Boris Vian,
avant-propos de L'écume des jours,
La Nouvelle Orléans, 10
mars 1946.
"Dans la vie, l'essentiel est de porter des jugements a priori. Il
apparait en effet que les masses ont toujours tort, et que les individus ont
toujours raison. Il faut se garder d'en déduire des règles de conduite: elles
ne doivent pas avoir besoin d'être formulées pour qu'on les suive. Il y a
seulement deux choses: c'est l'amour, de toutes les façons, avec les jolies
filles et la musique de la Nouvelle Orléans ou de Duke Ellington. Le reste
devrait disparaître, car le reste est laid, et les quelques pages de
démonstration qui suivent tirent toute leur force du fait que l'histoire est
entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre.
L'homme est comme une machine à chercher du sens ... et à en donner. Or,
S'il y a un sens à trouver, ce ne peut être un sens relatif, valable pour l'un
et non pour l'autre, ou étant tel à tel lieu et telle époque et autre dans
d'autres conditions spatio-temporelles, non, ce ne serait pas un sens mais un
phénomène. Un sens se doit d'être unique et permanent, ontologique. C'est donc
ce sens fondateur qui est l'objet des questions et des réponses de l'homme
depuis qu'il est homme.
Les réponses ont évoluées, preuve que ce n'étaient que des
approximations, car l'homme, au-delà de ses intuitions, pas forcément erronées
d'ailleurs a une référence dans la science {cf. texte qui suit} et ce bien plus
par élimination de tout ce qui ne peut être une 'bonne réponse' que par
affirmation, affirmation dont la science elle-même affirme aujourd'hui qu'elle
ne peut ni ne pourra entériner.
La quête du sens est-elle un non-sens puisque ni la science ni les tous
les hommes qui nous ont précédés ont échoué à ce paradigme ?
Le sens que nous cherchons tous n'est pas dans la matière puisque la
matière 'en soi' n'Est pas, et, comme nous faisons partie de la matière, nous
cherchons quelque chose qui Est indépendamment de la matière mais qui lui est
liè d'une façon ou d'une autre, lié et donc présent en chacune partie de cette
matière, à toutes les échelles et de tous temps, nous comprit. La réponse est
donc partout et tout le temps que la matière existe et en même temps nulle
part, à aucune époque mais 'ailleurs'.
Cependant, nous pourrions peut-être avoir une idée de ce que nous
cherchons en tentant de comprendre quel est le 'sens du sens', quelle tournure
a pris l'univers autant que nous pouvons en connaître le passé, car s'il y a un
sens à 'ce-qui-est', et qui n'est pas contenu dans 'ce-qui-est', 'ce-qui-est'
n'est pas indépendamment de ce sens primordial, originel et donc, le sens de
'ce-qui-est' doit permettre d'avoir un aperçu de 'Ce-Qui-N'est-Pas' non parce
qu'Il 'n'est pas' mais parce que l'être existant n'est que parce qu'il
participe de cet Etre-'Super-Existant', Existant sans conditions, sans
détermination, sans qualifications. Je repose donc la question: cette quête du
sens est-elle un non-sens ?
La réponse est oui, si nous ne trouvons aucun sens dans 'ce-qui-est' et
non si de 'ce-qui-est' se dégage un sens. Don't worry, c'est pas du Saint
Augustin ! Ce sens ne permettra pas de trouver le sens de ce que Bernard
D'Espagnat appelle 'Le réel caché' mais au moinsss, la quête du sens ... aura
un sens !
Je vais laisser la plume à deux scientifiques, qui diront clairement
preuves à l’appui ce que j’évoque de façon trop souvent confuse, eh, on fait ce
qu’on pneu et parfois, ça sonne pas mal ! après on voit !!
PHYSIQUE QUANTIQUE ET VALEURS HUMAINES
Henry P. STAPP,
Physicien au Lawrence Berkeley Laboratory. Un texte qui présente des
opinions extrêmes sur l’intégration entre Science et Valeurs.
Introduction
C’est la science qui a créé le problème étudié par la présente
conférence : elle a donné à l’homme le pouvoir de polluer et de ravager la
nature sur une échelle sans précédent et même d’annihiler sa propre espèce.
Mais elle a joint à ce pouvoir potentiellement destructeur un cadeau
compensateur qui, pour être subtil et encore à peine compris par l’esprit
humain, pourrait ultimement se révéler le plus extraordinaire apport de la
science à la civilisation de l’homme et même la clé de sa survie.
On accepte généralement que la science n’est pas simplement l’entreprise
concrète de la subjugation de la nature par l’homme à son pouvoir, mais aussi
une partie de sa quête sans fin pour la connaissance de l’univers et de la
place qu’il y occupe. Cette soif de savoir ne procède pas uniquement d’une
futile curiosité. Lorsque nous essayons d’établir les valeurs directrices de
nos actions, nous en venons tous à nous poser des questions sur l’univers et
sur la place que l’homme y occupe.
Le lien qui existe entre la question pratique des valeurs sur lesquelles fonder nos actions et la question abstraite de la place de l’homme dans l’univers n’est pas le produit d’une philosophie éthérée. Les exemples concrets des fortes influences sur nos actions de nos croyances et de nos conceptions de l’univers et de la place de l’homme sont légion. Lorsque les croisés se dirigeaient vers la terre Sainte, ils sacrifiaient leurs aises et étaient prêts à sacrifier leur vie au nom de leurs croyances relatives à la nature de l’univers, à leur créateur et à la place qu’ils occupaient dans le monde. Lorsque les chrétiens se laissaient jeter aux lions, plutôt que de prononcer quelques simples phrases, ils sacrifiaient en réalité leur vie au nom des croyances qu’ils avaient quant à l’univers et à la place qu’ils y occupaient. Les kamikazes, les fanatiques musulmans, et Bruno au bûcher sont tous de vivants témoignages qu’aucune force, même pas l’instinct de survie, n’exerce autant d’influence sur les actions de l’homme que les valeurs engendrées par sa conception fortement ancrée de la nature de l’univers et la place que l’homme y occupe.
Le lien qui existe entre la question pratique des valeurs sur lesquelles fonder nos actions et la question abstraite de la place de l’homme dans l’univers n’est pas le produit d’une philosophie éthérée. Les exemples concrets des fortes influences sur nos actions de nos croyances et de nos conceptions de l’univers et de la place de l’homme sont légion. Lorsque les croisés se dirigeaient vers la terre Sainte, ils sacrifiaient leurs aises et étaient prêts à sacrifier leur vie au nom de leurs croyances relatives à la nature de l’univers, à leur créateur et à la place qu’ils occupaient dans le monde. Lorsque les chrétiens se laissaient jeter aux lions, plutôt que de prononcer quelques simples phrases, ils sacrifiaient en réalité leur vie au nom des croyances qu’ils avaient quant à l’univers et à la place qu’ils y occupaient. Les kamikazes, les fanatiques musulmans, et Bruno au bûcher sont tous de vivants témoignages qu’aucune force, même pas l’instinct de survie, n’exerce autant d’influence sur les actions de l’homme que les valeurs engendrées par sa conception fortement ancrée de la nature de l’univers et la place que l’homme y occupe.
On prétend parfois que la science n’a rien à dire sur les valeurs ;
la science peut, dit-on, nous enseigner comment obtenir ce que nous estimons,
mais demeure nécessairement muette sur la question de ce que sont les valeurs.
Cette affirmation est certainement injuste. Le savoir scientifique influence
grandement les valeurs. L’exemple le plus frappant en est peut-être le rôle que
le savoir scientifique a joué dans le système des valeurs promulgué par
l’Église au cours du Moyen Âge. Le système se fondait sur un credo couvrant la
nature et le créateur de l’univers, et les rapports de l’homme à ce créateur.
En sapant le fondement de ce credo, la science a provoqué la chute de ce
système de valeurs. Elle l’a de plus remplacé par son propre credo.
Selon ce credo « scientifique », l’homme n’était plus l’image
de Dieu, ou l’étincelle du pouvoir créateur divin, doté du libre arbitre, mais
il devenait un simple automate un simple engrenage de l’immense machine qui
roule vers son destin prédéterminé selon des lois mathématiques aveugles et
incontournables. Cette image « scientifique » de l’homme fait
disparaître les fondements rationnels de la responsabilité personnelle. Elle
affirme que chacun d’entre nous n’est qu’un simple prolongement mécanique de ce
qui existait avant notre naissance. Nous n’exerçons aucun contrôle sur cette
période précédente. Aussi, personne ne peut-il porter la responsabilité de ce
qui en ressort, de ce qui a été pré-ordonné.
Selon cette conception de
l’homme, le viol de l’environnement devient tout à fait rationnel. Aucune
valeur ne trouve de fondement rationnel dans cette conception, si ce n’est
l’intérêt personnel ; se comporter de façon à promouvoir le bien-être
des autres, y compris les générations futures, n’est rationnel que dans la
mesure où de cette façon on sert ses propres intérêts. La science devient ainsi
doublement coupable : elle donne à l’homme le pouvoir de détruire son écosystème,
et lui refuse le fondement d’un système de valeurs rationnelles qui pourrait le
motiver à user modérément de ce pouvoir. L’image mécaniste de l’homme décrite
ci-dessus est l’image de la physique « classique » des 17e, 18e et
19e siècles.
Mais notre siècle a jugé que cette image comportait de sérieuses
failles. Même les prémisses fondamentales de cette notion classique ont été
jugées strictement incompatibles avec divers phénomènes associés à la
constitution atomique de la matière. Le monde est ainsi nécessairement
différent et, en réalité, nécessairement très différent de l’image présentée
par la physique classique.
Le cul-de-sac des concepts classiques a mené les physiciens à élaborer une nouvelle approche de la connaissance de la nature. Cette nouvelle approche se fonde sur des concepts radicalement différents qui mènent à une conception radicalement différente et de l’univers et de la place que l’homme y occupe. La section suivante décrit à grands traits la conception quantique de la nature, et celle qui la suit, la conception de l’homme qui en découle. Dans la section finale, nous discuterons des conséquences de cette révision profonde de la conception de l’homme sur les valeurs humaines.
Le cul-de-sac des concepts classiques a mené les physiciens à élaborer une nouvelle approche de la connaissance de la nature. Cette nouvelle approche se fonde sur des concepts radicalement différents qui mènent à une conception radicalement différente et de l’univers et de la place que l’homme y occupe. La section suivante décrit à grands traits la conception quantique de la nature, et celle qui la suit, la conception de l’homme qui en découle. Dans la section finale, nous discuterons des conséquences de cette révision profonde de la conception de l’homme sur les valeurs humaines.
I. LA CONCEPTION QUANTIQUE DE LA NATURE
En abordant le sujet de cette section, il faut souligner avant tout que,
strictement parlant, il n’y a pas de conception quantique de la nature, au sens
habituel de ces mots. Le principal architecte de la philosophie orthodoxe de la
théorie quantique, Niels Bohr, a pris grand soin de préciser que, de ce point
de vue orthodoxe, le but de la science en général, et de la théorie quantique
en particulier, n’est pas de prétendre expliquer la nature de l’univers
physique elle-même, mais bien plutôt de calculer les attentes possibles d’après
les résultats des observations obtenus dans des conditions bien précisées.
Le caractère, ou la nature, de l’univers qui permet la réalisation de
ces attentes n’est pas, selon ce point de vue orthodoxe strict, le sujet propre
de la science.
L’adoption de ce point de vue restreint s’explique fondamentalement par le fait que les seules affirmations vérifiables sur les systèmes physiques soient, en bout de ligne, des affirmations fondées sur des observations : les affirmations sur les aspects inobservables de l’univers sont théoriques de nature, et intrinsèquement moins sûres que les affirmations vérifiables et vérifiées à profusion fondées sur les résultats des observations.
L’adoption de ce point de vue restreint s’explique fondamentalement par le fait que les seules affirmations vérifiables sur les systèmes physiques soient, en bout de ligne, des affirmations fondées sur des observations : les affirmations sur les aspects inobservables de l’univers sont théoriques de nature, et intrinsèquement moins sûres que les affirmations vérifiables et vérifiées à profusion fondées sur les résultats des observations.
L’équilibre de ce point de vue orthodoxe est conforté aujourd’hui par le
fait qu’il y a à l’heure actuelle trois conceptions fondamentalement
différentes de l’univers qui prétendent toutes faire les mêmes prédictions à
partir des observations. Dans la mesure où cela est réellement vrai, et demeure
vrai de toutes les observations imaginables, aucune distinction empirique n’est
possible entre ces trois images radicalement différentes de l’univers. Cette
conférence n’est pas l’endroit indiqué pour décrire les trois possibilités. Je
ne parlerai ici que de la « plus orthodoxe de ces trois images de
l’univers, à savoir celle qui a été promulguée par Heisenberg. Elle est
d’ailleurs celle qui reçoit l’accueil le plus favorable de la plupart des
physiciens quantiques et celle qui épouse le plus étroitement le formalisme
théorique quantique le plus suivi dans la pratique.
Je donnerai à cette conception de la nature le nom de « conception quantique », suivant en cela l’usage préféré des physiciens quantiques. Selon cette conception quantique de la nature, les choses réelles dont se compose l’univers ne sont pas des entités persistantes, comme dans la physique classique, mais plutôt des événements soudains, appelés « sauts quantiques ». Ces sauts sont des changements soudains dans « l’état Heisenberg2 » de l’univers, comme on l’appelle. L’état Heisenberg ressemble à l’état initial de l’univers classique. Mais alors que l’état initial de l’univers classique détermine complètement les valeurs bien précises de toutes les quantités physiques pour toute la durée de l’histoire de l’univers, l’état Heisenberg ne détermine, fondamentalement, que les divers états possibles qui lui succéderont.
Nous avons ainsi une image de l’univers qui évolue selon une suite discrète de « sauts quantiques » dont chaque état successif ne détermine que les probabilités des états possibles qui éventuellement lui succéderont. Certains états Heisenberg correspondent au fait que certaines variables physiques ont, à un moment précis, des valeurs raisonnablement bien définies. Toutefois, à cause du principe d’incertitude d’Heisenberg, une quantité bien définie à un moment devient souvent moins bien définie a mesure que le temps avance. On présume qu’un saut quantique type donne à certaines qualités particulières macroscopiques une définition suffisante, à un moment donné.
Alors le processus naturel global peut être considéré comme une suite d’événements qui tendent à contrecarrer la tendance à la diffusion déduite du principe d’incertitude et qui, en particulier, tend à conserver à l’univers une définition suffisante quant aux valeurs de ses degrés de liberté macroscopiques.
