du travail, le propriétaire étant maître de laisser ses terres en friche et de refuser à quiconque la faculté d’en extraire les éléments nécessaires à l’existence. La propriété n’est pas seulement le vol, elle est le meurtre, car c’est d’elle que procède l’exploitation de l’homme par l’homme, le droit mensonger du possédant à ne concéder le droit au travail qu’à son profit, en échange d’un salaire dérisoire ; elle est la créatrice du prolétariat, la faiseuse de misère, la manifestation atroce et cruelle de l’égoïsme, de l’avidité et du vice, elle est la grande tueuse d’hommes. 

La propriété est le meurtre, car c’est en vertu de ce droit prétendu, appuyé uniquement sur la spoliation, sur la conquête et par conséquent sur la force, que des groupes d’hommes se sont déclarés seuls jouisseurs d’une portion plus ou moins vaste du sol, s’en sont prétendus les maîtres absolus, élevant entre leurs territoires respectifs des barrières sous le nom de frontières, et ont créé chez ces groupes, décorés du nom de nations, des sentiments de haine, de rivalité qui se traduisent perpétuellement par les pires violences, assassinats en nombre, incendies, viols et autres manifestations de la bestialité humaine.

C’est le mensonge : car, alors qu’il est inscrit dans les constitutions particularistes que nous subissons que le droit de propriété est sacré et que nul n’en peut être privé, des millions d’hommes sont dépouillés de leur droit à la terre, au profit des élus propriétaires.

 

La propriété est l’expression de l’égoïsme à sa plus haute puissance : c’est l’usurpation brutale du bien de tous, de la terre qui appartient h la collectivité et sous aucun prétexte légitime ne peut être féodalisée au profit de quelques-uns. C’est d’elle que naissent toutes les injustices, tous les crimes, tous les forfaits dont l’histoire s’ensanglanté... Elle se perpétue par l’héritage qui n’est que la continuation dans le temps d’une première iniquité commise.

 

La propriété a double forme, elle s’impose encore sous le nom de capital, et le capital est comme la propriété le vol, le meurtre et l’injustice. La terre appartenant à l'humanité toute entière, à la collectivité, aussi à l’humanité et à la collectivité appartiennent ses produits. C’est l’humanité, la collectivité qui mettent en valeur l’instrument terrestre que nous tenons de la nature, et le produit du travail nécessaire, général et collectif, appartient à tous les hommes, sans individualisation possible. Sur les ressources — richesses de toute nature — que fait jaillir du sol le travail humain, tous les hommes ont un droit équivalent, pour la satisfaction aussi complète que possible de leurs besoins matériels et moraux. Tu auras beaucoup entendu parler, mon Cama rade, de la prise au tas et de bon' bourgeois se seront esclaffés devant celte expression quelque peu vulgaire.

 

Il faut que le tas — collectif — des richesses produites soit assez considérable pour que tous y trouvent leur part légitime. Or que se passe-t-il aujourd’hui ? Des gens, s’appuyant sur ce droit de propriété et sur la constitution illégitime d’un capital, amassent pour eux — des tas — dans lesquels ils puisent au gré de leurs caprices, tandis que des millions d’hommes sont dénués, de tout. Us sont entourés d’une horde de parasites qui repoussent, à coups de lois et à coups de fusil, ceux qui, mourant de faim, font mine de toucher à ces provendes monstrueuses.

Ces capitalistes s’arrogent le droit de laisser pourrir des denrées — c’est leur pouvoir absolu — alors que des centaines d’hommes en vivraient ; ils sont les rois, ils sont les maîtres, leur caprice est souverain, ils peuvent, quand ils le veulent, à l’heure choisie par eux, déchaîner la misère et la famine sur la collectivité. Ce sont des propriétaires qui, de par des coutumes admises appuyées sur la force, décident de la vie ou de la mort des masses prolétariennes. On a voulu nier que ce fussent les capitalistes et eux seuls qui déchaînent la guerre : quel intérêt eût le peuple allemand h la guerre de 1870 ?

 

La victoire a augmenté ce qu’on appelle les forces industrielles du pays, c’est-à-dire que se sont constitués un plus grand nombre de groupes capitalistes, fondant d’immenses ateliers, des docks, des usines où les matières nécessaires à la vie, pour ne parler que de celles-là, sont l’objet do tripotages commerciaux qui en décuplent le prix et en rendent l’usage impossible aux prolétaires, parce que l’usinier, le grand industriel, loin de travailler pour la collectivité, ne songe qu’à s’enrichir lui-même —lui et ses actionnaires — au détriment des consommateurs, c’est-à-dire de la grande masse. Ces entreprises, nous dit-on, fournissent du travail à des millions d’ouvriers : c’est réel, seulement ce travail môme auquel on est forcé d’avoir recours donne lieu à une rémunération calculée si avarement que l’ouvrier y trouve à peine de quoi ne pas mourir. Que lui importe la prospérité d’un pays qui. ne se traduit que par des pauvre, misérable et sacrifié ?

  

Qu’il se révolte, qu’il s’empare des matières premières, des usines, qu’il les emploie au bénéfice de la collectivité, c’est la justice. Mais la propriété, mais le capital ont de longue date pris leurs précautions. Donnant au groupement des propriétés le nom de patrie, ils ont su inspirer à la foule une sorte de religieuse passion pour une entité invisible qu’ils abritent sous un symbole ridicule, le drapeau. Le troupeau humain, bête et sentimental, abruti depuis des siècles par l’idée de providence et de droits acquis, s’est laissé prendre à cette fantasmagorie de mensonges, et il admire les armées brillantes, bruyantes, violentes, qui ont pour mission de défendre les propriétés et les capitaux des accapareurs contre d’autres accapareurs non moins déshonnêtes qu’eux-mêmes. 

On invoque pour justifier l’idée de patrie et l’existence des armées la nécessité de la défense légitime : le raisonnement serait juste si les masses prolétariennes étaient appelées au service militaire pour défendre un bien-être acquis et satis faisant. Mais en est-il ainsi ? Que telle nation en écrase une autre, le régime propriétaire et capitaliste en sera-t-il modifié, et la collectivité recouvrera-t-elle ses droits confisqués par les individus ? Point.

