Dans la trop fameuse sentence de Shakespeare, il n’est pour
un homme que deux possibilités: être ou ne pas être. Comme si la vie s’arrêtait
à la mort, comme si l’âme, l’esprit de l’homme étaient une chose, de la matière
pure. Pour Descartes même combat : je pense donc je suis et quand la mort
sonne le glas du cerveau humain, je ne suis plus.
Ces rhétoriques athées sont cependant pour la très grande
majorité des individus des vérités premières, des dogmes bien plus absolus que n’importe
quelle croyance religieuse en l’immortalité de l’âme car, bon gré mal gré,
l’homme est un matérialiste endurci, sinon en parole ou en pensée du moins en
action. Or, ce matérialisme implacable
n’est plus irréductible depuis l’avènement de la science quantique car la
matière en son élément constitutif le plus simple, l’atome, n’est pas matérielle
puisque celui-ci revêt une double nature d’onde et de particule. N’étant pas
mesurable quantitativement et qualitativement à la fois, l’existence de l’atome
n’est appréciable que par probabilité, et ce qui est probable ne peut être
considéré comme étant défini ainsi que l’est une chose matérielle.
Le titre du précédent texte à ce sujet, « la vie est
dans la matière » est injuste car bien sûr, on ne peut pas dire qu’un
atome est vivant. Toutefois, comme l’atome n’est pas à proprement parler de la
matière par sa nature changeante selon les conditions, c’est en cela que j’ai
osé voir en lui la présence de la conscience qui, elle, est la base de la vie,
de son unité primordiale. A l’origine de l’univers, il n’y avait donc pas un
‘grain’ de matière si petit qu’il soit, mais une conscience dans le sens d’incertitude,
« d’existence non-existante »
où la possibilité d’être est et n’est pas à la fois.
La vie est la naissance à l’échelle macroscopique de cet
état qui tout à la fois est et n’est pas, comme le chat de Schrödinger. Etre ou
ne pas être n’est pas la question, ainsi soit-il !! Nous retrouvons ici la
vie de l’âme, de l’esprit qui est, en tant que lié à un corps et qui n’est pas
car, tout en étant dans un corps, il n’en fait pas partie. L’univers n’est pas
que de la matière, Dieu merci !
Pour que le monde soit ‘complet’, il fallait aboutir à une
conscience qui ait le potentiel de s’annihiler, de se rebeller contre sa propre
vie, qui puisse effectuer à l’échelle macroscopique la décohérence quantique à
l’origine de la matérialisation de l’atome en particule. Une conscience qui ait
le choix de supprimer volontairement cette incertitude qui prélude à
l’existence de la vie dans l’univers matériel, de renier l’esprit en faveur de
la matière, qui mette le probable sous la botte de la force, de la loi, de la
certitude, de la volonté primaire autant qu’aveugle, qui écrase d’un revers de
main l’aile du papillon, l’improvisation du rossignol, l’inspiration du poète,
le génie de la vie et de l’animal appelé homme.
L’absolu est une chimère, comme le énième plan de la
‘république populaire de Chine’. Loin de prôner l’instabilité, il faut
pourtant accepter que la vie ne soit pas linéaire, que pour arriver à l’homme,
la nature a exploré des myriades de possibilités, sans s’y arrêter mais sans
les éviter. Cependant, l’être humain se doit d’éviter une chose absolument,
justement parce qu’il en a la possibilité, lui et lui seul parmi toutes les
créatures vivantes : faire le mal, s’opposer à la vie, détruire ce qui
est, devenir un renégat, un traître au principe vital qui a fait de l’univers
matériel un monde vivant.
En conclusion, non seulement l’homme doit s’abstenir de
faire le mal dont sa nature propre l’a rendu capable mais il doit faire le bien
et se comporter de cette façon en partenaire volontaire de la force de vie qui
est en lui. C’est uniquement ainsi que l’homme peut considérer qu’il est un Homme…
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