Les lois qui régissent les probabilités des sauts quantiques sont tout à fait analogues aux lois de la physique classique. Cette analogie entre les lois quantiques et classiques garantit que les lois de la physique classique seront à peu près respectées dans les situations classiques où l’on sait que les lois classiques ne posent pas de problème. Ressortant à l’avant-plan de cette chaîne d’événements dont le rôle principal est de tenir le monde macroscopique en étroit accord avec les lois de la physique classique, se posent les événements caractéristiques qui se prêtent aux mesures du mode quantique.
Ces événements se présentent à la suite d’une période où il y a eu une grande amplification de quelque différence à l’échelle atomique, i.e. dans des situations où de petites différences ne comportant que quelques « atomes » se sont rapidement amplifiées pour produire de grandes différences dans des quantités macroscopiques qui deviennent directement observables. Ces événements mesurables selon la méthode quantique sont reliés typiquement aux appareils de mesure quantique utilisés pour étudier les phénomènes atomiques et ils sont au centre des discussions de Heisenberg sur la conception de la nature dont on parle ici. Le fonctionnement de ces appareils dépend de l’apparition à l’intérieur des appareils du même genre d’amplification que l’on vient de décrire.
Je donnerai à cette conception de la nature le nom de « conception quantique », suivant en cela l’usage préféré des physiciens quantiques. Selon cette conception quantique de la nature, les choses réelles dont se compose l’univers ne sont pas des entités persistantes, comme dans la physique classique, mais plutôt des événements soudains, appelés « sauts quantiques ». Ces sauts sont des changements soudains dans « l’état Heisenberg2 » de l’univers, comme on l’appelle. L’état Heisenberg ressemble à l’état initial de l’univers classique. Mais alors que l’état initial de l’univers classique détermine complètement les valeurs bien précises de toutes les quantités physiques pour toute la durée de l’histoire de l’univers, l’état Heisenberg ne détermine, fondamentalement, que les divers états possibles qui lui succéderont.
Nous avons ainsi une image de l’univers qui évolue selon une suite discrète de « sauts quantiques » dont chaque état successif ne détermine que les probabilités des états possibles qui éventuellement lui succéderont. Certains états Heisenberg correspondent au fait que certaines variables physiques ont, à un moment précis, des valeurs raisonnablement bien définies. Toutefois, à cause du principe d’incertitude d’Heisenberg, une quantité bien définie à un moment devient souvent moins bien définie a mesure que le temps avance. On présume qu’un saut quantique type donne à certaines qualités particulières macroscopiques une définition suffisante, à un moment donné.
Alors le processus naturel global peut être considéré comme une suite d’événements qui tendent à contrecarrer la tendance à la diffusion déduite du principe d’incertitude et qui, en particulier, tend à conserver à l’univers une définition suffisante quant aux valeurs de ses degrés de liberté macroscopiques.
Les lois qui régissent les probabilités des sauts quantiques sont tout à fait analogues aux lois de la physique classique. Cette analogie entre les lois quantiques et classiques garantit que les lois de la physique classique seront à peu près respectées dans les situations classiques où l’on sait que les lois classiques ne posent pas de problème. Ressortant à l’avant-plan de cette chaîne d’événements dont le rôle principal est de tenir le monde macroscopique en étroit accord avec les lois de la physique classique, se posent les événements caractéristiques qui se prêtent aux mesures du mode quantique.
Ces événements se présentent à la suite d’une période où il y a eu une grande amplification de quelque différence à l’échelle atomique, i.e. dans des situations où de petites différences ne comportant que quelques « atomes » se sont rapidement amplifiées pour produire de grandes différences dans des quantités macroscopiques qui deviennent directement observables. Ces événements mesurables selon la méthode quantique sont reliés typiquement aux appareils de mesure quantique utilisés pour étudier les phénomènes atomiques et ils sont au centre des discussions de Heisenberg sur la conception de la nature dont on parle ici. Le fonctionnement de ces appareils dépend de l’apparition à l’intérieur des appareils du même genre d’amplification que l’on vient de décrire.
II. LA CONCEPTION QUANTIQUE DE L’HOMME
L’influence de la conception quantique de la nature sur la conception de
l’homme découle de l’apparente étroite ressemblance entre le cerveau humain et
les appareils de mesure quantique3. La fonction du cerveau est de traiter
diverses données afin de formuler d’abord quelques lignes de conduite
éventuelles appropriées, de choisir ensuite l’une des lignes de conduite
possibles, et de surveiller enfin l’exécution de la ligne de conduite choisie.
Le mécanisme de ce traitement s’explique par l’amplification des différences
par les cellules nerveuses, au cœur des liaisons synaptiques, qui comportent un
petit nombre d’ions Ca++. Le processus cérébral que l’on vient de décrire,
atteint son point culminant lorsque le cerveau atteint un état quasi stable
pour surveiller la réaction macroscopique choisie par l’organisme. Les études
informatiques4 menées au niveau classique révèlent une dépendance très sensible
de l’état final quasi stable atteint par le cerveau par rapport aux paramètres
caractéristiques de la liaison synaptique.
D’autres études s’imposent. Mais iI semble que l’analogie entre le cerveau et les appareils de mesure quantique est appropriée : comme pour les appareils de mesure quantique, le choix de l’état final macroscopique sera déterminé par un « saut quantique » dans le système macroscopique en faveur des états macroscopiques éventuels possibles. Si en réalité le cerveau ressemble ainsi aux appareils de mesure quantique, les conséquences quant à la place de l’homme dans l’univers sont profondes.
Ces conséquences découlent directement de deux propriétés fondamentales des sauts quantiques. La première propriété fondamentale des sauts quantiques, selon la conception quantique de la nature, est que les choix faits par ces sauts ne suivent pas les lois mathématiques du dynamisme classique. Les lois quantiques ne déterminent que les probabilités des divers choix possibles, elles ne déterminent pas lequel de plusieurs choix possibles sera fait en réalité. Les choix réels ressemblent davantage, en réalité et logiquement, aux choix des conditions initiales de la physique classique, en ce sens qu’ils sont hors de la portée d’un pouvoir mathématique déterminé, mais qu’ils déterminent quand même collectivement la forme réelle de l’univers macroscopique. La suite complète des événements quantiques peut donc être considérée comme un processus de sélection qui crée, ou fixe, la forme réelle de l’univers.
Toutefois, dans la conception quantique de la nature, ce processus est graduel, alors que dans la physique classique, un choix initial instantané fixe une fois pour toutes l’histoire entière de l’univers. La seconde propriété fondamentale des sauts quantiques est leur non-localité. Chacun de ces sauts peut se produire d’une façon spéciale dans une région locale de l’espace. Ainsi les sauts quantiques dont nous venons de parler servent à fixer soit les points des parties d’un appareil de mesure ou du cerveau humain.
Toutefois, chaque saut entraîne des changements compensateurs dans d’autres parties très éloignées de l’univers. Les formes précises de ces changements sont déterminées par la théorie quantique et leur structure est telle que le saut quantique doit être fondamentalement non localisé : le saut quantique est intrinsèquement une modification de tout l’univers et il s’étend sur tout l’espace. On ne peut imaginer le saut quantique, par exemple, comme l’effet de l’injection de quelques perturbations, ou un choix, dans une région localisée de l’espace. Le saut quantique est intrinsèquement global.
La nature de ces deux propriétés des sauts quantiques entraîne une modification profonde de la conception de la place de l’homme dans l’univers, si on la compare à la place que lui donne la physique classique. L’homme n’est plus un rouage à tout jamais déterminé d’une gigantesque machine. Il est plutôt un des éléments du processus fondamental qui forme et définit l’univers. Cet élément s’exprime lui-même par des choix qui ne soit contrôlés par aucune loi connue de la nature et même s’il s’exprime directement par le corps humain, il est intrinsèquement et immédiatement relié à l’univers entier, conformément à des formules mathématiques précises définies par la théorie quantique.
D’autres études s’imposent. Mais iI semble que l’analogie entre le cerveau et les appareils de mesure quantique est appropriée : comme pour les appareils de mesure quantique, le choix de l’état final macroscopique sera déterminé par un « saut quantique » dans le système macroscopique en faveur des états macroscopiques éventuels possibles. Si en réalité le cerveau ressemble ainsi aux appareils de mesure quantique, les conséquences quant à la place de l’homme dans l’univers sont profondes.
Ces conséquences découlent directement de deux propriétés fondamentales des sauts quantiques. La première propriété fondamentale des sauts quantiques, selon la conception quantique de la nature, est que les choix faits par ces sauts ne suivent pas les lois mathématiques du dynamisme classique. Les lois quantiques ne déterminent que les probabilités des divers choix possibles, elles ne déterminent pas lequel de plusieurs choix possibles sera fait en réalité. Les choix réels ressemblent davantage, en réalité et logiquement, aux choix des conditions initiales de la physique classique, en ce sens qu’ils sont hors de la portée d’un pouvoir mathématique déterminé, mais qu’ils déterminent quand même collectivement la forme réelle de l’univers macroscopique. La suite complète des événements quantiques peut donc être considérée comme un processus de sélection qui crée, ou fixe, la forme réelle de l’univers.
Toutefois, dans la conception quantique de la nature, ce processus est graduel, alors que dans la physique classique, un choix initial instantané fixe une fois pour toutes l’histoire entière de l’univers. La seconde propriété fondamentale des sauts quantiques est leur non-localité. Chacun de ces sauts peut se produire d’une façon spéciale dans une région locale de l’espace. Ainsi les sauts quantiques dont nous venons de parler servent à fixer soit les points des parties d’un appareil de mesure ou du cerveau humain.
Toutefois, chaque saut entraîne des changements compensateurs dans d’autres parties très éloignées de l’univers. Les formes précises de ces changements sont déterminées par la théorie quantique et leur structure est telle que le saut quantique doit être fondamentalement non localisé : le saut quantique est intrinsèquement une modification de tout l’univers et il s’étend sur tout l’espace. On ne peut imaginer le saut quantique, par exemple, comme l’effet de l’injection de quelques perturbations, ou un choix, dans une région localisée de l’espace. Le saut quantique est intrinsèquement global.
La nature de ces deux propriétés des sauts quantiques entraîne une modification profonde de la conception de la place de l’homme dans l’univers, si on la compare à la place que lui donne la physique classique. L’homme n’est plus un rouage à tout jamais déterminé d’une gigantesque machine. Il est plutôt un des éléments du processus fondamental qui forme et définit l’univers. Cet élément s’exprime lui-même par des choix qui ne soit contrôlés par aucune loi connue de la nature et même s’il s’exprime directement par le corps humain, il est intrinsèquement et immédiatement relié à l’univers entier, conformément à des formules mathématiques précises définies par la théorie quantique.
III. LES CONSÉQUENCES SUR LES VALEURS HUMAINES
La question est maintenant la suivante : cette perception modifiée
de l’homme a-t-elle des conséquences sur les valeurs humaines, et quelles
sont-elles ?
Une approche totalement rationnelle ne nous conduit-elle pas à considérer que l’intérêt personnel est la seule valeur réelle ? Probablement ! Mais cette conclusion mène à une autre question : Quel est donc cet intérêt personnel qui serait la seule valeur ?
Les valeurs prennent naissance dans l’image que l’on a de soi. Règle générale, nous sommes amenés par notre formation, les enseignements, la propagande ou par d’autres formes d’indoctrination à élargir la conception de nous-mêmes ; on nous apprend à nous concevoir comme une partie intégrante de quelques unités sociales, par exemple, la famille, le groupe religieux, la nation, etc., et à élargir notre propre intérêt aux dimensions des intérêts de ce groupe.
Il importe peu, dans le contexte actuel, que cette tendance humaine à élargir son image personnelle, provienne d’une malléabilité naturelle, d’une tendance instinctuelle, d’une inspiration spirituelle, ou de quelque autre source. Ce qui compte, c’est que nous, les humains, avons en réalité la capacité d’élargir notre image personnelle et que cette image agrandie peut devenir la base d’une énergie si puissante qu’elle deviendra la force dominante de notre action, surpassant tout autre facteur, y compris même l’instinct de conservation.
Mais contre les forces sociales qui nous poussent à élargir le concept de notre être, se dresse la force de la raison. La raison exige que l’on fonde les croyances sur des preuves. Si nous cherchons des preuves pour les croyances touchant notre propre nature par rapport aux autres parties de l’univers, la science se prétend alors compétente, ou au moins utile. La physique se considère comme la science fondamentale.
Toutefois, la physique dans sa forme classique, n’offre aucun fondement pour toute notion élargie de notre identité. Toute personne n’est simplement qu’un amas localisé d’atomes liés temporairement ensemble selon une configuration quasi stable. Toute notion voulant que l’identité personnelle soit fondamentalement plus que cette collection d’atomes, reliés ensemble par des forces mathématiques déterminantes, est considérée comme un produit de l’imagination, sans aucun fondement dans les faits empiriques.
Ainsi la raison, se fiant aux preuves fournies et interprétées par la physique classique, pourra peut-être proposer une conception « éclairée » de l’intérêt personnel, mais toujours selon la conception étroite qu’elle se fait de notre identité personnelle ; elle ne propose rien qui conduirait à un élargissement fondamental de soi-même. La raison se révèle donc une force opposée aux forces sociales. Grâce à la conception quantique de l’homme, la science se range dans le camp des forces sociales. Les preuves scientifiques, interprétées à la façon de Heisenberg, élargissent la conception de l’identité personnelle bien au-delà des simples idées avancées par les forces sociales : l’être humain ne rejoint pas seulement les organismes sociaux au point d’en faire partie intégrante, mais devient une part intrinsèque non localisée de l’auto-formation de l’univers lui-même ; l’être humain devient un organisme complètement soustrait de l’emprise de toutes les lois mathématiques connues et joue, à une petite échelle, un rôle semblable à celui de l’établissement des conditions initiales de l’univers, prérogative réservée dans la physique classique à quelque organisme extérieur au monde physique.
La conception quantique de l’homme ressemble, sous certains aspects limités, à l’image qu’en donnent divers systèmes religieux. Elle pourrait donc capter les puissantes vibrations que les croyances religieuses suscitent chez les humains. Mais contrairement aux croyances antécédentes, la conception quantique ne s’oppose nullement aux preuves de la science, mais elle découle, presque automatiquement, de la conception la plus largement acceptée de l’univers et la plus compatible avec les résultats de la science moderne.
L’assimilation de cette conception quantique de l’homme par l’environnement culturel du 21ème siècle produira inévitablement une réorientation des valeurs profitables à la survie de l’espèce humaine. La conception quantique donne à l’être humain un sens élargi de sa dignité et de son rôle d’architecte de l’univers.