 

Victorieuse ou vaincue, toute nation reste soumise au joug de l’exploitation capitaliste, et les arcs de triomphe qu’élèvent les satisfaits ne sont pour la masse que les portes de l’enfer capitaliste. Seule, la guerre sociale est juste. Comprends bien, Camarade, je dis sociale — et non civile — parce que la lutte de la justice contre l’iniquité ne se renferme pas dans les limites d’un territoire défini : les exploités du capital — à quelque nation qu’ils appartiennent — sont les adversaires des capitalistes de toutes les nations, sans exception. 

La guerre qui a pour but la propriété d’une ville, d’une province, d’un royaume est inique ; est juste la guerre qui a pour but l’abolition des privilèges, des exploitations et des spéculations, la reprise de la terre et de ses produits pour la collectivité. Des alliances peuvent et doivent être conclues entre les exploités de tous les pays — sans souci du nom géographique dont on les affuble — pour jeter bas l’immense et formidable Bastille qui, sous des milliers de formes diverses, symbolise la puissance propriétaire ; la patrie du travailleur est partout où le droit règne, elle n’est pas là où l’iniquité est toute-puissante. Il ne s’agit plus ici d’un territoire quelconque ; la patrie a une signification plus haute et profondément humaine.

 

Car la patrie de l’homme, c’est la terre toute entière et elle sera digne de ce titre, c’est-à-dire paternelle à tous, quand, à la suite d’efforts dont le succès ne rentre pas, quoi qu’on en ait dit, dans' le domaine des utopies, la terre toute entière sera régie par la justice.

 

"On te dira encore, Camarade, que tel pays est plus digne que tel autre d’être défendu parce que déjà on y a conquis de vaines libertés politiques qui sont des instruments de progrès, ne te laisse pas troubler par les grands mots. De par l’organisation propriétaire et capitaliste, les libertés sont employées contre la masse comme outil d’asservissement, et l’habileté des maîtres est telle qu’ils savent défigurer les' choses et les mots pour leur attribuer une signification favorable uniquement à leurs intérêts. Le suffrage universel ! Est-ce que tu peux lui proposer le seul problème dont la solution te touche, la reprise de la propriété et l’abolition du capitalisme ? 

Défie-toi de tous ces vocables ronflants : syndicalisme, retraites ouvrières, fixation des heures de travail. En tout cela, il n’y a que des palliatifs, destinés à laisser subsister la grande iniquité sociale. Syndicats — groupements des ouvriers qui dé fendent leurs intérêts contre les patrons— pour quoi des patrons ? Pourquoi des parasites ? Un seul syndicat, la collectivité travailleuse par elle-même et pour elle-même. Les retraites ouvrières ! C’est l’os qu’on jette aux travailleurs pour que, satisfaits de ne plus mourir d’épuisement et de misère, ils acceptent de, pendant toute leur vie, rester à l’état d’esclaves attachés à la glèbe industrielle. Pas de retraites, mais la répartition équitable et légitime de toutes les ressources terrestres entre ceux qui les produisent.

 

Peut-être, Camarade, qui veux travailler au pro grès, es-tu surpris de cette franchise. Tu dis que ce qui est acquis est acquis, et que la diminution de souffrance n’est pas à dédaigner. D’accord, mais n’oublie pas que le libertaire conscient a une mission plus large; assez d’autres opportunistes, qui ont intérêt à la perpétuation de l’état social actuel, sont tout prêts à servir inconsciemment de complices à la malice des ‘politicailleurs’. Tu dois voir de plus haut et plus loin.

 

 

La propriété crée l’assassinat : te grand indus triel est un dévoreur d’hommes, et il se soucie de leur vie comme de leurs revendications. Dans les hauts-fourneaux, dans les mines, le bétail humain peine et meurt ; et chaque goutte de sueur qui tombe, chaque goutte de sang qui coule est par lui monnayée et entassée dans ses coffres. Elle crée l’assassinat : car à qui lui prend sa vie, le sacrifié rêve de lui prendre la sienne. C’est la propriété, c’est le capital qui ont assassiné le malheureux Watrin, c’est l’égoïsme et la férocité capitalistes qui ont chargé les fusils de Fourmies et de Limoges ; et les soldats tueurs ne sont que les exécuteurs des décrets de mort rendus par le capital. 

Supprimer la propriété individuelle, c’est régénérer l’humanité, c’est rendre impossibles — parce qu’inutiles — toutes les révoltes dont les manifestations sont qualifiées de crimes : vols et meurtres. Le jour où, la propriété étant collective, tout sera à tous, pourquoi voler autrui, puisque c’est se voler -soi-même ? Pourquoi exercer une reprise individuelle par la violence, meurtre ou assassinat, puisque celte reprise s’exercerait sur son propre bien ? Pourquoi envier autrui, puisque les ressources individuelles étant-à la disposition de tous, il suffira de vouloir pour avoir ?

 

Et n’oublie pas, Camarade, que ces désirs, ces passions dont l’explosion est au principe de tous les crimes, sont réellement créés, développés, entretenus par l’état do privation qui résulte pour la majorité de l’organisation propriétaire de la Société. Suppose que tes besoins soient légitimement satisfaits, que tu aies — comme on dit — ton compte, crois-tu que ne diminueraient pas en toi ces appétits, parfois excessifs, que crée la souffrance de la perpétuelle pénurie ? Celui qui n’a pas faim, qui ne subit pas l’angoisse quotidienne du lendemain, celui qui est, entouré, non point de luxe — on y viendrait plus tard — mais du confortable relatif sans lequel la vie est un supplice, celui-là n’est plus un envieux, ni un haineux. Il jouit de la vie et est heureux que les autres en jouissent comme lui,

La propriété crée la dépravation ; ceci peut te paraître étrange, parce que tu n’as peut-être jamais réfléchi que l’amour est gangrené jusqu’au fond par le sentiment propriétaire. L’orientation générale des idées est faussée à ce point que la Société a inventé tout un code — de lois ou d’usages — en vertu duquel l’être humain n’est plus maître de lui-même, de son corps, de ses désirs.

 

L’homme, affolé par le virus propriétaire, en est arrivé à ce degré d’erreur qu’il admet le droit de propriété d’un être sur un autre être, de l’homme sur la femme, de la femme sur l'homme ; et la Société défend l’union de ces deux êtres si n’est intervenu un pacte de vente et d’-achat, qu’elle appelle contrat de mariage. Et de ceux qui l’ont signé, chacun devient le propriétaire de l’autre, avec interdiction sous peine do prison — et même de mort — contre celui qui prétend rester maître de sa personne, de sa chair, de son cœur. En dehors même du mariage, l’amant s’affirme le maître de sa maîtresse et la tue si, lasse de lui, elle entend se donner à un autre ; la maîtresse poignarde ou défigure celui qui l’abandonne. 

