2018/01/14

Le désir d’être gouverné




Pourquoi il faut abolir les états et les gouvernements


Et les supprimer non seulement par la suppression des frontières mais par l’éradication de leur emprise idéologique, idolâtre sur les ‘citoyens’.

Le pouvoir le plus puissant d’un état, en dehors de la force armée est celui de l’administration des douanes et des impôts dont l’empire s’exerce non seulement sur les biens mais sur les personnes au travers des taxes. Or, tout est taxé, des produits aux individus. Faire partie d’un état suppose que cet état prenne en charge différents services auxquels tout ‘citoyen’ est tenu de participer moyennant espèces sonnantes, pratiquement de sa vie à sa mort.

Or, ce pouvoir absolu sur les personnes est délégué aux gouvernements par ces mêmes personnes. La simple existence d’un état, d’un gouvernement supra-local entraine un renoncement à la liberté individuelle en échange de services, protection, assistance, en fait, quels qu’ils soient, souvent d’ailleurs dégradants, inutiles ou déplorables et cependant toujours des nids de corruption et d’intermédiaires effrénés du pouvoir, des foyers d’esclavage.

 Le désir d’être gouverné est un désir de renoncement, 
une volonté d’esclavage.

Cette volonté d’esclavage est le produit d’un désir égalitaire car, si tous sont esclaves, tous mangent le même pain, le pain de servitude, celui qui accompagne les hommes depuis qu’ils sont. Ce principe fondateur de toutes les sociétés humaines acquière de nos jours une puissance phénoménale du fait de la technologie. On peut contrôler plus en dépensant moins, on peut mieux asservir, mieux rétribuer les intermédiaires, on peut déshumaniser à volonté d’autant plus que cette faculté est soutenue par son principe fondateur, par ces êtres ‘sociaux’ nommés humains.

 L’humanité est sur une pente dangereuse et ne s’en rend pas compte. Des millions d’hommes sont morts ou en train de mourir et le plus grave n’est pas le côté physique mais moral. L’homme ne sait pas ce que veut dire être homme. Là est le danger, le vrai, le grand. Et l’homme ne peut pas dire qu’il ne le sait plus car il a toujours évité de le savoir en brodant des fables et en courbant l’échine derrière un verre de rouge et une injure. Il faudrait supprimer les armes, armées, armements et passer aux régions ce qui serait facile en Europe et aux US. Redonner la terre et sa gestion aux individus, aux familles. Décentraliser à outrance non seulement le pouvoir mais la vie, ce qui est possible techniquement aujourd’hui.

Il faut redonner à la nature et à la nature humaine la priorité, ainsi qu’aux relations de communauté, supprimer les taxes et leur instrumentalisation, la taxation de faux besoins collectifs et les errements qui vont avec, corruption, virtualisation, actions incontrôlables, domination. Pour le meilleur ou pour le pire, l’homme doit se gouverner lui-même, groupes comme personnes. La Loi est dans son cœur et, s’il est une leçon de l’histoire Hébraïque, c’est celle-ci, c’est celle d’un peuple qui est sorti d’esclavage, peu importe qu’il eût dû apprendre la liberté et qu’il ait fini par vouloir un roi …



Renoncement. Et le plus grave de tous, renoncement à sa nature primordiale d’être vivant né libre de vivre. Renoncement inconcevable, unique à l’homme. Même un chien fini par mordre, un cheval par ruer. Ce renoncement est pourtant explicable en tenant compte de ce fait également le propre de l’homme : un homme adulte est tout ce qu’il n’était pas enfant. Un homme adulte renie son enfance pour les chaines dont il croit qu’elle l’a affublé. Il se croit un homme en méprisant, en ignorant, en oubliant son enfance, ce qui le rendait heureux ou triste, ce qui lui importait, ce qu’il espérait.