De cette image personnelle, l’être humain tirera des valeurs élevées qui le feront déborder les confins étroits de son intérêt personnel. Fondée sur des preuves scientifiques dont tous les hommes peuvent également se prévaloir, la conception quantique n’est pas le rejeton de situations historiques propres à des groupes sociaux particuliers qui l’exploitent à son profit ; elle a donc le potentiel d’offrir un système universel de valeurs adaptées à tous les hommes, sans égard aux accidents de la naissance. Si cette conception quantique de l’homme se répand, la science se sera accomplie, en ajoutant aux avantages matériels qu’elle a déjà procurés une pensée philosophique qui a peut-être encore plus de valeur.
Une approche totalement rationnelle ne nous conduit-elle pas à considérer que l’intérêt personnel est la seule valeur réelle ? Probablement ! Mais cette conclusion mène à une autre question : Quel est donc cet intérêt personnel qui serait la seule valeur ?
Les valeurs prennent naissance dans l’image que l’on a de soi. Règle générale, nous sommes amenés par notre formation, les enseignements, la propagande ou par d’autres formes d’indoctrination à élargir la conception de nous-mêmes ; on nous apprend à nous concevoir comme une partie intégrante de quelques unités sociales, par exemple, la famille, le groupe religieux, la nation, etc., et à élargir notre propre intérêt aux dimensions des intérêts de ce groupe.
Il importe peu, dans le contexte actuel, que cette tendance humaine à élargir son image personnelle, provienne d’une malléabilité naturelle, d’une tendance instinctuelle, d’une inspiration spirituelle, ou de quelque autre source. Ce qui compte, c’est que nous, les humains, avons en réalité la capacité d’élargir notre image personnelle et que cette image agrandie peut devenir la base d’une énergie si puissante qu’elle deviendra la force dominante de notre action, surpassant tout autre facteur, y compris même l’instinct de conservation.
Mais contre les forces sociales qui nous poussent à élargir le concept de notre être, se dresse la force de la raison. La raison exige que l’on fonde les croyances sur des preuves. Si nous cherchons des preuves pour les croyances touchant notre propre nature par rapport aux autres parties de l’univers, la science se prétend alors compétente, ou au moins utile. La physique se considère comme la science fondamentale.
Toutefois, la physique dans sa forme classique, n’offre aucun fondement pour toute notion élargie de notre identité. Toute personne n’est simplement qu’un amas localisé d’atomes liés temporairement ensemble selon une configuration quasi stable. Toute notion voulant que l’identité personnelle soit fondamentalement plus que cette collection d’atomes, reliés ensemble par des forces mathématiques déterminantes, est considérée comme un produit de l’imagination, sans aucun fondement dans les faits empiriques.
Ainsi la raison, se fiant aux preuves fournies et interprétées par la physique classique, pourra peut-être proposer une conception « éclairée » de l’intérêt personnel, mais toujours selon la conception étroite qu’elle se fait de notre identité personnelle ; elle ne propose rien qui conduirait à un élargissement fondamental de soi-même. La raison se révèle donc une force opposée aux forces sociales. Grâce à la conception quantique de l’homme, la science se range dans le camp des forces sociales. Les preuves scientifiques, interprétées à la façon de Heisenberg, élargissent la conception de l’identité personnelle bien au-delà des simples idées avancées par les forces sociales : l’être humain ne rejoint pas seulement les organismes sociaux au point d’en faire partie intégrante, mais devient une part intrinsèque non localisée de l’auto-formation de l’univers lui-même ; l’être humain devient un organisme complètement soustrait de l’emprise de toutes les lois mathématiques connues et joue, à une petite échelle, un rôle semblable à celui de l’établissement des conditions initiales de l’univers, prérogative réservée dans la physique classique à quelque organisme extérieur au monde physique.
La conception quantique de l’homme ressemble, sous certains aspects limités, à l’image qu’en donnent divers systèmes religieux. Elle pourrait donc capter les puissantes vibrations que les croyances religieuses suscitent chez les humains. Mais contrairement aux croyances antécédentes, la conception quantique ne s’oppose nullement aux preuves de la science, mais elle découle, presque automatiquement, de la conception la plus largement acceptée de l’univers et la plus compatible avec les résultats de la science moderne.
L’assimilation de cette conception quantique de l’homme par l’environnement culturel du 21ème siècle produira inévitablement une réorientation des valeurs profitables à la survie de l’espèce humaine. La conception quantique donne à l’être humain un sens élargi de sa dignité et de son rôle d’architecte de l’univers.
De cette image personnelle, l’être humain tirera des valeurs élevées qui le feront déborder les confins étroits de son intérêt personnel. Fondée sur des preuves scientifiques dont tous les hommes peuvent également se prévaloir, la conception quantique n’est pas le rejeton de situations historiques propres à des groupes sociaux particuliers qui l’exploitent à son profit ; elle a donc le potentiel d’offrir un système universel de valeurs adaptées à tous les hommes, sans égard aux accidents de la naissance. Si cette conception quantique de l’homme se répand, la science se sera accomplie, en ajoutant aux avantages matériels qu’elle a déjà procurés une pensée philosophique qui a peut-être encore plus de valeur.
SCIENCE ET SENS
Anne DAMBRICOURT MALASSÉ
Paléoanthropologue, chargée de recherches au CNRS. Un texte montrant
comment la question du sens se pose aussi dans les sciences de l’évolution.
Notre société occidentale cherche à mieux vivre, c’est-à-dire qu’elle se
soucie du comment vivre, néanmoins elle laisse de côté la question du Sens,
pourquoi vivre.
Elle aurait résolu la question en disant que tout simplement cette
question n’a pas de sens, car les hommes sont nés du hasard ou d’une façon plus
technique, d’un attracteur universel qui est le chaos déterministe.
Pour autant cette affirmation a-t-elle de réels fondements
scientifiques ? Si c’est vrai cela veut dire au moins trois choses :
1° que les hommes d’anatomie moderne sont les formes les plus improbables de
toute l’histoire de l’Univers, car les plus tardives, 2° que les hommes n’ont
pas de destinée car ce qui sortira de leurs entrailles est encore plus
imprédictible, 3° que le fait de parler de Dieu est un événement hautement
improbable. La notion de Dieu dans ce cas est toute aussi improbable que
l’existence humaine puisqu’elle n’existe pas sans les hommes.
La question à poser est celle-ci en définitive. Est-ce que les hommes
parlent de Dieu par hasard ?
Et, plus important encore est-ce que les révélations des religions
monothéistes ont une signification pour le processus de l’hominisation ?
Je crois que nous pouvons aborder le problème sous cet angle, car s’il
nous est interdit de penser sur Dieu en Science, c’est parce que des
scientifiques affirment que les hommes sont nés par hasard et que le fait de
parler de Dieu un jour, dans l’histoire de l’Univers, n’a pas de sens.
S’il s’avère au contraire, par des voies scientifiques, que les hommes
s’inscrivent dans une naissance, un processus non aléatoire, alors le fait de
parler de Dieu a un sens et ce sens s’inscrit dans celui du processus.
La première étape consiste donc à montrer si l’hominisation est la
conséquence d’une suite aléatoire d’événements ou non.
Voici donc les propositions qui vont nous permettre de répondre à la
question : Si les hommes naissent du chaos déterministe, alors il ne doit
pas apparaître de trajectoire évolutive stable. Il ne doit pas apparaître de
logique dans le déroulement de l’évolution des formes. En effet, un système
chaotique a une trajectoire qui finit par se subdiviser en des myriades de
sous-trajectoires imprévisibles. Le cadre théorique est celui du Non-Sens.
Si cela est vrai, la phylogenèse qui va des premiers mammifères
(mammaliens) aux hommes doit apparaître comme un buissonnement de phylums, une
succession de fourches qui divergent de façon aléatoire. En aucun cas donc la
phylogenèse ne doit ressembler à une droite, au bout de laquelle aujourd’hui se
placent les hommes.
Une telle droite signifierait que la trajectoire évolutive est
anormalement stable pour un univers soumis aux déviations naturelles provoquées
par toute sorte d’accidents ou de contingences. Elle signifierait que le rôle
du hasard et le poids de la contingence sont dominés par autre chose, non pas
qu’ils n’existent pas, mais leur effet de déviances serait annihilé ; au
contraire le système userait de ces aléas pour se maintenir. Ou bien encore, il
serait étranger à la logique chaotique (l’imprédictibilité croissante suite aux
divergences imprévisibles). Une chose qui s’en nourrit par exemple au lieu de
s’en trouver perturbée. Une telle droite impliquerait enfin la conservation
d’une logique interne irréversible, insensible aux effets de déviances et pour
cela nous manquons de concepts.
Donc je résume : Si la théorie du chaos déterministe est
généralisable à tous les processus évolutifs et si nous sommes nés de ce chaos
notre phylogenèse depuis 60 millions d’années doit ressembler à un suite de
systèmes sans cesse déviés de leur trajectoire par des aléas, des accidents,
des événements qui croisent les trajectoires, et les dévient.
Si nous sommes attendus, et ce qui nous précède également, nous devons
nous inscrire dans une trajectoire stable, inchangée, quel que soit le nombre
de transformations qui se sont succédées depuis les premiers mammifères par
exemple.
60 millions d’années c’est beaucoup, ce sont des modifications dans la
configuration des continents, des modifications climatiques, génétiques, des
extinctions d’espèces, des bouleversements géomorphologiques, c’est
l’assèchement de la Méditerranée, c’est le rift africain, ce sont des ponts ou
des ruptures de ponts intercontinentaux, ce sont des flux de radiations
cosmiques variables. Bref, c’est une somme astronomique d’événements inattendus
et largement susceptibles de dévier des trajectoires évolutives des espèces.
Cette somme d’événements est suffisante pour douter qu’il puisse exister
une trajectoire évolutive stable, immuable, inébranlable, jamais déviée, depuis
au moins 60 millions d’années et qui se retrouvait condensée, récapitulée dans
l’ontogenèse humaine actuelle. Avant de regarder en détail notre histoire
proche, je voudrais revoir une histoire plus ancienne qui ne ressemble pas du
tout au chaos déterministe. Ce sont les 11 milliards d’années depuis le Big
Bang qui conduisent à la vitalisation de la matière sous forme de cellules
auto-reproductrices.
Ces 11 milliards d’années ont une trajectoire évolutive stable, laquelle
a une logique interne évidente, mais que l’on ne saisit pas encore pleinement.
Elle est intelligible, comme le disait Einstein. Elle est sensée.
Le consensus se précise pour dire que les 11
milliards d’années dérivent inéluctablement vers la vie, donc que la vie est
attendue. Mais ce consensus s’effrite littéralement dès que l’on se penche sur les
4 derniers milliards d’années. Les scientifiques changent radicalement le
discours, ils se coupent des événements précédents et affirment que tout
devient du chaos déterministe. La prédictibilité aurait subitement disparu. De
théoriciens du Sens, ils deviennent théoriciens du Non-Sens.
Je cite Prigogine et Stengers dans la Nouvelle Alliance :
« L’homme dans sa singularité n’était certainement ni appelé, ni attendu
par le monde (…) ; dans des conditions bien déterminées et qui ne semblent
pas d’une rareté exceptionnelle, la vie, elle, est prévisible dans l’Univers,
elle constitue un phénomène aussi « naturel » que la chute des corps
graves ».
L’émergence de la conscience réfléchie, elle, selon une telle
affirmation, ne serait pas un phénomène aussi naturel que la chute des corps
graves ou la vitalisation de la matière. La vie est attendue, 11 milliards de
dérive cosmogénique naturelle donne inéluctablement la vitalisation mais ni les
hommes, ni les singes, ni les Australopithèques au terme des 4 milliards
d’années, ne sont attendus. L’émergence de la conscience s’inscrirait dans la
théorie du Non-Sens.
On sent très bien derrière cette affirmation la volonté de procéder à
une rupture complète dans la logique des processus, car le désir le plus tenace
est que l’homme soit le plus inattendu, le plus insignifiant des êtres vivants,
il n’était certainement ni appelé ni attendu.
Mais quelles sont les bases scientifiques de cette certitude quand on ne
sait même pas comment un embryon de grand singe peut devenir un embryon
d’australopithèque ?
La trajectoire de ces 11 milliards d’années était terriblement stable
jusqu’à l’apparition de la vie, mais après, il n’est plus question d’envisager
la stabilité de cette même trajectoire, je dis bien même trajectoire, donc
l’itération de l’attracteur. De sensée l’évolution devient insensée.
Si la vie est attendue mais si les hommes, les singes, les premiers
mammifères ne le sont pas, alors il s’est produit un événement sans précédent
vers 4 milliards d’années car l’attracteur a brusquement changé. Mais cela dit
est-ce que les choses se sont passées de cette façon ? Quels sont les
fondements qui nous font changer de paradigme, passer du paradigme du Sens au
paradigme du Non-Sens ?
L’attracteur est un concept mathématique, il permet de donner un cadre
théorique pour modéliser le comportement d’un système dans le temps.
L’attracteur chaotique s’observe pour les systèmes dynamiques qui sont
très loin de l’équilibre et qui reçoivent de l’énergie. Ils ne reviennent pas
deux fois sur la même position, une fluctuation peut brusquement les faire
bifurquer dans un bassin d’attraction imprédictible. La bifurcation est
imprédictible. Et l’histoire continue, les systèmes sautent de bassin
d’attraction en bassin d’attraction, de façon aléatoire, si bien qu’à long
terme, le résultat final est complètement imprévisible et loin de toute
attente.
Autrement dit si la trajectoire évolutive du système est sous la
dominance d’un attracteur chaotique, c’est l’imprédictibilité du comportement à
moyen terme qui domine la logique de son histoire et elle est insensée.
L’attracteur des systèmes à croissance irréversible chez le vivant
serait chaotique. On ne peut pas en fait parler de croissance. L’attracteur
chaotique est l’attracteur évolutif du Paradigme du Non-Sens.
Est-ce pour autant l’attracteur des 11 milliards d’années ? Non
puisque que l’on observe le contraire : plus le nombre de bifurcations
ou de paliers d’organisation s’accumule, c’est-à-dire le passage
quarks-nucléons, nucléons-atomes, atomes-molécules, etc…. plus la probabilité
de voir la vie apparaître s’élève, c’est tout le contraire de
l’imprédictibilité du chaos déterministe, c’est une probabilité croissante, la
prédictibilité s’élève à mesure que le système s’éloigne de son état initial,
avec une accélération du temps. Les transitions se font de plus en plus vite.
Donc l’attracteur de cette trajectoire n’est pas de type chaotique,
celui pour lequel l’imprédictibilité s’élève. Il faut envisager d’autres
attracteurs pour les systèmes éloignés de l’équilibre.
J’ai nommé cet attracteur, attracteur harmonique car il conserve les
corrélations acquises par le palier, ils les intègrent. Il évite la divergence,
il mémorise, il intègre et il n’est pas sensible aux effets de déviances des
conditions initiales. Si cette sensibilité de déviance survient, alors la
trajectoire diverge de façon imprédictible et l’attracteur devient localement
chaotique. Du Sens nous évoluons vers le Non-Sens.