La Société nouvelle, te dira-t-on, sera impuissante contre les crimes passionnels. Non, Camarade. Elle les atténuera, jusqu’au jour où ils disparaîtront tout à fait. Comment ? En proclamant le principe de la liberté dans l’amour comme dans les autres actes de la vie.




2021/10/30

 


SOLIDAIRES,  PAS  SOLITAIRES


Les Présidents sont toujours jeunes

  

« Le Roi est mort, vive le Roi ! »

Le nouveau roi est jeune, cependant, c’est un vieux roi.

Le nouveau président est vieux, cependant, c’est un nouveau président.

Un président est toujours un nouveau président alors qu’un nouveau roi est toujours un vieux roi.

On est toujours à la recherche d’un nouveau président, jamais à celle d’un nouveau roi.

La présidence est invariable dans sa perpétuelle nouveauté, la royauté est changeante dans sa perpétuelle ancienneté.

Le président est un être artificiel, un symbole de royauté, la royauté du peuple, de chacun, de personne ; le roi est un être naturel, une preuve vivante de la fragilité de l’homme quoique cet homme, le Roi, soit au sommet.

 

Les deux premiers tiers du règne de Louis XIV furent ceux du Roi Soleil, le dernier ne fut que celui de Louis le Grand.

Le résumé du changement intervenu peut se résumer ainsi : « Tartuffe passa de la scène à l’antichambre ». Louis le Grand était surnommé par la jeunesse aristocratique ‘la vieille machine’ ; alors, on n’allait plus à Versailles pour s’éblouir mais pour quémander.

Le Grand Roi s’appelait toujours Louis XIV et personne, à la ville ou aux champs, ne remettait en question sa grandeur, c’était un homme ! et l’époque dont nous parlons respectait l’homme, la famille et l’enfance, quoiqu’on dise. A tel point qu’on acceptait un gouvernement provisoire au nom de l’enfant-Roi, la Régence. La France était fière d’avoir un roi au berceau.

La famille était tout, malgré les débordements, les querelles, les crimes familiaux, qui n’existaient que, parce que justement, il n’y avait rien au-dessus de la famille, sauf le roi, le roi tour à tour enfant, homme et vieillard, et sa famille.

La révolution de 1789 n'a pas asssassiné que Louis XVI mais aussi et surtout la famille royale. Cependant, si l'avènement de la république avait pour but de supprimer la royauté, l'affaire fut manquée. Dès que la royauté n'appartint plus au roi, non seulement le peuple s'en couronna mais les arts, les  lettres, les sciences et les bouchers eurent leur large part de ses largesses.

Loin de moi l'idée de faire l'apologie de la royauté mais, en s'en prenant au symbole de la famille, les promoteurs des démocraties modernes savaient où ils poussaient les peuples: vers le néant, car pour l'humanité, la famille est tout;
 
la famille est le creuset de l'homme. 


Michel Zevaco

La marquise de Pompadour

 

"Le spectacle que présentait Paris tenait du rêve et du prodige : il est demeuré unique dans les fastes de la France. Les rues étaient noires d’une foule énorme, incalculable ; et l’aspect de cette foule était saisissant et ne ressemblait à aucun autre aspect de foule. 

Des fleuves d’hommes coulaient lentement et silencieusement vers des océans de peuple qui se formaient autour de chaque église. Un vaste murmure indistinct : on parlait bas, comme si Paris eût été la chambre d’un agonisant. Ici, là, un peu partout, de ce silence montait soudain un sanglot ; et, alors, comme à un signal funèbre, les lamentations éclataient, puis tout retombait au silence. 

Les portes de toutes les églises étaient ouvertes, et les foules qui n’avaient pu entrer s’agenouillaient dans la rue, sous une petite pluie fine.

Quelle catastrophe avait donc frappé ce peuple ? Quelle affreuse calamité le précipitait à cette crise de douleur, de larmes et de prières, qui demeure un des phénomènes les plus étonnants de l’histoire ? Quoi ! Chacune de ces familles avait-elle été visitée par la mort ? Quelle peste, quelle hécatombe ? Quoi, enfin ?

Le roi était malade !...

Qui pourra jamais mesurer les espérances que le peuple avait dû placer en Louis XV ! Ces espérances devaient être infinies comme ses misères, puisque sa douleur si vraie, si auguste et si touchante, éclata avec une telle force !

La déception devait être terrible. Elle porte un nom de tonnerre, et s’appelle : Quatre-vingt treize !

Mais à l’époque dont nous parlons, Paris en était encore à l’espérance. Et cette espérance souverainement naïve, cette espérance qui arrache au poète des larmes de compassion, qui stupéfie l’historien et déroute le philosophe, cette espérance d’une nation qui sortait à peine des tyrannies du grand règne et des orgies de la Régence, se traduisait par une douleur imposante à la seule annonce que Louis était malade."






2021/10/29

Communalisme

 


Aux cris de "La messe ou la mort", le 24 août 1572 à 2h30 du matin, le peuple de Paris s'engage dans une sorte d'hallucination collective qui lui fera assassiner en 72 heures quelques 3000 personnes, en majorité des Huguenots.

Le 18 mars 1871, le peuple de Paris qui souhaite continuer à se défendre contre l'invasion Allemande chasse Thiers et les représentants de la France qui ont signé l'armistice avec les envahisseurs. Mais, ne s'en tenant pas là, les hommes de la capitale du monde civilisé profitent de leur scission pour tenter de promouvoir un nouveau mode de gouvernement en opposition avec la centralisation de l'état qu'ils jugent responsable de capitulation invétérée aux puissances dominantes extérieures, politiques et économiques.

Il y avait en France des hommes qui n'avaient pas accepté le retour de la monarchie, ni les empires, des hommes qui comme Blanqui aimaient l'égalité devant le peuple, et non devant la loi. Ces hommes, républicains de fer, sont ceux qui ont présidé à l'avènement éphémère de la Commune de Paris, nouvel élan de la grande ville pour réaliser un espoir collectif, mais cette fois à l'opposé de la Saint Barthélemy.



eLcommunalisme désigne une forme d'organisation politique proche de certaines tendances d l'anarchisme, bien qu'étant née en dehors du mouvement, reposant sur une fédération de communes administrées dans le cadre de la démocratie directe. 

