C’était un poète, tout de vers cousu, qui bravait le front haut son antique solitude.
De la lucarne ouverte, un léger bruissement lui fit tourner la tête. Dans la poussière d’un rayon égaré, un point noir voltigeait.
Ni les éclats voisins d’un archet maladroit, ni cloches ni tonnerre jamais n’avaient troublé le cours de ses pensées.
L’ignorant insecte osa se poser sur le bord même de l’encrier.
La stupeur passée, Amaury jura que cet indésirable serait bien vite chassé du paradis des muses. Armé d’une savate, la chasse commença.
Comme le jour tombait, l’insecte disparu dans l’obscurité de la mansarde éclairée des lumières d’une gloire à venir.
Au réveil d’Amaury, un bourdonnement discret prît dans son esprit des allures de tempête.
Mais, après des jours de luttes épiques autant qu’infructueuses, accoutumé à la présence d’un intrus irréductible et ayant renoué les liens de ses idées, notre poète se prît à pardonner l’invasion insensée.
Cette présence moqueuse devint une compagne autant souhaitée qu’elle fut détestée. Amaury alla même jusqu’à lui réciter ses strophes inachevées.
Cependant, un matin, un calme persistant le réveilla inquiet. Il passa bien des heures à chercher sa compagne éphémère,
Convaincu de la fuite de cette mouche ingrate, le silence effrayant le chassa sans retour de son asile perché et, désormais, c’est dans les cafés du boulevard que vous pourrez le voir, émiettant un sucre en attendant le retour de sa muse ailée.
No comments:
Post a Comment