Comment expliquer la constance de la trajectoire alors que ceci n’est
valable que pour les cycles. Eh bien c’est parce qu’effectivement quelque chose
reste cyclique d’une part et qu’autre chose reste stable. Pour cela il faut
regarder la logique du phénomène dans ses grandes lignes.
1° elle agit toujours dans le dernier plan d’organisation, elle est
irréversible.
2° elle consiste à intégrer les éléments du dernier palier, à les
rapprocher et à en dégager des liens nouveaux, des corrélations, si bien que
l’on observe un processus d’intégration. Isolés, les éléments tels que les
particules par exemple restent des particules. Mais tous ne sont pas restés
isolés les uns des autres, une partie infime en quelque sorte a connu cette
attraction. Ils créent si je puis dire par cet effet de rapprochement ou de
convergence, une situation d’émergence locale avec la naissance des nucléons à
partir des quarks, des atomes à partir de particules, ou des molécules à partir
des atomes et ainsi de suite.
3° on observe comme une gravitation, un
effondrement local des éléments d’un même plan d’organisation, comme s’ils
étaient attirés les uns par les autres. Mais une fois intégrés ils demeurent à
des distances de plus en plus grandes. Ce sont des sortes d’effondrements
locaux retenus et il en sort un arrangement énergétique nouveau, les quarks,
les nucléons, les atomes, les molécules, les cellules toujours plus chargées
d’informations.
Donc la logique est une sorte de gravitation
contenue qui se réitère, une sorte d’attraction-répulsion qui consiste à
prendre les éléments d’un même plan d’organisation et à les intégrer, ce qui
forme un système plus diversifié, plus complexe et plus dynamique.
La constante, c’est cette gravitation. Il
apparaît un champ de gravité très intense dans certains lieux de l’Univers, et
ce champ agit sur le dernier palier d’organisation. Quant au cycle c’est la
résultante de cette gravitation interne associée à l’unicité de la solution,
qui est l’intégration des éléments avec émergence d’un système plus informé et
plus dynamique. On pourrait parler de gravitation par intégration et explosion
de complexité dans une accélération, comme dans un trou noir, mais de ces trous
noirs là s’échappe de l’information et il se produit des explosions de
complexités.
Ce sont les propriétés d’intégration qui
échappent à notre connaissance.
Si les hommes sont attendus, ou si la conscience réfléchie est attendue,
elle doit procéder de cette même logique de gravitation. Nous devons nous
inscrire dans un champ de gravité en accélération dont les propriétés sont
encore inconnues. L’attracteur est harmonique et l’évolution se déroule selon
un processus logique, reproductible, sensé ; Et qu’est-ce qui peut converger
au stade humain, en dehors des cellules reproductrices pour donner un nouveau
palier d’organisation ?
Pour répondre à la question, il faut tout de suite pouvoir raisonner en
termes de systèmes dynamiques donc se pencher sur l’ontogenèse. S’il y a
évolution des formes adultes entre les générations, c’est parce que la
trajectoire de la mise en forme des os pour aboutir à la forme adulte a changé.
Nous allons regarder la croissance du crâne.
Il se trouve que la croissance du crâne a une trajectoire et que c’est
cette trajectoire qui évolue. Donc ma question est : comment cette
trajectoire a-t-elle évolué, d’une façon inattendue ? Ce qui serait une
bifurcation chaotique, ou selon une logique stable et répétitive, donc
prédictible ?
L’évolution de l’ontogenèse crânienne a-t-elle une trajectoire
stable ?
L’embryon a-t-il connu une situation qui s’est déjà vue dans le passé,
qui se réitère, et a-t-il repris dans la logique de la solution, la réponse de
ses ancêtres ? Dans ce cas, le processus reste stable. Un processus a été
découvert en France il n’y a pas 10 ans, par le Dr. Deshayes en orthopédie
dento-faciale d’une part et en paléontologie humaine d’autre part. Aussi
surprenant que cela puisse paraître, on ne connaissait pas la logique
architecturale globale du crâne et la plupart des anthropologues et
paléontologues l’ignorent encore. On connaissait des parties de la logique du
développement, mais pas son intégralité comme les éléments épars d’un puzzle
dont le paysage n’apparaît pas.
Ce processus se visualise par des formes géométriques telles qu’un
pantographe, c’est un mouvement qui se déroule dans les trois dimensions.
Avec le Dr. Deshayes nous sommes en train de démontrer que le
développement de la face, mandibule comprise, suit une trajectoire logique de
contraction-extension. En gros la face s’élargit, s’élève et glisse sous le
frontal par suite d’un mouvement inverse observé à la base du crâne, un
mouvement de flexion qui coude la base du crâne et porte le cou vers le bas et
l’avant.
J’ai appelé ce processus contraction cranio-faciale. Le Dr. Deshayes
parle de biodynamique cranio-faciale.
Voici cette logique interne qui débute chez l’embryon.
La base du crâne est initialement plane chez l’embryon, elle est soumise
au développement du cerveau embryonnaire qui est placé juste au-dessus et qui
suit une trajectoire, un enroulement spiral. Plus le cerveau embryonnaire
s’enroule et plus la base se plie, et plus elle se plie, plus la mandibule et
la face se contractent sous le cerveau et s’élargissent.
On modélise le mouvement avec un pantographe. Il permet de suivre la
logique des déformations.
Un cerveau embryonnaire qui tourne peu de temps donne une base crânienne
peu contractée et un pantographe bas et ouvert, et inversement un cerveau
embryonnaire qui tourne longtemps correspond à une base de crâne très
contractée, un pantographe haut, étroit et fermé.
La contraction est maximale au terme de la période embryonnaire,
c’est-à-dire au terme des premières semaines intra-utérines.
Maintenant dans le désordre apparent des espèces actuelles de primates,
je trouve un arrangement logique, je trouve quatre groupes correspondant à
quatre amplitudes de contraction croissante, le groupe des primates très
primitifs comme les lémuriens de Madagascar, le groupe des petits singes comme
le macaque ou le gibbon, le groupe des grands singes comme le chimpanzé et le
groupe humain. Et n’apparaît pas d’intermédiaires.
Lorsque l’on regarde les fossiles, cette fois, on retrouve exactement
les mêmes regroupements, dont deux qui ont disparu et qui sont totalement
fossiles. Mais surtout on voit se mettre en place la logique de regroupements,
elle est chronologique. Les prosimiens sont les premiers et ce sont les moins
dynamiques, les moins enroulés, les petits singes suivent, ensuite ce sont les
grands singes, les Australopithèques qui gardent la contraction cranio-faciale
jusqu’au stade adulte alors qu’elle s’interrompt chez le grand singe peu après
la naissance, d’où le développement des potentialités psychomotrices bipèdes
déjà présentes chez les jeunes et leur présence au stade adulte, suivent les
Hommes archaïques dont l’homme de Néanderthal, et depuis seulement 100 000 ans,
l’Homo sapiens, notre palier de contraction.
Voilà le résultat. Les hommes sont à l’apex d’une trajectoire stable.
Ils ne sont pas noyés dans un nuage de trajectoires aléatoires comme l’aurait
voulu une attraction chaotique. La trajectoire est logique, elle est sensée,
elle n’est pas chaotique. Voilà ce qu’il fallait vérifier.
L’émergence des hommes et de la conscience
réfléchie s’inscrit dans le paradigme du Sens et non celui du Non-Sens.
Cette droite n’est pas subjective, c’est la distribution naturelle des
fossiles dans le temps établie sur l’organisation architecturale du crâne,
laquelle, je le précise maintenant n’était pas connue.
C’est le point fort de l’argumentation.
C’est une vraie découverte scientifique.
On voit donc une trajectoire, une constante, un processus qui se répète,
se réitère dans le dernier palier d’organisation, que j’appelle ici une
ontogenèse fondamentale.
Cela paraît graduel, mais en fait c’est
discontinu, comme pour les 11 milliards d’années de cosmo-biogenèse. C’est une
logique similaire : l’embryogenèse est intégrée, elle est dynamisée,
l’embryon est restructuré de la tête aux pieds, il se développe plus longtemps,
et tout le système nerveux se complexifie en se spécialisant dans la
compréhension du monde environnant. Le sens est l’instinct naturel de cette phylogenèse. Nous observons des paliers
successifs avec des discontinuités qui correspondent à l’émergence
de systèmes de plus en plus dynamiques, de plus en plus intégrés, avec une
polarisation très nette au pôle céphalique, le système nerveux central gagne en
potentialités d’analyse et de synthèse, il devient capable d’analyser le sens
contenu dans les flux d’informations qui lui parviennent, et donc devient apte
à révéler (dévoiler) le sens contenu dans son environnement.
Si Prigogine et Gould avaient eu raison jamais nous ne pourrions
observer une telle stabilité dans la trajectoire. Elle défie tous les modèles
évolutifs. Comment admettre que les espèces transmettent une tendance,
malgré toutes les crises possibles et imaginables, comment concilier les mutations
génétiques ou agitations moléculaires de l’ADN et la transmission d’une
évolution embryonnaire stable, inchangée, qui plus est en accélération.
Voilà la preuve objective que les
hommes relèvent d’un processus qui est totalement à part du chaos déterministe
et des contingences aux effets de déviance. Ceci est une conclusion
scientifique, elle est testable, en outre elle est prédictible car elle permet
de comprendre l’émergence de déséquilibres craniofaciaux infantiles centrés sur
la contraction cranio-faciale. Il nous faut donc concevoir un nouveau cadre
théorique, et intégrer le paradigme du Non-Sens dans un paradigme plus vaste,
qui le contienne et en exprime la genèse. C’est le paradigme du Sens.
Nous sommes issus d’une trajectoire stable,
cette logique ne se laisse pas dévier par les aléas qui l’entourent,
c’est toujours la même gravitation depuis 15 milliards d’années,
c’est toujours la même logique avec l’intégration des éléments du plan et émergence d’un système plus complexe, plus dynamique, plus chargé d’informations et
qui transmet à son tour de façon irréversible la logique de la gravitation et sa résolution.
cette logique ne se laisse pas dévier par les aléas qui l’entourent,
c’est toujours la même gravitation depuis 15 milliards d’années,
c’est toujours la même logique avec l’intégration des éléments du plan et émergence d’un système plus complexe, plus dynamique, plus chargé d’informations et
qui transmet à son tour de façon irréversible la logique de la gravitation et sa résolution.
Voilà le résultat, les hommes émergent d’un processus qui est stable, sa
logique est reproductible, elle est répétitive, rien n’est venu la dévier, pas
même la Rift Valley (ses effets écologiques hypothétiques sont mis en cause
depuis mai 94 par la découverte d’un environnement stable en fait depuis 15
millions d’années, la savane ayant toujours côtoyé la forêt, même avec ou sans
Rift Valley).
L’attracteur de l’hominisation ressemble à celui qui était là avec les
monocellulaires, il y a 4 milliards d’années, et qui était là bien avant, depuis le Big Bang, avant la formation des quarks, depuis la brisure
de symétrie du proto-univers. Il n’a pas disparu. C’est un attracteur
harmonique. L’attracteur de la conscience est un attracteur harmonique.
Il est toujours là, et où précisément ? Il est dans le dernier plan et ce
dernier plan pour le moment, ce sont les hommes, c’est nous.
Cette gravitation qui n’a de cesse de s’accélérer, comme en témoigne la
phylogenèse, était présente avant les quarks bien sûr. Les quarks seraient
comme une adaptation locale de l’étoffe proto-universelle, si je puis dire, où
s’est produite la fameuse brisure de symétrie initiale, un déséquilibre d’où
tout est parti.
Les arrangements ont toujours été locaux, il s’agit toujours d’un événement local qui
ne concerne qu’une partie de l’Univers, seuls quelques éléments se sont trouvés
dans ce que l’on pourrait appeler une attraction fondatrice, le champ
de gravitation de l’émergence du Sens. Aujourd’hui il existe plus d’hélium
dans l’Univers que de cellules par exemple, et plus de cellules que de
consciences réfléchies. Il existe plus de quarks que d’atomes, et donc en toute
logique, il existe infiniment plus de cette force gravitationnelle qui
pré-existait aux quarks, et dont une partie est contenue dans les quarks.
Consécutivement une partie de cet univers est aussi au sein de nous-mêmes.
Nous pouvons nous interroger : la gravitation agirait-elle sur
elle-même ? Sommes-nous toujours liés à cette force, à cette dissymétrie
fondatrice, est-ce là le cordon ombilical qui alimente la dynamisation de cette
complexification universelle. Je pose la question.
Le sens qui nous interpelle peut-il naître du non-sens ? On peut
penser que le Sens n’a eu de cesse de se répandre depuis la rupture de symétrie
initiale dont est né le Big Bang. La cicatrice ne prend pas, la cicatrice n’a
jamais complètement pris, il s’en échappe un flux de matière-énergie chargé de
Sens, qui n’a de cesse de coaguler et de répandre à nouveau, à chaque rupture
de symétrie, à chaque fois que la reproductibilité du plan est brisée avec
l’émergence d’une organisation plus riche d’information. Les hommes sont
l’actualisation consciente de cette brisure de symétrie après 15 milliards
d’années d’hémorragie de Sens. Les mammifères non primates ont continué
d’évoluer en se complexifiant, mais ces actualisations de la rupture de
symétrie ne sont pas suffisamment intégrées pour permettre la prise de
conscience de l’existence de cette fluctuation initiale. Cette actualisation
n’est pas une prise de conscience, la signification, s’il y en a une ne peut
être révélée.
Je formule maintenant ma conclusion :
1° L’existence humaine est un événement local mais non inattendu
2° Elle s’inscrit dans une trajectoire irréversible harmonique non
chaotique
3° tel un cœur dont les cellules ont des trajectoires aléatoires, mais
concourent à une même fonction qui les corrèle, prédictible de ce fait, donc
non chaotique, le tissu humain aurait une fonction particulière, que nous
devons comprendre,
4° les personnes humaines sont aléatoires mais elles appartiennent à un
système harmonique, ce qui implique que les personnes sont corrélées et interactives
dans une même fonction. Cette fonction reste préservée au-delà des aléas
individuels et reproductibles. Il apparaît comme un principe de
non-séparabilité entre les personnes humaines, mais il peut être rompu.