Dans son acception moderne, il fait essentiellement référence à l'organisation politique alternative au régime parlementaire proposée pour la France par les communes insurrectionnelles françaises en 1870-1871.

  

Le 20 avril 1871, la Commune publie son manifeste : 

Déclaration au peuple français 

Dans le conflit douloureux et terrible, qui impose une fois encore à Paris les horreurs du siège et du bombardement, qui fait couler le sang français, qui fait périr nos frères, nos femmes, nos enfants écrasés sous les obus et la mitraille, il est nécessaire que l’opinion publique ne soit pas divisée, que la conscience nationale ne soit point troublée. 

Il faut que Paris et le pays tout entier sachent quelle est la nature, la raison, le but de la révolution qui s’accomplit. Il faut enfin que la responsabilité des deuils, des souffrances et des malheurs, dont nous sommes les victimes, retombent sur ceux, qui, après avoir trahi la France et livré Paris à l’étranger, poursuivent avec une aveugle et cruelle obstination la ruine de la capitale, afin d’enterrer, dans le désastre de la république et de la liberté, le double témoignage de leur trahison et de leur crime.

 

La Commune a le devoir d’affirmer et de déterminer les aspirations et les vœux de la population de Paris ; de préciser le caractère du mouvement du 18 mars, incompris, inconnu et calomnié par les hommes politiques qui siègent à Versailles. 

Cette fois encore, Paris travaille et souffre pour la France entière, dont il prépare, par ses combats et ses sacrifices, la régénération intellectuelle, morale, administrative et économique, la gloire et la prospérité.

  

 ?Que demande-t-il  

La reconnaissance et la consolidation de la république, seule forme de gouvernement compatible avec les droits du peuple et le développement régulier et libre de la société ;

L’autonomie absolue de la Commune étendue à toutes les localités de la France, et assurant à chacune l’intégralité de ses droits, et à tout Français le plein exercice de ses facultés et de ses aptitudes, comme homme, citoyen et travailleur ;

L’autonomie de la Commune n’aura pour limites que le droit d’autonomie égal pour toutes les autres communes adhérentes au contrat, dont l’association doit assurer l’unité française ;

Les droits inhérents à la Commune son : Le vote du budget communal, recettes et dépenses ; la fixation et la répartition de l’impôt ; la direction des services locaux ; l’organisation de sa magistrature, de la police intérieure et de l’enseignement ; l’administration des biens appartenant à la Commune ; Le choix par l’élection ou le concours, avec la responsabilité et le droit permanent de contrôle et de révocation, des magistrats ou fonctionnaires communaux de tous ordres ; La garantie absolue de la liberté individuelle, de la liberté de conscience et de la liberté du travail ;

 

L’intervention permanente des citoyens dans les affaires communales par la libre manifestation de leurs idées, la libre défense de leurs intérêts : garanties données à ces manifestations par la Commune, seule chargée de surveiller et d’assurer le libre et juste exercice du droit de réunion et de publicité ; L’organisation de la défense urbaine et de la Garde nationale, qui élit ses chefs et veille seule au maintien de l’ordre dans la cité. 

aParis ne veut rien de plus à titre de garanties locales, à condition, bien entendu, de retrouver dans l grande administration centrale, délégation des communes fédérées, la réalisation et la pratique des mêmes principes.

Mais, à la faveur de son autonomie et profitant de sa liberté d’action, Paris se réserve d’opérer comme il l’entendra, chez lui, les réformes administratives et économiques que réclame sa population ; de créer des institutions propres à développer et propager l’instruction, la production, l’échange et le crédit ; à universaliser le pouvoir et la propriété, suivant les nécessités du moment, le vœu des intéressés et les données fournies par l’expérience.

  

Nos ennemis se trompent ou trompent le pays, quand ils accusent Paris de vouloir imposer sa volonté ou sa suprématie au reste de la nation, et de prétendre à une dictature qui serait un véritable attentat contre l’indépendance et la souveraineté des autres communes.

Ils se trompent ou trompent notre pays, quand ils accusent Paris de poursuivre la destruction de l’unité française, constituée par la Révolution, aux acclamations de nos pères, accourus à la fête de la Fédération de tous les points de la vieille France. 

L’unité, telle qu’elle nous a été imposée jusqu’à ce jour par l’empire, la monarchie et le parlementarisme, n’est que la centralisation despotique, inintelligente, arbitraire ou onéreuse. 

L’unité politique, telle que la veut Paris, c’est l’association volontaire de toutes les initiatives locales, le concours spontané et libre de toutes les énergies individuelles en vue d’un but commun, le bien-être, la liberté et la sécurité de tous. 

La révolution communale, commencée par l’initiative populaire du 18 mars, inaugure une ère nouvelle de politique expérimentale, positive et scientifique.

 

C'est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le prolétariat doit son servage ; la patrie, ses malheurs et ses désastres. 

Que cette chère et grande patrie, trompée par les mensonges et les calomnies, se rassure donc ! 

La lutte engagée entre Paris et Versailles est de celles qui ne peuvent se terminer par des compromissions illusoires ; l’issue n’en saurait être douteuse. La victoire poursuivie avec une indomptable énergie par la Garde nationale, restera à l’idée et au droit.

 

Nous en appelons à la France ! 

Avertie que Paris en armes possède autant de calme que de bravoure ; qu’il soutient l’ordre avec autant d’énergie que d’enthousiasme ; qu’il se sacrifie avec autant de raison que d’héroïsme ; qu’il ne s’est armé que par dévouement pour la liberté et la gloire de tous, que la France fasse cesser ce sanglant conflit ! 

C’est à la France à désarmer Versailles par la manifestation solennelle de son irrésistible volonté. 

Appelée à bénéficier de nos conquêtes, qu’elle se déclare solidaire de nos efforts ; qu’elle soit notre alliée dans ce combat, qui ne peut finir que par le triomphe de l’idée communale ou par la ruine de Paris ! 

Quant à nous, citoyens de Paris, nous avons la mission d’accomplir la révolution moderne, la plus large et la plus féconde de toutes celles qui ont illustré l’histoire. 

Nous avons le devoir de lutter et de vaincre !

Paris, le 19 avril 1871.

 

La Commune de Paris

Dès sa prise de fonction, le Comité décide de proroger les échéances des effets commerciaux ou des loyers, de suspendre la vente des objets déposés aux Monts-de-Piété de la capitale, et interdit l'expulsion des locataires, mesures sociales dont l'annulation par l'Assemblée nationale a en grande partie provoqué le soulèvement du 18 mars.

