« Je ne me
contentai donc pas d'une première étude; je pris, les uns après les autres, ces
hommes de génie qui ont nom Shakespeare, Molière, Corneille, Calderon, Goethe
et Schiller; j'étendis leurs oeuvres comme des cadavres sur la pierre d'un amphithéâtre,
et, le scalpel à ta main, pendant des nuits entières, j'allai, jusqu'au coeur,
chercher les sources de la vie et le secret de la circulation du sang. Je
devinai, enfin, par quel mécanisme admirable ils mettaient en jeu les nerfs et
les muscles, et par quel artifice ils modelaient ces chairs différentes destinées
à recouvrir-des ossements qui sont tous les mêmes.
Car l'homme
n'invente pas. Dieu lui a
livré la création; c'est à lui de l'appliquer à ses besoins; le progrès n'est
que la conquête journalière, mensuelle, séculaire de l'homme sur la matière.
Chacun arrive à son tour et à son heure, s'empare des choses connues de ses
pères, les met en oeuvre par des combinaisons nouvelles, puis meurt après avoir
ajouté, à la somme des connaissances humaines qu'il lègue a ses fils, quelque
parcelle nouvelle, une étoile de la voie lactée ! »
Alexandre Dumas, Mémoires
No comments:
Post a Comment