5° le fait de parler de Dieu ou d’une entité divine n’est pas un hasard,
il est une propriété émergente attendue,
6° Cette propriété participe à l’émergence de la prochaine étape
évolutive, vers plus de conscience
7° la logique du processus est celle d’une révélation du Sens de la
déchirure germinale, (la fluctuation initiale, la brisure de symétrie) elle
a une raison d’être et sa signification passe par les hommes, et elle les
outre-passe, car elle dépasse l’entendement humain. Les hommes parmi les
plus éveillés parlent de réel voilé, d’incomplétude,
8° les hommes ne sont pas un but mais un
passage, un passage libre de laisser s’activer à nouveau la
dynamique de la révélation, libre aussi de la refuser en fuyant la question du
Sens
9° Si la Science se met à parler de l’incomplétude, je dirais qu’en
effet cette incomplétude se traduit ici par une absence, non pas celle du Sens,
mais une incomplétude historique, la révélation du Sens est inachevée, l’incomplétude
est un inachèvement,
10° l’homme ne peut saisir le sens qui est en lui sans procéder à une
nouvelle brisure de symétrie qui le projette dans un niveau de conscience
décuplé ; à ce moment l’abstraction du Sens devient possible, mais voilà
la clé-de-voûte, la pierre d’achoppement, qu’est-ce qui dynamise, qu’est-ce qui
intègre, qu’est-ce que cette gravitation que l’on n’atteint jamais, qu’est-ce
que cet attracteur harmonique dans le réel (car c’est ici un concept
mathématique pour décrire une trajectoire irréversible avec une succession
d’effets de seuils et stable dans son principe de l’organisation émergente).
Il faut donc une conscience supérieure à la nôtre pour contenir le Sens
qui est en nous, il faut une réactualisation de l’hominisation. Mais qui va procéder à
cette intégration, à quel niveau se fait-elle ? Il est impossible de
saisir le sens de cette déchirure dont nous sommes nés, sans réactualiser cette
rupture de symétrie par cet acte même de saisie du Sens.
Plus que la conscience humaine, c’est concevable dans un futur des
hommes, en pleine accélération, mais cela suppose aussi - une itération
accélérée des ruptures de symétries, une accélération des convergences
individuelles dans un même bassin d’attraction, une même ouverture pour
recevoir une nouvelle dynamisation.
Nous ne voyons pas la complétude si je puis dire, la solution,
l’achèvement, mais nous le pressentons.
Voilà donc ce que je propose, un cadre théorique scientifique nouveau,
qui intègre la théorie du Chaos, l’imprédictibilité croissante par suite des
ruptures de corrélations au sein d’un même plan, ou encore la dispersion des
trajectoires initialement dans un même bassin d’attraction dans des bassins
attracteurs différents (et donc irréversiblement non convergents). Ce cadre
théorique ajoute le concept d’attracteur harmonique, qui intègre celui de
chaotique et il rejoint le paradigme du Sens, défendu en particulier par Xavier
Sallantin. Les attracteurs harmoniques sont du paradigme du Sens, en devenant
chaotiques (pertes des corrélations au sein d’une cohérence première), ils
ouvrent le paradigme du Non-Sens.
Il est logique que mon discours s’achève sur des interrogations et non
seulement une certitude (scientifique). L’attracteur harmonique existe, c’est
une certitude. Où nous entraîne-t-il c’est une question. Qui peut nous répondre
si c’est Quelqu’un qui est plus que ce que nous sommes. Qui peut nous dévoiler,
au sens propre, notre sens et nos directions d’avenir, si ce n’est un savoir
qui nous contient et nous transcende. La logique veut donc que le dévoilement
du Sens humain soit donné par une conscience encore plus éveillée que la
conscience humaine qui ne peut s’appréhender elle-même, la logique attend donc
des révélations dans l’histoire des hommes.
Or nous avons bien des révélations. Alors c’est aux théologiens
maintenant de confronter ce que ces révélations nous disent des hommes et de
leur condition future avec les données que je viens de vous présenter et qui ne
sont pas limitées à la paléontologie humaine.
..........................
Voila, voila ... What U say ? Entre parenthèse, j'en ai
d'autres dans le genre, si ça vous dit, ya qu'à demander, quand même, 60.000
pages vues en presque dix ans et pas un contact, pas une remarque, pas un
commentaire, si, un, eh bien, quand un vulgaire article de foot du Sun fait
100.000 visites en deux jours, je comprends que la quête du sens, si elle n'est
pas un non-sens ... n'a pas de sens pour tous ! M'enfin, quelqu'un qui sait
entrer ne sait pas forcément sortir, non ? Donc, demander l'entrée à quelqu'un
qui sort, ça a un sens ?? Bref, allez, un petit dernier, eh, take two !
.......................
SCIENCE ET RÉALITÉ,
LA PHYSIQUE QUANTIQUE OU LA FIN DE LA VISION MÉCANISTE DE L’UNIVERS
LA PHYSIQUE QUANTIQUE OU LA FIN DE LA VISION MÉCANISTE DE L’UNIVERS
Bernard d’ESPAGNAT
Physicien, ancien Directeur du
Laboratoire de Physique théorique et des particules élémentaires, Bernard d’Espagnat
est aussi un grand penseur préoccupé par la question de l’Être en se consacrant
notamment aux notions de la mécanique quantique. Il est, à ce titre, auteur de
nombreux ouvrages dont « A la recherche du Réel » et récemment
« Penser la Science ».
Introduction
Il s’agit d’introduire le sujet de telle manière que les esprits
auxquels il est jusqu’ici resté étranger puissent reconnaître qu’il a un sens.
Dans cette perspective, je ne saurais mieux faire je crois, que de centrer une
bonne part de mon exposé sur une critique du mécanicisme.
Certes, je le sais bien, en paroles, tout le monde ou presque aujourd’hui répudie le mécanicisme, mais en fait le mécanicisme demeure très vivace dans le substrat de l’esprit des gens… en tout cas de beaucoup de gens. Et il s’y trouve même renforcé par le fait que certaines disciplines qui ont fait de grands progrès dans les dernières décennies, je pense à la biologie moléculaire, aux neuro-sciences, etc… sont des sciences qui présentent deux caractéristiques.
La première est qu’elles visent à réduire l’objet de leur étude à des phénomènes physiques : et la seconde, c’est que, justement, les phénomènes physiques auxquels ces sciences réduisent (avec un beau succès, d’ailleurs) l’objet de leur étude, sont de ceux qui, en apparence, peuvent être décrits par le schéma mécaniciste. Je pense à ces molécules qui s’enclenchent les unes dans les autres, ou bien qui servent de moule les unes pour les autres. En apparence du moins, tout cela s’inscrit dans une vision mécaniciste.
Donc, dans ces conditions, je pense qu’il est important de se demander, premièrement, si la philosophie du mécanicisme est vraiment réfutée par la physique comme au début de ce siècle on a souvent dit qu’elle l’était, (car ma conclusion sera qu’elle l’est), eh bien, si oui, où cela nous mène-t-il ? Et nous verrons que cela nous mène assez loin. Donc, ce sont ces deux points que je me propose d’examiner.
Certes, je le sais bien, en paroles, tout le monde ou presque aujourd’hui répudie le mécanicisme, mais en fait le mécanicisme demeure très vivace dans le substrat de l’esprit des gens… en tout cas de beaucoup de gens. Et il s’y trouve même renforcé par le fait que certaines disciplines qui ont fait de grands progrès dans les dernières décennies, je pense à la biologie moléculaire, aux neuro-sciences, etc… sont des sciences qui présentent deux caractéristiques.
La première est qu’elles visent à réduire l’objet de leur étude à des phénomènes physiques : et la seconde, c’est que, justement, les phénomènes physiques auxquels ces sciences réduisent (avec un beau succès, d’ailleurs) l’objet de leur étude, sont de ceux qui, en apparence, peuvent être décrits par le schéma mécaniciste. Je pense à ces molécules qui s’enclenchent les unes dans les autres, ou bien qui servent de moule les unes pour les autres. En apparence du moins, tout cela s’inscrit dans une vision mécaniciste.
Donc, dans ces conditions, je pense qu’il est important de se demander, premièrement, si la philosophie du mécanicisme est vraiment réfutée par la physique comme au début de ce siècle on a souvent dit qu’elle l’était, (car ma conclusion sera qu’elle l’est), eh bien, si oui, où cela nous mène-t-il ? Et nous verrons que cela nous mène assez loin. Donc, ce sont ces deux points que je me propose d’examiner.
Description et réfutation du mécanicisme
Tout le monde sait, grosso modo, que le mécanicisme est l’idée que
l’être, l’univers, autrement dit, tout ce qui est, peut être décrit comme une
mécanique. Si on creuse un peu plus précisément dans ce qu’est le mécanicisme,
je crois que l’on y trouve deux idées constitutives. Elles ne sont pas toujours
exprimées, mais en constituent les fondements. La première de ces idées, c’est
que tout est descriptible - au moins qualitativement - au moyen des seuls
concepts familiers ou de concepts obtenus à partir de ceux-ci par des chaînes
relativement courtes d’abstractions ou de généralisations.
En somme, c’est l’idée que le réel est construit un peu à la manière des chronomètres de grand-papa. Je ne pense pas aux horloges à quartz, mais à ces chronomètres-là. C’est très subtil, un vieux chronomètre, c’est très compliqué c’est très complexe, cela comporte toutes sortes de ressorts variés, des roues dentées de toutes les dimensions et tout cela n’est pas mis au hasard, tout cela est agencé de façon très délicate. Donc, je le répète, un chronomètre est, d’une certaine manière, quelque chose de très subtil.
Mais il n’empêche que les concepts qui nous permettent qualitativement de décrire le chronomètre et ses diverses parties sont des concepts simples et familiers. Ce sont le concept de ressort - et tout le monde a vu des ressorts -, le concept de roue dentée -, tout le monde a vu des roues dentées - et le concept de force de contact qui est la force qui joue quand une roue dentée engrène dans une autre roue dentée. Il y a une force qui pousse, l’un des engrenages pousse l’autre : or, cette notion de force de contact est aussi une notion élémentaire, banale, nous avons tous vu quelqu’un pousser quelque chose…
Ainsi, les concepts plus ou moins familiers à la base du mécanicisme ne posent pas, du moins en apparence, de "problèmes conceptuels". Pour les philosophes, ils en posent peut-être. Mais on peut se dire que c’est là leur affaire. Pour nous, d’emblée, comme ça, ils n’en posent pas.
En somme, c’est l’idée que le réel est construit un peu à la manière des chronomètres de grand-papa. Je ne pense pas aux horloges à quartz, mais à ces chronomètres-là. C’est très subtil, un vieux chronomètre, c’est très compliqué c’est très complexe, cela comporte toutes sortes de ressorts variés, des roues dentées de toutes les dimensions et tout cela n’est pas mis au hasard, tout cela est agencé de façon très délicate. Donc, je le répète, un chronomètre est, d’une certaine manière, quelque chose de très subtil.
Mais il n’empêche que les concepts qui nous permettent qualitativement de décrire le chronomètre et ses diverses parties sont des concepts simples et familiers. Ce sont le concept de ressort - et tout le monde a vu des ressorts -, le concept de roue dentée -, tout le monde a vu des roues dentées - et le concept de force de contact qui est la force qui joue quand une roue dentée engrène dans une autre roue dentée. Il y a une force qui pousse, l’un des engrenages pousse l’autre : or, cette notion de force de contact est aussi une notion élémentaire, banale, nous avons tous vu quelqu’un pousser quelque chose…
Ainsi, les concepts plus ou moins familiers à la base du mécanicisme ne posent pas, du moins en apparence, de "problèmes conceptuels". Pour les philosophes, ils en posent peut-être. Mais on peut se dire que c’est là leur affaire. Pour nous, d’emblée, comme ça, ils n’en posent pas.
Or, vous savez (ce n’est pas à vous que je l’apprendrai !) que la
physique contemporaine réfute cette première idée, cette idée que la réalité
peut être décrite au moyen de concepts familiers. Pour le montrer, on peut
remonter loin, mais il peut suffire de n’aller que jusqu’à la relativité
restreinte, la première relativité, celle d’Einstein de 1905, qui a introduit
la notion d’espace-temps. Car la notion d’espace-temps, ce n’est pas du tout un
concept familier. Dans l’espace-temps, si vous changez de référentiel, le
temps se transforme en partie en espace, et inversement. Eh bien,
indéniablement, cette idée-là ne fait partie ni de nos idées intuitives, ni des
abstractions simples que l’on pourrait tirer de nos idées intuitives. Si vous
essayez de remonter à des philosophies plus ou moins traditionnelles, vous ne
trouverez rien de semblable.
Donc, c’est vraiment quelque chose qui dépasse tout à fait nos concepts
familiers. La physique pourtant reconnaît que ce nouveau concept est
nécessaire. Et je ne parle même pas de la relativité générale, qui renchérit
là-dessus avec des espaces courbes et tutti quanti, choses qui ne sont
manifestement pas des concepts familiers. Si l’on passe du côté de la théorie
des particules dites élémentaires, l’on trouve quelque chose d’encore plus
frappant, c’est le phénomène de création et d’annihilation : parce que
là, le mouvement se trouve transformé en objet. Vous prenez deux protons,
ils ont un certain mouvement, une certaine vitesse, une certaine énergie
cinétique donc, vous les faites se rencontrer, puis ils se séparent de nouveau,
vous avez toujours les deux protons, mais le mouvement de ces protons a été en
partie transformé : on a vu apparaître d’autres particules qui ont été
créées par ce mouvement.
Or, un mouvement, c’est une propriété des objets, et par conséquent vous
avez là une transformation d’une propriété d’objet en objet. Cela, c’est quelque chose
qui dépasse tout à fait nos concepts familiers. En effet, dans l’attirail de
nos concepts familiers, il y a d’une part les objets, et d’autre part les
propriétés de ces objets : et normalement, ce sont là deux catégories de
pensée qui ne se transforment pas l’une dans l’autre. Évoquer une telle
transformation paraît aussi absurde que si on disait qu’on peut transformer la
hauteur de la Tour Eiffel en une autre Tour Eiffel, ou bien le mouvement d’un
taxi en un autre taxi. Ceci pour vous faire comprendre qu’il y a vraiment dans
la physique moderne un dépassement nécessaire des concepts familiers. Donc,
cette première idée du mécanicisme se trouve par là réfutée.
La deuxième idée de base du mécanicisme, je l’appellerais l’idée de divisibilité par
la pensée. C’est l’idée, en somme, que - à supposer que l’on connaisse les lois
physiques - si, de plus, on connaît de façon exacte l’ensemble des parties d’un
système, on connaît de ce fait le système tout entier. C’est là une idée qui
n’est pas toujours explicitée, qui en général ne l’est pas, mais qui est tout
de même une idée fondamentale du mécanicisme. Prenez par exemple le système
solaire, envisagé du point de vue de l’astronomie classique : si, dans un
référentiel donné que vous avez choisi, vous connaissez à un certain instant la
position et la vitesse de tous les astres qui composent le système, vous pouvez
tout calculer ensuite : vous pouvez calculer ce que va devenir ce système,
ce qu’il était, etc…
Donc vous connaissez ce système, il n’y a rien d’autre à connaître que cela. Vous pouvez aussi calculer, naturellement, toutes les corrélations qui auront lieu à n’importe quel moment entre les diverses planètes. etc…
Donc, en physique classique, et en particulier dans la vision mécaniciste, il va de soi que l’on peut diviser les systèmes, comme cela, en parties. Eh bien, cette deuxième idée aussi est réfutée. Cette fois par la physique quantique.