Également, il fait remettre en liberté tous les détenus politiques (nombreux après la répression qui a suivi les échecs des soulèvements du 31 octobre 1870 et du 22 janvier 1871.

La liberté de la presse est rétablie et les conseils de Guerre sont supprimés.

 

1851 Blanqui, 

"Qui a du fer a du pain... La France hérissée de travailleurs en armes, voilà l'avènement du socialisme.

En présence des prolétaires armés, obstacles, résistances, impossibilités, tout disparaîtra.

Mais pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d'arbres de la liberté, par des phrases sonores d'avocats, il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, encore de la mitraille, de la misère toujours. Que le peuple choisisse !"





2021/10/12

L'homme est allergique à ... Dieu

 


Je disais que la maladie humaine est de vouloir avoir raison envers et contre tout. Or, si l'homme veut avoir raison contre tous, bien plus veut-il avoir raison contre lui-même. Né bon, libre et aimant, l'homme se révolte contre cette nature qui ne lui permet pas de trouver sa place dans la société qui est, sinon tout le contraire du moins une infinité de petits contraires qui ne laissent place aux 'bons sentiments' que ce qu'il faut pour les coller en étiquette à nos pensées et à nos actions.


L'homme est en révolte contre Dieu, comme arbitre collectif mais combien plus contre sa conscience, l'arbitre individuel. Cela me paraît la raison essentielle de cette monomanie d'avoir raison. L'homme est un psychopate qui s'offre des chiens, des esclaves et des crimes tout en se mettant une couronne sur la tête. Qu'il assassine comme Caïn, qu'il vole où qu'il mente, qu'il trompe où qu'il séduise, c'est avec une croix à la main, une baïonnette au fusil, une fleur aux dents, une loi à l'âme, une raison, enfin, et la meilleure, celle de la raison, sa raison.


L'homme a institué comme valeur fondamentale de son espèce le droit d'avoir raison, d'être son propre maître. Quoiqu'il fasse, qui qu'il soit, la raison du plus fort est toujours la meilleure, dirait La Fontaine. Et, le plus fort est celui qui a raison, qui a réussi. Nul ne demande à la pièce d'or par quelles mains elle a passé. Il n'y a de réussite que sociale, celle-ci tient lieu de diplôme, de certification, de raison d'être. La raison est une déesse et la loi est son dieu. Rotschild le messager de l'un, le peuple de l'autre. Marianne par example, ou la Vierge Marie.


Ce n'est pas pour rien que l'Assemblée Constituante a parrainé la fête de la Déesse Raison et le culte de l'Etre Suprême. La loi qui garantit les droits les régit aussi sans partage car dans ces droits se trouve la propriété individuelle et collective de la terre, source numéro un d'inégalité, et de plus le droit au profit ... illimité. Censée protéger le tout, elle élève les puissants et finit par protèger la pièce d'or qui de puissante la fait tyrannique. 

Mais, voyez-vous, dans une république, 

le moindre citoyen peut dire ce que disait le roi: 

"La loi, c'est moi !".


J'ai plus de chagrin à voir un taureau couronné en guise d'enseigne d'un boucher, une couronne à la devanture d'un bar que de la tyrannie de la loi comme dit l'homme dans l'image en haut. Sans ce règne de "la raison qui a raison d'avoir raison", personne ne se mettrait des chaînes volontaires. 


soyez souverains !
'moi, moi, moi - toi, toi, toi',
"toi toi mon toi ..."


Rien ne changera jamais tant que l'homme n'acceptera pas comme un don de Dieu, ou de la vie le fait de lui devoir son identité universelle, antithèse de l'identité sociale dont il s'affuble grotesquement pour son malheur. Né libre et aimant, l'homme ne peut évoluer qu'en le reconnaissant et en ne s'attribuant pas des mérites, des prérogatives, des droits et des devoirs supérieurs à ceux de son origine. 


L'illusion dans laquelle se trouve l'humanité est d'autant plus profonde qu'elle est voulue inconsciemment, que cette illusion a amené le monde actuel dont rien pour celui qui y est né, dont rien ne peut lui faire supposer qu'il est son rocher de Sisyphe.


Ah Jonas ... Que n'avons-nous ta baleine pour nous remettre en droit chemin !!!


Constitution de 1791

"La loi est la norme fondamentale et suprême. 

Le Roi et tous les agents publics ne commandent désormais qu’au nom de la loi et toute l’organisation judiciaire, administrative et militaire est établie par la loi. 

Aucun domaine de la loi n’est prédéfini : l’Assemblée dispose d’une compétence universelle pour légiférer. En pratique ce domaine sera conçu de façon très étendue. L’Assemblée législative va régler jusque dans les détails toute l’organisation de l’État. 

De plus, l’Assemblée préconise par des « instructions » les conditions d’application de la loi."




L'homme préfère se donner un roi, une loi, 

si injustes soient-ils,

plutôt que de reconnaître

Dieu, 

et Dieu en soi.


Dieu dit à Samuel: 

« Cède à la voix de ce peuple, fais ce qu'ils te disent; ce n'est pas toi qu'ils rejettent, 

c'est moi-même, dont ils ne veulent plus pour leur roi. »

1 Samuel 8/7


Résultat des courses.

 
L'homme cherche à être dirigé afin de ne pas se diriger lui-même et d'échapperà première vue au contrôle du maître interne.

De même, l'homme cherche à se donner un maître pour échapper au sien propre. Et si on lui dit que ce maître est son représentant, son dévouement devient sans bornes. 

Dans les démocraties, ce maître est le représentant du peuple, dans les monarchies le représentant de Dieu. Dans les deux cas, la légitimité est autant établie que son absurdité. Dieu est le dieu des religions, religions qui n'ont jamais servi Dieu mais les hommes, Le peuple est le plus petit dénominateur commun d'un ensemble virtuel d'individus, le pain et les jeux.

Quoiqu'il en soit, les dieux des religions pour avoir cédé leur flambeaux aux peuples n'en ont pas moins transmit leur divination de comptoir, leur adoration d'idoles, leur obscurcissement de la vérité, de la vie, de l'âme, du bonheur, de Dieu. 