Non, l’homme n’est né ni pour renoncer à sa liberté, pas plus qu’un animal ‘sauvage’, ni à se renoncer lui-même dans ce qu’il a de plus cher, son identité humaine, son individualité. En déléguant son pouvoir sur lui-même à des gouvernements et leurs intermédiaires, il paie sa part du gâteau et devient partie d’un tout imaginaire. Il peut alors mener à bien, non plus ses rêves d’enfance mais ses calculs d’adolescent afin d’arriver au plus haut dans ce qu’il perçoit être le monde, la réalité. Il peut mettre un masque et s’enivrer d’illusions en marbre vert.

Un des plus grands mystères de la vie humaine est le passage de l’enfance à l’âge adulte et les conséquences qui s’ensuivent. La première est le rejet de la ‘condition d’enfant’ considérée comme une dépendance, une entrave. Après cette désolidarisation du ‘métier d’enfant’ vient l’oublie de qui on a été enfant, de ce que c’est qu’un enfant. L’enfance n’est plus considérée que comme un terrain vague où il y a des mauvaises herbes à arracher et du vide à meubler, un objet à canaliser, à dresser, à remplir de concepts d’adulte. De toutes les espèces vivantes, l’homme est la seule chez qui l’adulte ressemble si peu à l’enfant, la seule où l’enfant ne laisse pas présager de ce qu’il sera adulte.

Un enfant est un athée, pas de religions, pas de croyances, à ses yeux le monde a sa plus simple apparence, celle des faits. Un des premiers sens que développe l’enfant est celui de la justice et le comportement ‘athée’ de l’enfant lui garantit la condition indispensable de toute justice : l’absence de préjugé, de préconception, de parti pris. Le mal apparent le révolte et l’enfant cherchera l’explication, la justification de cette irrégularité du monde. Pour peu qu’il n’en trouve pas, ce n’est plus la révolte mais l’indignation, la colère et le désespoir aussi.

Car toute injustice le touche personnellement en ce qu’elle altère fondamentalement sa conception de la justice, son seul repère, son unique horizon, son plus grand bien. Si l’injustice existe, qui garantira qu’un jour il ne la subira pas, se demande t-il, ou pire, qu’il en sera coupable. Comment aller droit dans un monde où le principe fondamental, fondateur de toute existence n’est pas respecté ? Donc, voyant que le mal existe et étant persuadé qu’il n’y échappera pas, l’enfant s’exerce à être méchant … 
Comme les grands. Méchanceté prévisionnelle pourrait-on dire. Que ça fait mal quand on voit un enfant s’exercer à mentir, à médire, à violenter la vie, et parfois sa propre vie. Ce qui n’est qu’un jeu cruel de sa part fait d’autant plus mal que l’enfant n’est pas prédisposé pour faire du mal car son comportement est un reflet défensif, maladroit et symbolique du monde qui l’entoure, du monde des ‘adultes’ ou le mal est non seulement toléré mais trop souvent rétribué, encensé, adulé, légiféré, codifié.

Oui vraiment, on peut dire de l’homme adulte ce que Cooper faisait dire à Bas de Cuir de certains ‘sauvages civilisés’ : « Ils ont ajouté les vices de l’homme blanc aux travers de leur peuple ». L’adulte de même embrasse les travers de la ‘civilisation’ tout en conservant ses ‘défauts d’enfant’, égoïsme, vanité, indifférence, violence, impatience … Les défauts que l’adulte voit dans l’enfant, changement d’état qui se prépare dès l’adolescence, sont en vérité les vrais qualités de l’enfance, innocence, spontanéité, émerveillement, tendresse, grandeur des émotions, élévation des sentiments, confiance … Qu'avez-vous fait de l'enfant qui était vous-même ??

Avez-vous tenté de 'gouverner' un enfant ? Un enfant désire t-il 'être gouverné' ? Ou sont donc passées les 'gouvernantes' ? On n'attire pas les moineaux avec du gros sel ... Allons donc !!





« — Morts ! Exclama Tanneguy, et personne ne les vengera !

— Dieu a vu le coupable, mon fils, interrompit Lebras, et lui seul est juge !

— Oui, compléta l'inconnu d'un ton presque sentencieux,

 mais Dieu confie quelque fois sa justice aux mains des hommes


et nous serons des hommes, le jour où nous le voudrons. »




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