Prenez deux systèmes, par exemple, deux particules élémentaires, deux protons, deux systèmes quantiques en général, et faites-les se rencontrer. Supposons qu’ils entrent en interaction pendant un certain temps, puis se séparent.
Après cette séparation, en général, ces deux systèmes, vous ne pouvez plus les décrire chacun par le moyen de fonctions d’onde, car ils n’ont pas chacun une fonction d’onde. En mécanique quantique « standard » (celle que l’on trouve dans les manuels), si vous voulez parler quand même, séparément de chacun des deux sous-systèmes protons ou autres qui composent le système global, après l’interaction vous ne pouvez le faire qu’au moyen d’une certaine entité mathématique que nous appelons matrice-densité. Après interaction, vous pouvez, effectivement, attribuer à chacun une matrice-densité et cette matrice-densité décrit au mieux chacun des sous-systèmes.
Mais attention. Même si je connais les lois de force, les lois de la physique, les potentiels d’interaction, enfin, toutes les lois, générales ou particulières que je dois connaître pour traiter le problème, si vous me donnez la connaissance de ces deux matrices-densité, je ne peux pas en déduire la connaissance du système global. En particulier, je ne peux pas en déduire les corrélations entre ces deux sous-systèmes, corrélations que, cependant, nous pourrons très bien observer ; mais on ne peut pas les déduire de la connaissance des deux matrices-densité.
C’est pour cette raison que Herman Weyl disait : « la mécanique quantique est la première théorie holiste qui marche », entendez, qui marche quantitativement (holiste, de « holos », qui veut dire le tout). Il y avait jusqu’alors des « théories holistes », en des domaines autres que la physique (Gestalt Theorie, etc…) mais, en général, tout cela était resté qualitatif et un peu flou. Gestalt Theorie, la théorie quantique est une théorie holiste et une théorie qui marche quantitativement puisque, comme vous le savez, c’est une théorie extrêmement raffinée qui permet de calculer les phénomènes avec une précision quelquefois admirable.
Alors, vous voyez, cette deuxième idée de divisibilité par la pensée est elle aussi, réfutée par la science moderne.
Donc vous connaissez ce système, il n’y a rien d’autre à connaître que cela. Vous pouvez aussi calculer, naturellement, toutes les corrélations qui auront lieu à n’importe quel moment entre les diverses planètes. etc…
Donc, en physique classique, et en particulier dans la vision mécaniciste, il va de soi que l’on peut diviser les systèmes, comme cela, en parties. Eh bien, cette deuxième idée aussi est réfutée. Cette fois par la physique quantique.
Prenez deux systèmes, par exemple, deux particules élémentaires, deux protons, deux systèmes quantiques en général, et faites-les se rencontrer. Supposons qu’ils entrent en interaction pendant un certain temps, puis se séparent.
Après cette séparation, en général, ces deux systèmes, vous ne pouvez plus les décrire chacun par le moyen de fonctions d’onde, car ils n’ont pas chacun une fonction d’onde. En mécanique quantique « standard » (celle que l’on trouve dans les manuels), si vous voulez parler quand même, séparément de chacun des deux sous-systèmes protons ou autres qui composent le système global, après l’interaction vous ne pouvez le faire qu’au moyen d’une certaine entité mathématique que nous appelons matrice-densité. Après interaction, vous pouvez, effectivement, attribuer à chacun une matrice-densité et cette matrice-densité décrit au mieux chacun des sous-systèmes.
Mais attention. Même si je connais les lois de force, les lois de la physique, les potentiels d’interaction, enfin, toutes les lois, générales ou particulières que je dois connaître pour traiter le problème, si vous me donnez la connaissance de ces deux matrices-densité, je ne peux pas en déduire la connaissance du système global. En particulier, je ne peux pas en déduire les corrélations entre ces deux sous-systèmes, corrélations que, cependant, nous pourrons très bien observer ; mais on ne peut pas les déduire de la connaissance des deux matrices-densité.
C’est pour cette raison que Herman Weyl disait : « la mécanique quantique est la première théorie holiste qui marche », entendez, qui marche quantitativement (holiste, de « holos », qui veut dire le tout). Il y avait jusqu’alors des « théories holistes », en des domaines autres que la physique (Gestalt Theorie, etc…) mais, en général, tout cela était resté qualitatif et un peu flou. Gestalt Theorie, la théorie quantique est une théorie holiste et une théorie qui marche quantitativement puisque, comme vous le savez, c’est une théorie extrêmement raffinée qui permet de calculer les phénomènes avec une précision quelquefois admirable.
Alors, vous voyez, cette deuxième idée de divisibilité par la pensée est elle aussi, réfutée par la science moderne.
Le danger de la vulgarisation
Je voudrais ici ouvrir une parenthèse, si vous le permettez, parce que
je pense qu’il y a là un point qui peut être préoccupant. Et ce point est le
suivant : c’est que ces deux idées, qui sont donc réfutées, il est très
difficile de faire saisir au lecteur, quand on écrit un livre de vulgarisation,
qu’effectivement elles le sont. Pourquoi ?
Eh bien, prenez, par exemple, la première, l’idée que tout est descriptif en termes de concepts familiers. Quand on écrit un livre pour un public peu considérable : évidemment, on cherche à être lu. Pour être lu, il faut être compris sans effort, et pour être ainsi compris d’une grande quantité de gens, il faut leur parler un langage qui leur soit d’emblée accessible, c’est-à-dire qu’il faut utiliser des concepts qu’ils ont déjà, et rien que des concepts qu’ils ont déjà.
Et donc, il faut s’exprimer d’un bout à l’autre en termes de concepts familiers : et je pense que c’est la raison qui fait que même les grands physiciens, à l’heure actuelle, trichent en général quand ils écrivent ce genre de livre. Ils trichent en ce sens que, lorsqu’ils décrivent par exemple les gaz de l’univers primitif, ou de telles choses, ils laissent entendre - ils ne le disent pas, naturellement, parce qu’ils savent que c’est faux - mais ils laissent quand même entendre implicitement que ces gaz, ce sont des ensembles de petites boules qui s’entre-choquent.
Or, cela est faux. Nous venons de voir que cela est tout à fait faux. Mais il est très difficile de ne pas, justement, quoiqu’on en ait, émettre ce message, qui est faux, quand on écrit ce genre de livre. Malheureusement, c’est là quelque chose qui se produit beaucoup, et j’avoue que cela me préoccupe. Cela me préoccupe, au premier chef, parce qu’il est fâcheux de voir ainsi disséminées, et érigé en absolus, des idées qui, ainsi comprises, sont insoutenables ; mais également du fait que cette vision mécaniciste, en fait, est une vision réductrice et très triste. Même si l’on vous dit que l’univers est « très grand » et donc « très beau », l’idée qu’il est composé comme cela est quand même une idée triste. L’être devrait être plus que cela. Certes, si une telle idée était vraie, il faudrait s’incliner, naturellement : ce qui compte avant tout, c’est la vérité ; qu’elle soit gaie ou triste. Ce n’est pas ce qui doit nous déterminer, mais lorsque, de plus, nous constatons que cette vision réductrice du monde est convoyée dans l’esprit des gens par des inférences qui sont fausses, et qu’involontairement bien sûr, le message de la science se trouve ainsi en quelque sorte frelaté, je crois qu’il y a vraiment de quoi être préoccupé.
Eh bien, prenez, par exemple, la première, l’idée que tout est descriptif en termes de concepts familiers. Quand on écrit un livre pour un public peu considérable : évidemment, on cherche à être lu. Pour être lu, il faut être compris sans effort, et pour être ainsi compris d’une grande quantité de gens, il faut leur parler un langage qui leur soit d’emblée accessible, c’est-à-dire qu’il faut utiliser des concepts qu’ils ont déjà, et rien que des concepts qu’ils ont déjà.
Et donc, il faut s’exprimer d’un bout à l’autre en termes de concepts familiers : et je pense que c’est la raison qui fait que même les grands physiciens, à l’heure actuelle, trichent en général quand ils écrivent ce genre de livre. Ils trichent en ce sens que, lorsqu’ils décrivent par exemple les gaz de l’univers primitif, ou de telles choses, ils laissent entendre - ils ne le disent pas, naturellement, parce qu’ils savent que c’est faux - mais ils laissent quand même entendre implicitement que ces gaz, ce sont des ensembles de petites boules qui s’entre-choquent.
Or, cela est faux. Nous venons de voir que cela est tout à fait faux. Mais il est très difficile de ne pas, justement, quoiqu’on en ait, émettre ce message, qui est faux, quand on écrit ce genre de livre. Malheureusement, c’est là quelque chose qui se produit beaucoup, et j’avoue que cela me préoccupe. Cela me préoccupe, au premier chef, parce qu’il est fâcheux de voir ainsi disséminées, et érigé en absolus, des idées qui, ainsi comprises, sont insoutenables ; mais également du fait que cette vision mécaniciste, en fait, est une vision réductrice et très triste. Même si l’on vous dit que l’univers est « très grand » et donc « très beau », l’idée qu’il est composé comme cela est quand même une idée triste. L’être devrait être plus que cela. Certes, si une telle idée était vraie, il faudrait s’incliner, naturellement : ce qui compte avant tout, c’est la vérité ; qu’elle soit gaie ou triste. Ce n’est pas ce qui doit nous déterminer, mais lorsque, de plus, nous constatons que cette vision réductrice du monde est convoyée dans l’esprit des gens par des inférences qui sont fausses, et qu’involontairement bien sûr, le message de la science se trouve ainsi en quelque sorte frelaté, je crois qu’il y a vraiment de quoi être préoccupé.
Une problématique : l’objectivité. Je ferme cette parenthèse et je
continue en remarquant que la constatation que nous venons de faire sur les
faiblesses du mécanicisme conduit à se demander si d’autres idées du
mécanicisme ne devraient pas, elles aussi, être soumises à un examen critique.
Et si on se pose ces questions-là, on en voit tout de suite une qui est la
notion d’objectivité. Ici, je ne résiste pas au plaisir de vous donner un
exemple. Il s’agit d’une référence un peu ancienne, mais qui montre bien le
danger qu’il peut y avoir à recouvrir d’un même mot deux notions toutes
différentes. Je pense à ce passage des Provinciales de Blaise Pascal, où il
traite de la notion de grâce suffisante.
Comme vous le savez les amis jansénistes de Pascal niaient cette notion de grâce suffisante, et ils étaient pour cette raison attaqués par la plupart des groupes religieux de l’époque, les jésuites, les dominicains, les molinistes, etc… Pascal, faussement naïf, imagine un personnage qui va voir successivement ces divers groupes d’opposants, qui leur dit à chacun : « Il faut que je me fasse une opinion, il faut que je parle de la grâce suffisante aux gens, qu’est-ce que la grâce suffisante ? », et qui reçoit à chaque fois une définition différente. A la fin, il demande à son dernier interlocuteur : « Mais enfin, mon père il faut bien que je dise quelque chose : si on me demande mon opinion à propos de la notion de grâce suffisante, que dois je dire ? » Et le Révérend Père de répondre : « Mais, mon fils, c’est extrêmement simple, vous n’avez qu’à dire que l’on doit croire à la grâce suffisante ; et vous devez surtout bien vous garder de définir cette expression ». Avec la notion d’objectivité il se passe quelque chose de similaire. Je grossis peut-être le trait, mais, dans un sens, pas tellement.
Comme vous le savez les amis jansénistes de Pascal niaient cette notion de grâce suffisante, et ils étaient pour cette raison attaqués par la plupart des groupes religieux de l’époque, les jésuites, les dominicains, les molinistes, etc… Pascal, faussement naïf, imagine un personnage qui va voir successivement ces divers groupes d’opposants, qui leur dit à chacun : « Il faut que je me fasse une opinion, il faut que je parle de la grâce suffisante aux gens, qu’est-ce que la grâce suffisante ? », et qui reçoit à chaque fois une définition différente. A la fin, il demande à son dernier interlocuteur : « Mais enfin, mon père il faut bien que je dise quelque chose : si on me demande mon opinion à propos de la notion de grâce suffisante, que dois je dire ? » Et le Révérend Père de répondre : « Mais, mon fils, c’est extrêmement simple, vous n’avez qu’à dire que l’on doit croire à la grâce suffisante ; et vous devez surtout bien vous garder de définir cette expression ». Avec la notion d’objectivité il se passe quelque chose de similaire. Je grossis peut-être le trait, mais, dans un sens, pas tellement.
Et c’est peut-être plus grave pour la notion d’objectivité que pour la notion de grâce suffisante. Il se passe quelque chose de similaire parce que nous, scientifiques, nous disons : « La science est objective », « La science est objective », « La science est objective », nous « sautons comme des cabris sur nos chaises » (pour employer l’image gaullienne) quand nous disons cela mais en le disant, nous ne sommes pas tous d’accord sur ce que nous voulons dire, parce qu’il y a au moins deux définitions possibles de la notion d’objectivité. Parlons, si vous voulez, de l’objectivité des énoncés, et en particulier des énoncés de base de la physique. Nous avons, en particulier en physique classique, des énoncés qui sont ce que j’appelle à objectivité forte. Ce sont des énoncés qui sont objectifs en ce sens qu’ils peuvent être interprétés comme portant sur les choses elles-mêmes, tout à fait indépendamment de la connaissance que nous pouvons en avoir, et en général, ils sont interprétés comme cela.
L’énoncé de la loi fondamentale de la gravitation : Entre deux
objets massifs il existe une force inversement proportionnelle au carré de la
distance est un énoncé où l’être humain n’apparaît pas, qui peut être supposé
porter sur les choses elles-mêmes et qui, en règle générale, est effectivement
compris ainsi. La plupart des énoncés scientifiques, et en tout cas les énoncés
de base de la physique classique, sont rédigés en de tels termes et sont en
général compris de cette façon. Ce qui se passe, c’est qu’en mécanique
quantique standard, les choses ne se passent pas de cette manière. Quand on
demandait à Bohr si la physique était objective ou subjective, il
répondait : « Bien entendu elle est objective puisque ses énoncés
sont valables pour n’importe qui ! »
C’est là une deuxième définition de l’objectivité, c’est ce que
j’appelle l’objectivité faible. Je dirais qu’un énoncé est à l’objectivité
faible quand il est valable pour n’importe qui, quand il est invariant par une
permutation des expérimentateurs ou des observateurs. De tels énoncés sont par
exemple ceux qui se formulent sous forme de règle : « Si l’on fait
ceci, on observera cela », ou, « on aura telle ou telle chance
d’observer cela ». Le point essentiel, c’est que, parmi les axiomes de la
mécanique quantique « standard », ceux que l’on enseigne, il y en a
certains qui sont à objectivité faible et qui ne peuvent pas être traduits en
termes d’objectivité forte.