S'il doit y avoir un changement, celui-ci n'aura lieu que par la renonciation de l'homme à prétendre se diriger lui-même en oubliant ce qu'il doit à sa nature propre, à son âme d'enfant qui lui faisait entrevoir la vérité de sa condition, de sa lumière intérieure. 

L'univers a un sens de même que la vie de l'homme. Accepter ce sens est une précondition de toute existence ayant sa raison d'être au-delà de la fantaisie cérébrale de l'homme. Accepter qui nous sommes, de par la vie qui nous a fait naître, c'est accepter que la liberté et l'amour sont en nous, que nous avons à les faire fructifier et non à les supplanter par des imitations dégradantes et abrutissantes. 

 Le but de la vie humaine est de compenser les inégalités naturelles par la mise en place d'une société de foi, d'amour et de liberté, ce qui na jamais existé sur terre mis à part une ébauche chez les sociétés dites primitives d'Amazonie, d'Inde ou d'Indonésie, société qui n'existera probablement jamais, Dieu veuille que je me trompe !

Il faut changer l'eau du bain !!!


Opérer un changement d'état:

passer d'esclave volontaire à homme libre,

et aimant.


"La seule religion de l'homme est celle de sa conscience."



2021/10/06

Super Mario

 



 

Les peuples qui composent l’humanité ne sont pas identiques. Chacun a sa façon d’appréhender l’homme et le monde, de créer sa culture. Or aujourd’hui que la culture est mondiale, si on excepte les pratiques traditionnelles et locales pour se concentrer sur le monde des idées, l’image de la société que se font un Américain du nord, in Indonésien ou un Brésilien n’a plus que peu de différences.

D’autre part, cette image s’est réduit d’un éventail local divers et riche à un ensemble de ‘mèmes’ unique et pauvre.

Tout a commencé avec la navigation à moteur, le chemin de fer puis l’automobile, la radio, la télévision, le téléphone et le téléphone portable, en somme, avec le développement des moyens de communications.

Au fur et à mesure, les peuples se sont rapprochés physiquement, sans pour autant perdre leurs couleurs d’origine. Cependant, cette ‘couleur d’origine’ a changé de nature. Elle a perdu sa réalité existentielle, elle est devenue un vernis, une couleur locale, comme disent les touristes à la recherche de dépaysement. Car elle a dû partager avec la nouvelle culture mondiale unipolaire.

Non seulement les cultures régionales sont devenues secondaires mais dans la nouvelle culture mondiale, le ‘multi-polarisme’ se fonde sur le plus grand dénominateur commun qui ne peut que représenter, de par sa définition même, la plus grande simplicité, c’est à dire, passant du texte au fait, la plus grande ignorance. Or, cette ‘ignorance-volontaire’, quoiqu’elle soit involontaire n’en est pas moins coupable, et dramatique.

Pour prendre des exemples, s’il en faut, prenons l’habitude du restaurant et des repas rapides. Ceux-ci remplacent le repas à domicile et la préparation des repas à emporter que la majorité des travailleurs préparaient chez eux. La standardisation bon marché a remplacé la qualité et la diversité. Les repas en commun ont remplacé les repas en famille ou entre amis. La solitude a remplacé le partage.

Les enfants sont particulièrement touchés, ciblés pourrait-on dire. Poupées Barbie, armes de guerre, ont remplacés les costumes locaux. L’adulation de la force civique au service de l’état, de ‘causes’ a remplacé le dévouement à la communauté proche. Les grandes croyances qui étaient des principes de vie, religieux ou moraux, sont transformées en principes d’adaptation au plus grand nombre. Tout ceci favorisé et amplifié par les moyens de communication.

L’homme à cause de la technique a perdu beaucoup de ses qualités naturelles qu’il a remplacé par des modes de comportement sociaux dominés par l’appel à la sécurité individuelle. La patience par exemple qui s’appliquait à la réussite d’une action individuelle à long terme est devenu la soumission aux impératifs de la technicité dans la ‘vie de groupe’. Ce qu’on appelle communication aujourd’hui ne représente même pas un ‘bonjour-bonsoir’ de ‘la vie d’avant’.

L’homme est devenu incapable de communiquer autrement qu’en utilisant les ‘mèmes’ modernes. La peur, qu’on invoque beaucoup dans l’attitude servile qu’ont les peuples face à des directives totalitaires, la peur n’est pas la racine de ce comportement antinaturel mais le désir de sécurité, le désir d’isolement. Les populations se sont tellement isolées les unes des autres, non parce qu’elles ne se fréquentent plus mais parce que leurs interactions sont basées sur des ‘mèmes’, et ce autant à l’extérieur qu’à l’intérieur.

L’exemple de l’art est frappant. Le summum de la peinture est le portrait. Qu’un peintre du 17ème, du 18ème ou du 19ème siècle soit Florentin, Flamant, Lorrain ou Espagnol, son talent se concentrera à exprimer la figure humaine, l’empreinte des sentiments, des passions, des émotions qui lui donne une originalité, une singularité. Puis, le paysage est devenu prépondérant, suivi de la peinture dite moderne qui n’est plus que des assemblages de formes et de couleurs.

La culture moderne est donc faite, pour la jeunesse, de Super Marios Latinos, de Pokémons Japonais, de violence américaine, de brutes au crânes rasés de sinistre augure, d’apologie de la force, de la domination autant que de la soumission. L’habitat est devenu cellulaire car dans ce monde de soi-disant communication, le lien social est rompu. L’homme a divorcé de sa nature, de la nature humaine, de la Nature.

Ce qui devait être dans l’imagination de l’homme du dix-neuvième siècle le plus grand bien de l’humanité est devenu son plus grand mal. Et celui-ci est à l’intérieur. Et celui-ci est paré de mirages par les puissants du monde pour régner toujours plus … Dans le tableau ci-dessus, j’ai délibérément omis de parler des défauts moraux, des vices, des valeurs illusoires qui permettent cette descente aux enfers pays par pays, région par région, quartier par quartier, famille par famille.

Car c’est la famille qui est la base de tout, le creuset de l’humanité. C’est dans sa famille et pour elle qu’un homme doit être un homme, une femme une femme. Aussi, sans avoir ce but dans sa vie, en se défaisant de son rôle d’époux, de père, d’homme, enfin, au profit de puissances extérieures forcément malveillantes, l’homme perds son identité, sa raison d’être, son libre arbitre, sa conscience, il est devenu un mercenaire.

Et, c’est avec des mercenaires qu’on fait des tyrans.





