De la même façon qu’une assemblée d’hommes est du domaine de
l’idée et non de la réalité, l’individu, l’être humain pris isolément et auquel
on attribue un ensemble de fonctions, de droits et de devoirs, n’est qu’une
image, une abstraction.
La métaphysique humaine oscille entre deux concepts. Les
humains sont pris soit dans leur ensemble, soit isolément. Sur de telles bases chimériques,
aucune réflexion si brillante soit-elle ne saurait accoucher d’une seule pensée
valide, d’une seule théorie réelle. Seules des chimères naissent
d’accouplements imaginaires que la nature n’a jamais créés.
Un être humain isolé n’existe pas, n’a jamais existé pas
plus que les concepts qui prétendent légitimer des groupements de populations
quels qu’ils soient. La base unique et inaltérable, la brique fondamentale de
la société humaine est la famille, cette même famille qui s’est désagrégée au
cours des cent dernières années (1917/2017).
Ce qui a fait le plus de tort à la famille n’est pas
cependant le communisme mais son opposite, la religion. Tous les grands
mouvements qui prétendent régir les peuples commencent par s’approprier le
symbole de la famille, soit en la détruisant par divers moyens, soit en
l’annexant. La famille n’existe dans la société que pour être subjuguée ou
annihilée, au pire, décriée et abusée au mieux …
La majorité des drames humains naissent dans les familles du
fait principalement du besoin de domination qu’elles permettent d’assouvir aux
hommes abrutis et vils, tandis que celles qui sont fortes deviennent le noyau
des dominations sociales. La famille dans l’histoire de l’homme n’a existé que
pour son malheur, individuel et collectif …
Parce qu’elle n’a jamais été considérée comme ce qu’elle est,
bien qu’on se serve d’elle pour lui faire jouer les rôles les plus néfastes, la
famille est la planche de salut de l’humanité. Elle l’a été malgré les sévices
dont elle a été la cause involontaire tant que les hommes ont vécu relativement
isolément. Or, depuis cent ans, toujours, et c’est si peu, la famille se
désintègre. La famille est la bouée de sauvetage de l’humanité si elle réussit
à s’émanciper du dualisme réducteur individu, société.
Les trois symboles de la république française sont vides. La
liberté n’existe pas car elle est bornée par celle de ses semblables et les
conditions matérielles, l’égalité ne peut être que vis-à-vis de lois
s’appliquant à un ensemble social et non à chaque individu et la fraternité
n’est qu’un leurre sanglant. Par contre, ces mêmes concepts trouvent au sein de
la famille naturelle leur lieu d’épanouissement et, faute d'être mis en oeuvre au sein de la famille, ils ne le seront nulle part !
On peut juger de la valeur d’une société en examinant la
place qu’y tient la structure familiale. Si les avantages humains ne concernent
que les individus ou leur ensemble réduit à ceux qui ‘réussissent’, comme ça a
été toujours le cas, et qui paradent au sommet par la gloire, la richesse, le
pouvoir, et jamais la famille en tant que telle, si les familles sont à la
traine de l’essor individuel, comme en occident, ou du bien commun comme en
Chine, la société humaine n’en est pas une mais un ramassis d’intérêts égoïstes
ou un esclavage déguisé.
Si on emplit les symboles de sens concret, un seul mot les
résume : amour, et amitié, tendresse, compassion, attention, respect … Ces
valeurs sont précisément celles dont la famille constitue la structure idéale
pour leur développement. Relations entre époux, entre parents et enfants et
enfants entre eux sont fondées sur les critères les plus hauts de relations
sociales. Chaque famille est un arbre de la forêt humaine à l’image des arbres
généalogiques !
Quand vous apercevez un groupe d’animaux sauvages, il s’agit
dans tous les cas d’une famille se composant de plusieurs générations qui ne se
sont jamais quittées, qui se sont transmis le savoir, qui se sont entraidés. C’est
l’exemple qu’il faut méditer. C’est la clé de la survie de l’humanité car l’homme
avant que d’être un être social est un être naturel, ou plutôt, sa réussite
sociale, sa pérennité n’existent que par la nature, par la famille, la « sainte
famille » qui n’est ni l’illusion des chrétiens, ni le sérail afro-arabe, ni
le despotisme oriental pour parler des sociétés où cette notion existe encore et qui d'ailleurs prennent le pas sur celle soi-disant plus avancée de l'occident.
Selon le critère de la famille, les seules sociétés qui ont 'réussi' sont les peuples 'primitifs' qui ont survécu ignorés de la folie mondiale au sein des forêts d'Amazonie ou d'Inde. La famille doit être la 'mesure sociale'. Ce qui est bon pour elle l'est aussi pour l'individu et la communauté.
Père ... une injure. Mère ... une obsénité: Brave New World ...
"Rien de tel que la pénurie d’oxygène pour maintenir un embryon au-dessous de la normale.
De nouveau, il se frotta les mains.
— Mais pourquoi voulez-vous maintenir l’embryon au-dessous
de la normale ? demanda un étudiant ingénu.
— Quel âne ! dit le Directeur, rompant un long silence. Ne
vous est-il jamais venu à l’idée qu’il faut à un embryon d’Epsilon un milieu
d’Epsilon, aussi bien qu’une hérédité d’Epsilon ?
Cela ne lui était évidemment pas venu à l’idée. Il fut couvert
de confusion.
— Plus la caste est basse, dit Mr. Foster, moins on donne
d’oxygène. Le premier organe affecté, c’est le cerveau. Ensuite le squelette. À
soixante-dix pour cent d’oxygène normal, on obtient des nains. À moins de
soixante-dix pour cent, des monstres sans yeux.
— Lesquels ne sont absolument d’aucune utilité, dit Mr.
Foster pour conclure. Tandis que (sa voix se fit confidentielle, avide
d’exposer ce qu’il avait à dire) si l’on pouvait découvrir une technique pour
réduire la durée de maturation, quel bienfait ce serait pour la société !
— Considérez le cheval.
Ils le considérèrent.
— Mûr à six ans ; l’éléphant à dix. Alors qu’à treize ans un
homme n’est pas encore mûr sexuellement, et n’est adulte qu’à vingt ans. D’où,
bien entendu, ce fruit du développement retardé : l’intelligence humaine.
— Mais chez les Epsilons, dit fort justement Mr. Foster,
nous n’avons pas besoin d’intelligence humaine. On n’en a pas besoin, et on ne
l’obtient pas."
Huxley, Meilleur des mondes
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