C’est là une chose qui, je crois, est très importante, et que la plupart
d’entre nous, physiciens, « brossons sous le tapis » trop volontiers.
Nous n’aimons pas cette distinction entre ces deux notions d’objectivité, et
dont nous faisons tout notre possible pour n’en jamais parler, et pour faire
semblant que la difficulté n’existe pas. Parmi ceux qui, malgré tout, sont
conscients de sa présence, certains proposent des formulations plus
compliquées, susceptibles de la faire disparaître. (Ce sont les modèles non
standards, celui de Bohm, etc…, dont je dirai un mot plus loin), et d’autres
tentent de la noyer dans une « décohérence » macroscopique. Mais dans
ce dernier cas, si on examine bien les choses, on la retrouve. J’entends que,
dans ce cas, il reste des axiomes que l’on ne peut vraiment pas transformer en
énoncés à objectivité forte : Il y a la collectivité des êtres humains qui
est en jeu, cachée quelque part. Elle intervient soit directement, soit
indirectement, par la notion 'd ’instruments', soit encore par des
références faites à l’impossibilité pratique de faire telle ou telle mesure.
Encore une fois : dans les formulations de la mécanique quantique, considérées (à juste titre) comme assez sérieuses pour faire l’objet d’un enseignement public, il reste toujours un tel élément. En général, nous n’en parlons pas, ou quand nous en parlons, nous disons « Ce sont des problèmes philosophiques, et par conséquent e ». Mais, comme d’autre part, dès qu’il s’agit de mécanique quantique, les philosophes se déclarent volontiers incompétents, ceci ne nous avance guère ! Un point qui, à mon sens, doit être souligné, est celui-ci : le fait que certains des énoncés de la mécanique quantique standard sont à objectivité faible interdit la philosophie appelée parfois platonicienne ou pythagoricienne, qui était celle d’Einstein dans la deuxième partie de son existence, qui est aussi celle de beaucoup de physiciens théoriciens n’ayant pas particulièrement réfléchi à ces questions-là, et qui consiste à dire, « Certes, l’on ne peut pas décrire le réel au moyen de concepts familiers - nous sommes d’accord là-dessus - mais on peut le décrire au moyen de concepts empruntés aux mathématiques ».
Dans cette philosophie, la physique serait encore une ontologie,
c’est-à-dire une description de ce qui est. Une chose qui me parait claire est
que le fait que certains des énoncés de la mécanique quantique standard ne
peuvent pas être transformés en énoncés à objectivité forte rend cette
philosophie du réalisme mathématique, ou du pythagorisme si vous voulez,
inconciliable avec la mécanique dont il s’agit. Ici, l’honnêteté m’oblige à
dire qu’il y a même une échappatoire. Si l’on veut vraiment une physique à
objectivité forte (selon la tradition de la physique classique), cela est
possible. Il faut se tourner vers les théories dites à variables cachées, des
théories style Louis de Broglie, David Bohm, etc… A ce prix-là, on peut récupérer
l’objectivité forte, mais c’est un prix qui est terriblement élevé parce qu’il
y a des difficultés dans ces théories, en particulier du côté de la relativité.
Le point est important mais délicat. Il requiert une discussion approfondie que
nous n’avons pas le temps même d’aborder.
Dernière question : cette nécessité de faire appel à la notion
d’objectivité faible dans certains des énoncés de la physique, donc de dire que
la physique n’est pas une description du réel tel qu’il est, mais une
description des phénomènes tels qu’ils nous apparaissent, est-ce que cela n’est
pas un retour vers l’idéalisme ?
Le « Réel voilé »
A ce sujet, je voudrais simplement dire que je n’ai jamais bien compris
ce que les idéalistes veulent dire, le contenu véritable de la philosophie
idéaliste m’échappe. Il y a des philosophies de ce type que je comprends. Je ne
dis pas que je les approuve ni que j’y crois, mais au moins je comprends ce
qu’elles veulent dire. Le solipsisme par exemple, cela veut dire que seul mon
esprit existe vraiment, et que mon corps, cette table, vous autres, êtes des
émanations de mon esprit, des espèces de rêves que j’ai. Je n’y crois pas une
seconde, mais au moins je comprends ce que dit la philosophie solipsiste.
De la même façon, disons, je pourrais comprendre une espèce de « solipsisme collectif » si vous me permettez cette expression bizarre, qui consisterait à conférer aux esprits humains une sorte de privilège d’existence ; à dire en somme : seule « existe vraiment » la collectivité des esprits humains, leurs corps, etc., étant des espèces d’hallucinations collectives que ces esprits humains ont. Cette théorie-là, je comprends au moins ce qu’elle dit, bien que je n’y croie pas.
Eh bien, justement, est-ce cela l’idéalisme ?
Voilà la question.
Je n’en sais rien, je soupçonne pourtant que ce n’est pas tout à fait cela, puisque l’idéalisme n’est jamais énoncé par ses partisans de cette manière. Je crois, moi, que les idéalistes ont quand même vaguement derrière la tête l’idée d’un réel qui ne serait pas une émanation de l’ensemble des esprits. Bon, je ne peux pas parler pour eux mais en tout cas je dirais que, en ce qui me concerne, je ne peux pas me passer d’une telle notion, sauf à retomber dans le « solipsisme collectif », dont je ne veux pas. Je reconnais qu’il y a là de ma part une option philosophique mais je refuse le « solipsisme collectif », tel que défini il y a un instant. Et, par conséquent, je suis bien obligé d’admettre l’idée d’un réel qui ne se réduit pas simplement à l’ensemble des esprits humains.
De la même façon, disons, je pourrais comprendre une espèce de « solipsisme collectif » si vous me permettez cette expression bizarre, qui consisterait à conférer aux esprits humains une sorte de privilège d’existence ; à dire en somme : seule « existe vraiment » la collectivité des esprits humains, leurs corps, etc., étant des espèces d’hallucinations collectives que ces esprits humains ont. Cette théorie-là, je comprends au moins ce qu’elle dit, bien que je n’y croie pas.
Eh bien, justement, est-ce cela l’idéalisme ?
Voilà la question.
Je n’en sais rien, je soupçonne pourtant que ce n’est pas tout à fait cela, puisque l’idéalisme n’est jamais énoncé par ses partisans de cette manière. Je crois, moi, que les idéalistes ont quand même vaguement derrière la tête l’idée d’un réel qui ne serait pas une émanation de l’ensemble des esprits. Bon, je ne peux pas parler pour eux mais en tout cas je dirais que, en ce qui me concerne, je ne peux pas me passer d’une telle notion, sauf à retomber dans le « solipsisme collectif », dont je ne veux pas. Je reconnais qu’il y a là de ma part une option philosophique mais je refuse le « solipsisme collectif », tel que défini il y a un instant. Et, par conséquent, je suis bien obligé d’admettre l’idée d’un réel qui ne se réduit pas simplement à l’ensemble des esprits humains.
Mais, si vous me suivez en cela, c’est le moment maintenant de nous
rappeler ce que nous avons dit précédemment, et qui revient à dire que ce réel,
ce n’est pas ce que nous décrit la science. Pourquoi ?
Parce que, si la science nous le décrivait, naturellement une telle description devrait être faite en termes d’objectivité forte. Or nous avons vu justement que, apparemment, la science ne peut pas être formulée rien qu’au moyen d’énoncés à objectivité forte. Donc, nous sommes obligés d’admettre que le réel, ce n’est pas vraiment ce que la science nous décrit.
La science nous décrit, certes, des phénomènes, mais ce n’est pas une ontologie. Elle ne nous décrit pas le Réel avec un grand R, cette chose dont nous avons admis à l’instant la nécessité pour échapper au « solipsisme collectif ».
Maintenant, reste une toute dernière question, à savoir : ce Réel, dont il vient de nous apparaître qu’il n’est pas, à proprement parler, connaissable par la science (pour les raisons que je viens de vous dire), est-ce qu’il est totalement inconnaissable et par conséquent inintéressant, un peu comme « la chose en soi » de Kant, ou bien est-ce qu’il n’est que « voilé », c’est-à-dire, est-ce que nous avons sur lui, quand même, quelques lueurs ?
Je n’ai pas le temps de développer mes arguments à ce sujet, mais je pense en avoir qui sont valables en faveur de la deuxième réponse : c’est-à-dire que je pense que ce réel n’est que voilé, que nous avons des lueurs valables sur lui.
Certaines de ces lueurs nous sont données par la science, parce que, au moins, elle restreint l’éventail des idées possibles, ce qui est déjà une certaine manière de nous donner quelques lueurs ; et je n’exclus pas la possibilité que d’autres modes de pensée donnent également certaines lueurs sur ce réel.
Parce que, si la science nous le décrivait, naturellement une telle description devrait être faite en termes d’objectivité forte. Or nous avons vu justement que, apparemment, la science ne peut pas être formulée rien qu’au moyen d’énoncés à objectivité forte. Donc, nous sommes obligés d’admettre que le réel, ce n’est pas vraiment ce que la science nous décrit.
La science nous décrit, certes, des phénomènes, mais ce n’est pas une ontologie. Elle ne nous décrit pas le Réel avec un grand R, cette chose dont nous avons admis à l’instant la nécessité pour échapper au « solipsisme collectif ».
Maintenant, reste une toute dernière question, à savoir : ce Réel, dont il vient de nous apparaître qu’il n’est pas, à proprement parler, connaissable par la science (pour les raisons que je viens de vous dire), est-ce qu’il est totalement inconnaissable et par conséquent inintéressant, un peu comme « la chose en soi » de Kant, ou bien est-ce qu’il n’est que « voilé », c’est-à-dire, est-ce que nous avons sur lui, quand même, quelques lueurs ?
Je n’ai pas le temps de développer mes arguments à ce sujet, mais je pense en avoir qui sont valables en faveur de la deuxième réponse : c’est-à-dire que je pense que ce réel n’est que voilé, que nous avons des lueurs valables sur lui.
Certaines de ces lueurs nous sont données par la science, parce que, au moins, elle restreint l’éventail des idées possibles, ce qui est déjà une certaine manière de nous donner quelques lueurs ; et je n’exclus pas la possibilité que d’autres modes de pensée donnent également certaines lueurs sur ce réel.
Matérialisme et rationalisme
Par Bernard d’Espagnat
La revue Science et pseudosciences a récemment publié sous la plume
d’Alexandre Hendoir la critique – au style étrangement polémique et
accusateur – d’un colloque qui s’est tenu à la Sorbonne le 25 mai 2005,
intitulé « Science et quête de sens » et qui faisait suite à la
parution d’un livre éponyme comportant un article du présent auteur.
L’expression même de « croisade contre le matérialisme », utilisée
par Alexandre Hendoir pour désigner le contenu, scandaleux à ses yeux, du livre
en question, révèle l’ambiance intellectuelle dans laquelle sa critique a été
conçue.
En fait, celle-ci s’inscrit dans tout un ensemble de démarches, par
livres ou articles, visant à décrédibiliser a priori les scientifiques qui
n’adhèrent pas à la conception matérialiste du monde et à faire barrage aux
activités des personnes, scientifiques compris, qui font connaître les réserves
que peut susciter le matérialisme même sur le plan scientifique. Dans cet
esprit, les activités en question sont explicitement présentées comme ne
pouvant que relever d’un obscurantisme radical.
Le fait qu’une condamnation à ce point péremptoire y soit formulée
montre qu’au fondement de toutes ces critiques – et de celle de Hendoir au premier
chef – se trouve une bien regrettable confusion, surprenante de la part de
personnes instruites. Celle qui consiste à réduire le rationalisme au
matérialisme. Je le déplore et m’en étonne car j’ai pour ma part nombre de
collègues matérialistes, dont je ne partage pas la philosophie générale mais
que, pour autant, je suis bien loin d’accuser, moi, d’obscurantisme.
De fait, l’expérience m’a appris combien de telles questions sont
délicates. Notre savoir à tous, tant que nous sommes, est inévitablement incomplet.
Or je vois très bien que les données scientifiques les plus courantes (et même,
dans certains domaines, les connaissances les plus élaborées) paraissent
plaider vigoureusement en faveur du matérialisme.
Et je comprends sans peine que celles (fondamentales !) qui, à mon
sens, font pencher la balance dans l’autre sens ne soient pas familières à
certains collègues, ou qu’ils n’aient pas eu l’occasion de suffisamment les
approfondir. Je m’efforce, à l’occasion, de les leur faire percevoir et participe
de bon gré à tout échange de vues à ce sujet.
Je regrette infiniment que nombre de matérialistes – et l’auteur de
l’article en particulier – aient l’attitude opposée et ne nourrissent a priori,
à l’égard de ceux qui ne partagent pas leurs vues, que des soupçons d’ignorance
crasse ou de mauvaise foi délibérée. Ici, toutefois, mon propos principal n’est
pas de prendre la défense des personnes que, selon moi, l’auteur en question
calomnie et encore moins de fulminer des anathèmes envers quiconque. Il est d’aborder
la question de fond.
À cet égard, ce qu’il faut noter en premier, c’est que les matérialistes
dont il s’agit soutiennent, ou plutôt posent, à titre d’évidence préalable à
toute discussion (et ils sont en cela rejoints par certains non-matérialistes),
l’assertion selon laquelle le matérialisme serait un principe méthodologique de
la science (au singulier) ; ce qui signifie que le développement de
celle-ci nécessite, dans toutes ses branches, une approche matérialiste.
(Corrélativement ils laissent – témérairement ! – entendre que ce prétendu
« fait », à supposer qu’il soit exact, démontrerait l’inanité, d’une
part de toute quête spiritualiste ou religieuse et d’autre part, finalement, de
toute remise en cause, sur la base des données scientifiques actuelles, de la
philosophie scientiste).
Mon propos est au premier chef d’établir que l’assertion dont il s’agit
est de facto fausse. Accessoirement il sera aussi d’évoquer les raisons
scientifiques – trop complexes pour être résumées ici – qui font que, en
définitive, le matérialisme scientiste paraît, à beaucoup de scientifiques de
par le monde, être réfuté.