2021/10/04

"Où est Abel, ton frère ?"

 


Avant-propos


Pendant plus d'un an je n'ai pas eu accès à internet mais ma réflexion ne s'est pas arrétée pour autant. J'ai commencé par mettre à jour l'autre blog tenu en anglais, MfM news, sur lequel j'ai posté depuis fin août 17 articles. Cependant, j'ai décidé de le cloturer car j'ai maintenant à exposer des pensées qui vont dépasser mes compétences en langue anglaise.

 En quelque sorte, la suite de mon travail ici sera la continuation et l'approfondissement de ce que j'ai développé principalement en anglais en ce qui concerne mes thèmes favoris, géopolitique, philosophie et théologie auxquels se mèlent de la socio et de la psycho. J'essaierai d'être le plus clair possible dans la formulation de mes idées afin de faciliter leur traduction automatique si besoin en était.


Laissez-moi commencer par rappeler que l'origine de mes réflexions sur l'humanité repose sur la lecture du fameux 'Discours de la servitude volontaire' publié en 1574 par Etienne de La Boétie, traité que m'avait fait connaître ma prof de philo de terminale en 1977 (Catherine Conrad), ce pour quoi je lui en saurai toujours très reconnaissant. Environ 25 ans plus tard, grâce à l'apparition de l'internet, j'ai commencé à faire des recherches sur la situation du monde qui depuis des millénaires n'a pas su s'affranchir de ses tares, inégalité, pauvreté, crime et châtiment. 

Mes premiers 'maîtres à penser' contemporains furent Joseph Ehrlich et Barry Chamish, que j'avais visité avant son décès en Floride, puis Henri Makow et Jon Rappoport. Joseph, décédé depuis à Miami m'avais introduit à la géopolitique et à la relation entre la Torah et sa relation avec le monde contemporain. Barry m'avait initié à la recherche journalistique et à la collusion des puissants du jour avec les ramifications souterraines des grandes institutions mondiales tandis qu'Henry à jeté de la lumière sur la collusion du capîtalisme et du communisme sous l'égide des forces occultes qui avaient présidé à la naissance de l'Allemagne Nazie concuramment à celles de la Russie et de la Chine communistes qu'à priori on considère comme opposés.

J'ai traité longuement de ces sujets et j'ai tenté de les dépasser ce que je crois avoir réussi à faire. Pour reprendre le cours de la réflexion, je vais développer en français le résultat de cette année d'absence que j'ai exposé succintement dans mes derniers textes en anglais .

 

1. Habitude et mercenaires

"Voyez-vous, la plupart d'entre nous pensent qu'ils sont sur terre pour profiter de la vie, que ce soit en bien ou en mal, cependant, c'est le contraire qui est vrai: c'est la vie qui doit profiter de nous."


Revenons au sujet de ce texte. 

Etienne de La Boétie a posé la question essentielle qui est de savoir comment et pourquoi un homme ou une poignée d'homme est capable d'imposer leur volonté à la majorité, au plus grand nombre qui, logiquement, n'aurait qu'à cesser d'obéir pour renverser ce pouvoir quand celui-ci devient par trop arbitraire et injuste, ce qu'il ne manque pourtant jamais d'être grâce à une soumission inébranlable.

Il ne fut peut-être pas le premier a avoir pensé cela, mais c'est certainement lui qui a exposé, analysé et cherché les raisons de cet état de fait, non seulement en remettant en cause la légitimité du pouvoir mais surtout en faisant retomber le poids du joug de la tête du souverain sur celle des sujets. 


Parmi les raisons qu'il avance pour expliquer l'attitude anti-naturelle des peuples qui n'auraient qu'à ne plus obéir afin de faire tomber l'idole de son piédestal, deux sont à remarquer. La première est l'habitude d'être soumis et la seconde est l'attrait qu'éprouve une minorité à délaisser son libre-arbitre, sa liberté pour se faire mercenaire d'une cause qui flatte son amour-propre, sa vanité, son égo.


Ces deux préceptes sont fondamentaux pour expliquer l'apathie des masses ainsi que la puissance des tyrans. Le véritable pouvoir est ceui qui sait recruter des mercenaires* tout en trouvant des prétextes pour séduire et réduire les peuples à considérer leur soumission comme nécessaire. La peur en est un, la sécurité des personnes et des biens en est plus puissant, la démocratie, la théocratie en sont d'autres comme l'ignorance congénitale, l'illusion traditionelle, la soumission devant la force. 



2. étiquettes fatales

 "Américain, Vermontien, républicain, Baptiste, Officier de Marine, Propriétaire", ... et quoi d'autre ? 

"Supporter des Aigles, Abonné au Times, Connu au café du port, Président du club des Nains de Jardin, Donateur du" ...


Au deux raisons retenues, l'habitude et la vente de l'individualité pour un profit, le mercenariat, on doit ajouter une considération autant absurde que funeste:

 l'homme ne voit en lui que l'homme social. 

Les enfants sont entrainés à passer leur jeunesse à se former le mieux possible en vue de leur future intégration sociale. Apprendre à être un homme est superflu. L'homme 'naturel', le fils, le mari, le père, le grand-père est littéralement enfouit sous les appellations sociale. Dans la glace, l'homme voit son salaire, sa propriété, sa nationalité, sa religion, ses moustaches, ses habitudes,  ses passions, ses ambitions, que sais-je ?

Quid de l'homo-abilis ? Le monde est un théatre, cruel, injuste, méchant etc. parce que ses composants sont des acteurs, sans le savoir. Le motto de l'homo-modernicus est: "Savoir pour avoir", quelle que soit l'arène où se déroule le combat. "On ne va pas changer la société, quand même ! Cette bonne société où s'épanouissent la Liberté, l'Egalité, la Fraternité !!


Il faut comprendre que la société ment puisqu'elle n'a jamais fait le bonheur de l'homme. Quoi, en 2021, nour retrouvons des procédés hitlériens et tout le monde, et le monde met sa muselière ?  ... Car:


"le bonheur de l'homme n'est pas un but à atteindre

mais un état d'être

que toute créature vivante reçoit à sa naissance".


L'homme n'a pas à conquérir son bonheur et, tous ceux qui montrent une flèche pointée sur le mot bonheur mentent. Le bonheur n'est pas une conquête mais un oeuf à couver, un enfant à élever, un amour à épanouir, une fleur à arroser, une relation à embellir, un partage à faire fructifier. 