De fait, dans le domaine de la physique, la vérité de ce qu’ici j’avance
est manifeste. On peut très bien ne pas être d’accord avec la philosophie de
Niels Bohr. Il n’en est pas moins factuellement vrai que Bohr et ses élèves
furent à l’origine des développements de la physique du XXe siècle qui se sont
avérés, en tous domaines, les plus féconds. Aucun physicien ne niera ce fait
historique.
Or, selon Bohr, un instrument de mesure doit être considéré comme
obéissant à la physique classique (par opposition à « quantique »),
non du tout en vertu de ses propriétés physiques mais seulement en raison du
fait qu’il nous sert, à nous, d’instrument. De plus, alors que le choix
(humain) de cet instrument et de son usage définit les conditions
expérimentales, ces conditions elles-mêmes sont, selon Bohr « un élément
inhérent à la description de tout phénomène auquel le terme de “réalité
physique” peut être attaché ».
À moins de renverser le sens du mot « matérialisme », il est
impossible de considérer comme matérialiste, même sur le seul plan
méthodologique, une conception de ce genre, selon laquelle, comme on le voit,
en tant qu’objet de science, la « réalité physique » apparaît comme
indissociable de l’action humaine, n’est, fondamentalement, qu’une synthèse de
l’expérience humaine communicable, et où, par conséquent, la recherche, dans le
cadre de son activité propre, écarte délibérément toute référence à une
sous-jacente « réalité physique en soi ».
Il faut en dire autant des vues de Heisenberg, de Pauli, de Born, bref
de la majorité des grands artisans de la physique de notre temps. Ils ont pris
pour assise conceptuelle de leur recherche, non du tout le matérialisme mais
bien, tout au contraire, un certain pragmatisme philosophique, assez voisin du
conventionnalisme d’Henri Poincaré et dans lequel la conception matérialiste
est vue comme une « métaphysique », plausible aux yeux de certains mais
de toute façon externe à la science.
Ceci ne touche certes que la physique. Dans la plupart des autres
sciences, le matérialisme reste un cadre de pensée fécond et pratiquement
indispensable.
Mais que prouve cette remarque ? À l’évidence, il suffit qu’une assertion telle que celle ici discutée soit trouvée fausse dans une discipline particulière pour qu’elle ne puisse être présentée comme un grand principe général.
Mais que prouve cette remarque ? À l’évidence, il suffit qu’une assertion telle que celle ici discutée soit trouvée fausse dans une discipline particulière pour qu’elle ne puisse être présentée comme un grand principe général.
A fortiori ceci est-il vrai lorsque – ironie du sort ! – la
discipline en question est justement celle, la physique, à laquelle nombre de
matérialistes pensent ramener, finalement, les autres sciences. Au reste, et
plus généralement, l’histoire montre assez la fragilité de l’argument
consistant à dire d’une conception qui, à l’époque où l’on se trouve, s’avère
« marcher » admirablement que, « par conséquent », elle est
vraie.
Nous savons tous que la théorie newtonienne de la gravitation
« marche » excellemment dans pratiquement tous les domaines relevant
de l’astronomie classique de position, qu’elle a été, pour cette raison tenue
durant plusieurs siècles pour le paradigme du vrai… et que cependant elle est
maintenant supplantée par une théorie, la relativité générale, fondée sur des
idées radicalement différentes (la courbure de l’espace-temps y remplace la
force de gravitation).
Nul, évidemment, ne reprochera aux ingénieurs de la NASA de continuer à
l’utiliser en tant que « principe méthodologique » pour le calcul des
trajectoires des satellites mais nul non plus ne s’avisera de tirer de cette
pratique des conclusions d’ordre conceptuel.
Relativité et physique newtonienne sont deux théories appartenant à une
même discipline et, de ce fait, connaître l’une et l’autre ne nécessite pas un
effort trop grand. Dans le cas qui, ici, nous intéresse, l’effort à fournir
pour se faire une opinion juste est, j’en conviens, nettement plus considérable
car il faut pour cela penser la science dans son ensemble.
Il n’en est pas moins vrai que la problématique est la même ici et
là ; et que, à l’instar de l’ingénieur de la NASA initié à la relativité,
le géologue, ou le biologiste ou etc., qui aurait une connaissance approfondie,
outre de sa discipline propre, de la physique quantique et de ses problèmes
conceptuels, n’édifierait certainement pas sa conception du réel sur le simple
fait que, dans sa discipline particulière, les concepts de base du matérialisme
sont un bon outil de travail.
Au reste, les méthodes sont affaire d’opportunité, d’ingéniosité, bref
de circonstances et de qualités qui relèvent du fonctionnement de l’esprit.
Qu’elles soient générales ou non, en faire nos référents ultimes reviendrait à
ériger l’esprit en fondement de ce qui est… ce qui n’est pas exactement le but
visé par le matérialiste !
Il en résulte que même si l’adoption d’un matérialisme méthodologique
était en tout domaine une condition nécessaire de l’avancement de la science
(ce qui, nous l’avons vu, n’est pas le cas) on ne pourrait pas en conclure
qu’en tant que description du monde le matérialisme est vrai.
Reste, bien sûr, la question de fond. Les découvertes de la physique
contemporaine réfutent-elles les extrapolations matérialistes des données de la
science classique avancées, jadis, par certains et sur lesquelles beaucoup de
nos contemporains vivent encore ? Et si oui, comment corriger de telles
extrapolations sans tomber dans autant de « dérives » symétriques et
pareillement répréhensibles ? Malheureusement ce sont là (mais nul ne s’en
étonnera !) deux domaines de recherche fort difficiles, le second l’étant
d’autant plus qu’il déborde du cadre de la science proprement dite.
Que l’on puisse s’y fourvoyer, que certains, de fait, s’y fourvoient, cela est hélas vrai ; qui le niera ? Rappelons-nous seulement que même la science s’est construite par fourvoiements successifs petit à petit rectifiés, et qu’interdire toute spéculation serait se condamner à la stérilité. Et gardons aussi en mémoire qu’il est, même en ces domaines frontières, des données sûres.
Rappelons simplement à cet égard l’immense découverte qui a nom non-localité : toute conception du réel en soi qui le réduirait à des particules localisées liées par des forces décroissant avec la distance est contredite par les données de l’expérience.
C’est là, on l’avouera, un changement radical relativement à la vulgate du matérialisme atomistique. Allégoriquement on peut dire que, dans les murs de l’étroite cellule conceptuelle où celui-ci nous enfermait, la recherche contemporaine – par des voies totalement rationnelles et rigoureuses – se trouve avoir ouvert comme une fenêtre.
Mais attention : je ne dis pas – ce serait faux ! – qu’elle
décrit le paysage sur lequel donne cette fenêtre. Peut-être est-ce là l’affaire
de la philosophie, discipline qui – comme André Comte-Sponville l’a si
pertinemment écrit – est l’art de « penser plus loin qu’on ne sait ».
Toujours est-il que les personnes que je considère comme obscurantistes sont celles qui, murées dans le confort de vieilles « certitudes », font abstraction de ces déconcertantes mais essentielles vérités ; et que je me déclare solidaire de celles – peu nombreuses et parfois cibles des premières ! – qui, à l’inverse, les font connaître.
Toujours est-il que les personnes que je considère comme obscurantistes sont celles qui, murées dans le confort de vieilles « certitudes », font abstraction de ces déconcertantes mais essentielles vérités ; et que je me déclare solidaire de celles – peu nombreuses et parfois cibles des premières ! – qui, à l’inverse, les font connaître.
Les limites de la
connaissance, Éditions Odile Jacob, 2000 Bernard d’Espagnat
Traité de physique et de
philosophie, Fayard, 2002
Or donc, la conclusion de tout ceci, c'est quoi ?
"Le moteur de la vie est interne", dans la cellule or une
cellule, c'est une brique de vie, un plus petit dénominateur commun, mais aussi
un plus grand dénominateur car la vie 'est', elle est son propre moteur, et son
évolution, son commencement et sa fin, tout est en elle, dans sa plus petite
partie comme dans sa plus grande. C'est la vie qui 'en voulant' apparaître à
déterminé la rupture d'équilibre qui a causé le Big-Bang.
Pour revenir encore une fois à Maimonide, la matière, surface,
profondeur et temps, n'est pas, mais a une apparence de réalité, dans certaines
conditions et elle prend les formes voulues par ces conditions. La matière est
une réalité relative, à la fois réelle, existante et non-existante, irréelle,
et de ce fait, quelle que soit son apparence d'étendue, de volume et de durée,
elle peut, dans certaines circonstances, ne pas 'être', en quelque sorte être
sa propre ombre, son envers, son existence négative, comme un infini précédé de
moins. (Mettez zéro pour E, m = 0 mais la constante reste, son carré, le code,
l'idée)
Bref, la vie fait des sauts, opère des transformations qualitatives à des
‘époques-préparées’ que rien n'entrave à long terme car ces sauts sont
déterminant par eux-mêmes, c'est à dire que, littéralement, ce sont ces
transformations qui déterminent ce qui est, qui ont un sens par eux-mêmes, qui
créent du sens. Ces sauts pour être des conséquences d’un passé sont en réalité
des relais préparés dans la course de la vie, des ponts sur le néant de la
matière qui n’est là que pour donner une apparence, une consistance au grand
jeu de l’esprit, un support multiforme à une existence unique, une échelle de
temps à des êtres éternels, des êtres vivants, or ça : ‘Qui créent la vie
par leur existence’*.
Donc, si on considère la toute dernière transformation, toute récente à
l'échelle astronomique, et même à celle de la vie, transformation qui fait que
nous ne sommes pas des singes évolués mais bien des homo-sapiens, il faut
comprendre que ce saut n'est pas le dernier mais une étape parmi d'autres dans
le grand livre de la Vie.
Or, la prochaine évolution qualitative fera que, selon toute
probabilité, une espèce nouvelle verra le jour qui sera à notre égard ce que
nous pouvons être à celui des hominidés et autres néanderthaliens. Il est probable
aussi que la différence sera plus grande car tel est le sens de la vie et que,
si nous sommes sages, et/ou encore là, nous pourrons passer pour d'assez bons
chiens ?
Sans rire, il nous est probablement impossible de prédire une telle
chose mais, et cela certainement, la réalité dépassera n'importe quelle
prédictions, la vraie réalité, celle contenue dans la Vie, en nous donc mais
dont on ne pourra jamais qu'approcher d'un côté, et encore, le côté voilé dit
Bernard D'Espagnat, une rencontre du type Mont Sinaï, mais enfin, l'approche
est possible, désirable même, fondatrice, car c'est notre seul lien avec 'Ce
Qui Est', avec notre essence, notre origine et notre marche afin que celle-ci
ait une direction et ne tourne pas en rond.
Eh, si l'animal avait pu prédire l'homme !!
Contrairement à l'air du temps, non seulement l'homme n'a pas de raison
de se croire blasé et le présent reste
aux curieux, à ceux qui savent que savoir, c'est chercher, que connaître, c'est
progresser dans la connaissance, qu'aimer, c'est ... Faut encore être plusieurs
pour ça et today, Ah ! Paraît que je ferais du Frengliche et que c'est la mode
? Ben quoi !! Why not ??? Donc, le superman du futur sera ce que l’instinct de
vie choisira de mieux pour nous, et pas le contraire, ouf ! Mais nous
serons peut-être plus éloignés de lui que ne pourraient l’être les ‘Hommes des
Cavernes’, la courbe à un sens et celui-ci comporte une accélération de l’arrivée
si on peut dire.
Et Sci-Fi gratis, probablement qu’-il- sera mieux ‘connecté’ que nous au
Réel Voilé, et qu’-il- en tirera quelque sagesse pratique individuelle ’et
donc-collective’, en fait, il n’aura pas trop le choix et sera surement ‘évolué’
vers une amplification de la sensibilité au détriment peut-être des facultés
motrices, plus destructrices que productrices à long terme, quoique celles-ci
ont certainement un potentiel inexploité, avec une tête moins grosse, mais un
cerveau encore plus réparti dans les parties qui pourraient bien pouvoir se ‘réparer’,
« Allo Grand-Père feuillage !! ». M’enfin, Anne Dambricourt et d’autres
( Jim Sheedy, par exemple) sont bien plus calés que moi pour ça.
Le Message, le message !!
Ah, voui, here it is :
« Be with God ** so that we meet again,
God’s willing ! »
Et, une petite morale ? De l’histoire
soit-dit ?
Dieu est le Grand Niveleur, par le haut.
C’est pour ça que les chats ronronnent en haut des armoires, non ?
Donc de donc, le résumé de la conclusion
est que la vie est ‘de Dieu’ et que chaque Nature Vivante est Son Prophète. Et
depuis l’homme, on a le choix, pour ‘le bon’, un seul, marcher dans les traces
de ‘la vie’, ou non, pour l’autre, ou les autres car ils sont légions,
disent-ils, alors que c’est d’eux-mêmes qu’il s’agit, mais c’est un hors-sujet.
« Etre Prophète ou ne pas être », pas beau ça ??
*
L’existant est en quelque sorte l’hôte temporaire de l’être éternel qui
passe pour l’habiter, or, du fait de la symbiose parfaite entre les deux
pendant cette durée, et de l’illusion que l’être réel est celui qu’on connait
et non l’autre, qu’on ne fait que sentir, voir supposer, on fait du roi un
fantôme et du mirage un prince, pauvres de nous.
**
‘La Vie’ est ce qu’il y a de + proche si vous ne vous voulez pas
entendre parler de Dieu, mais, quoique la vie soit l’essence de Dieu, ce n’est
pas sa Personne. A ce point, peu importe Qui vous appelez Dieu pourvu qu’il
soit transcendant et ‘immanent’ dans la vie***, unique et innommable. Qui
réfléchit trouvera qu’Il ressemble étrangement au Dieu Que les juifs ont
méconnu pour prétendre Le remplacer par ce qu’ils appellent la loi, leur loi
qui, même si elle était juste à 100% serait fausse puisque c’est la leur. La
vie vient avant Shabbat.
*** La vie qu’on vit n’est qu’une sorte d’hologramme, projeté sur la
matière, d’une infime parcelle/durée/forme de la vie dont on rêve, éternelle et
infinie à la fois, peut-être ‘dans’ ‘les Cieux’ qu’on ne peut connaître ? Oui,
mais ‘ces Cieux’ ont eu un commencement, donc ils auront une fin ?? Oui,
mais, la vie étant le but ultime, la ‘Vie Eternelle’ étant sans fin, non
seulement elle l’est par nature mais elle engloberait tout ce qui a été en ‘contact’
avec elle, un peu la Non-Séparabilité quantique, car ce qui l’A ‘touchée’ est
un peu ‘d’Elle’ sinon ça n’aurait pas été, en vie puisque c’est la Vie qui
donne la vie, les vies.
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