[nb: 

- à noter que le summum de l'idôlâtrie ect celle de la force du groupe. Ainsi vous trouver des millions de supporters du sport collectif, des millions de symboles de lion, des couronnes de rois, ceux-ci étant les chefs de l'oligarchie dominante, (car le pouvoir ne peut être qu'une oligarchie pyramidale). Le rêve de tout homme est de devenir chef d'un groupe si infime soit-il, ou un sous-chef, ou un figurant, une 'utilité', voire un apôtre.

- Les trois illusions fondamentales qui toujours ont empêché la société de se tourner du côté de son véritable intérêt sont les valeurs de propriété du sol, de nationalité et de religion comme on peut le voir sur la carte, de 1376, en haut de la page.]


3. Comme quoi le bonheur est dans le pré.

Nous arrivons à ce qui va justifier le titre de l’article, la quatrième raison contribuant à plonger l’humanité dans un état de servitude volontaire. Le point précédent touchait à  la socio, celui-ci côtoiera la psycho. 

   

Nous l’avons dit, le bonheur est un aspect inhérent à la vie. Chaque créature selon son espèce nait avec une teinture de bonheur. Voyez l’enfant. Ce bonheur est constitué de deux éléments, l’amour et la liberté. Voyez l’enfant. Simple rappel.

 

Eve connait le verger où elle aime se promener. Elle sait qu’il y a deux arbres auxquels on ne touche pas. Vie (éternelle) et connaissance. Eve se préoccupe de l’instant et le concept de vie éternelle est étranger à ses préoccupations. Au contraire, l’arbre de la connaissance se pose à elle comme une énigme. Que Dieu ne veuille pas que l’homme soit éternellement vivant comme Lui peut paraître raisonnable, mais qu’Il ne veuille pas que l’homme acquière certaines connaissances apparaît à Eve comme une menace potentielle. 

Ce n’est pas la curiosité surtout qui pousse Eve mais un désir de savoir à quoi elle, et sa famille à venir, pourraient un jour se trouver confrontés, que ce soit un mal ou un bien. Si Adam accepte de na pas savoir, elle veut pouvoir se faire une opinion. 

L’incertitude l’aiguillonne plus qu’une couronne de diamant. Elle veut savoir. Elle ne peut être libre et aimer sans savoir pourquoi Dieu ne veut pas qu’elle sache. Encore moins que la curiosité, ce n’est pas le désir de s’approprier le fruit de la connaissance.

 

Comprenez-vous ? Elle aime son homme. Elle aime Dieu et la création, et il y aurait au centre de ce paradis un point obscur, une incertitude, un doute ? Elle ne voit pas qu’elle désobéit, elle est sûre d’elle, elle a raison. 

Répétez : ‘Elle a raison’.

  

Que souhaite l’enfant au fur à mesure de son évolution ? 

Avoir raison.

Que souhaitent les hommes et les femmes quand ils se trouvent devant leur miroir ou devant un petit blanc au Café du Nord ? 

Avoir raison. 

Ce simple fait qui dirige la vie humaine du début à la fin est à mon sens le principal 

obstacle à l’évolution de l’humanité.


Léon Gozlan, NUIT BLANCHE

 

— Mon ami, les hommes n'oublient jamais.

— N'en sont-ils pas plus sévèrement punis?

— Oui ; mais ils préfèrent le malheur d'avoir raison contre eux-mêmes au calme de l'oubli.  


En effet, souvenez-vous, nous avons dit que l’homme est né ‘armé’ face à la vie, armé de liberté et d’amour, de bonheur. Ainsi, de la même façon que qui cherche le bonheur en dehors de lui-même s’expose à ne pas le trouver, qui veut avoir raison, avant toute chose ne peut qu’avoir tort. 

L’homme n’a pas tort de vouloir avoir raison ; Eve est dans son droit. Cependant, il y a une précondition qui est de n’avoir raison que conditionnellement par rapport à la loi de la vie, à la Puissance qui anime l’univers. Aucune créature n’est infaillible. La première loi de l’homme est de reconnaître que, pour être un homme, il n’est qu’un homme, et pas un dieu. 

Eve ne s’est pas posée la question de savoir si elle avait raison de vouloir avoir raison, dans ce cas particulier. Si elle se l’était posée, elle aurait certainement reconnu que son inquiétude était mal fondée, que l’incertitude ne pouvait entrainer aucune crainte, que son désir était incompatible avec la nature de Dieu qui a fait une nature humaine, qui aime la création qu’il veut libre et indépendante dans son existence comme c’est son droit et son devoir.

 

Comme Eve, Caïn avait raison. Il avait tellement raison que, loin de se repentir, il s’est trouvé victime, lui, le coupable des coupables. Caïn avait raison. Son frère prenait la première place. Impossible. N’est-ce pas ?


Enfin, si l'enfant peut avoir raison d'avoir raison, ne serait-ce que pour copier par jeu ou pour apprendre ce qu'il devra devenir et dont il n'a pas une conscience exacte, l'adulte lui se devrait avant d'affirmer qu'il a peut avoir raison: "Avec l'aide de Dieu". Même lors de règne éphémère de la déesse Raison, vers 1792, il y avait l'Etre Suprême !

Là est le remède unique et tout-puissant, le seul, le vrai, à la portée de tous, gratuit.

Je ne vais pas étudier ce que signifie cette malformation congénitale de l'homme mais écoutons seulement la physique quantique qui a posée une limite à la compréhésion  humaine, un seuil qu'il ne pourra jamais dépasser. 

De ce fait, qui était depuis Socrate, Diogène et Montaigne une vérité nécessaire et suffisante, l'homme devrait se dire qu'en dehors de toute considération, et de façon absolue, il ne pourra jamais être totalement sûr de la nature réelle de quoi que ce soit, raison comprise.


*

Il y a plusieurs types de mercenaires; ceux qui vendent leur corps, leur raison ou leur affection.

La dernière sorte est la plus pernicieuse. En apparence, ces individus sont libres, autonomes et raisonables. Seulement leur coeur est mauvais et tout en paradant une façade respectable, ils se réjouïssent de tous les maux des autres, ils approuvent toutes les injustices, ils se délectent de l'oppression. C'est la 'deep' humanité, la face cachée de l'iceberg qui, quoi qu'on fasse, attire l'homme vers le gouffre et sur laquelle comptent les tyranneaux du moment.   



Green scream: Plants emit “ultrasonic squeals” when stressed