« ‘Que Je sois pour toi’ ‘Celui Qui Suis ’ ton Dieu,
Qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte d'une
maison d'esclavage:
tu n'auras point d’autres dieux, devant Ma
Face. »*
Quand on pose à l’improviste la question à un Juif
religieux de dire quel est le premier commandement, la réponse est en
général : ‘Je suis l’Eternel ton Dieu’ – ‘Anoch’i Hachem Eloéch’a’. J’avais appris d’un Rav qu’on ne doit pas
utiliser de diminutif pour les noms qui ont un rapport avec l’histoire de Dieu
telle qu’elle est rapportée dans la Torah, l’exemple étant Jérusalem,
couramment abrégé par les Juifs français en ‘Jéru’, et cela même si le mot
d’origine en Hébreu est différent. Si
donc il peut paraître important de ne pas raccourcir un simple nom, qu’en
est-il d’un passage de la Torah et en l’occurrence de celui qui est
probablement le plus important de tous !
Dans l’exemple cité, les raisons d’une telle abréviation sont pratiques,
ça va plus vite, où familières : ‘on est du coin’, mais, en ce qui
concerne le commandement, même si on peut évoquer des motifs similaires à
première vue, ce raccourci révèle cependant une incompréhension fondamentale du
texte car, si ce premier commandement avait été compris dans toute son
importance et ses conséquences, nul ne s’aviserait de le tronquer ainsi quel
que puisse être le motif.
Le premier
commandement a trois parties comme toute bonne démonstration, les racines, le
tronc et les branches. Il ne peut être expliqué qu’en considération de
l’histoire de la naissance du peuple Juif. Dieu S’est révélé comme le Créateur
de tout ce qui existe, de l’univers, des cieux et de la terre. Puis, Il Se
choisit des hommes à qui Il octroie la mission de fonder un peuple qui Le
représente au sein de l’humanité afin de prouver par l’exemple qu’Il est non
seulement le Dieu de la création mais aussi Celui des hommes qui, voyant la
beauté et la perfection de ce peuple ne pourraient pas le nier.
Malheureusement,
ce peuple n’a jamais compris de quoi Dieu voulait parler et, non content de
faire sans cesse le contraire de ce qui aurait pu lui assurer le bonheur et la
prospérité, le peuple Juif a fini par donner l’exemple inverse en devenant le
principal destructeur de la volonté première du Dieu qui l’avait créé. Mais
nous reviendrons sur ce point et voyons d’abord en quoi le premier commandement
a bien l’importance de son rang !
La première partie
n’est pas un ordre mais une demande qui est expliquée dans la seconde partie et
dont la troisième est la conclusion logique. Dieu ne dit pas: ‘Je suis ton Dieu
parce que …’ mais ‘Que je sois ton Dieu parce que…’**. Dieu souhaite une
approbation réfléchie, une compréhension de ce qu’Il affirme, une collaboration
active et non une soumission passive. La dernière partie est l’aboutissement
naturel qui veut que l’homme soit à même de ne pas mettre sa foi dans tout
autre force supérieure qu’il lui plairait de prendre pour un Dieu parce qu’il a
compris et approuvé la raison de son choix.
Mais, ce qui nous
importe avant TOUT est le centre. Quel est le dieu qui met comme ‘condition’ de
sa réalité le fait d’avoir tiré un peuple d’esclavage ?? Il n’y a que Lui.
Si les hommes ont fait de Jésus un dieu de la liberté individuelle, ni plus ni
moins que Bouddha où n’importe quelle secte ésotérique, si les arabes ont fait
de Mahomet le héros d’un peuple destiné à conquérir le monde, il n’y a que le
Dieu d’Adam, d’Abraham et de Moise Qui a rêvé la liberté du peuple - et de l’humanité entière - qui Le
connaîtrait, qui Le respecterait et qui L’aimerait pour une raison si simple
autant que fondamentale : vivre libre !
(nb: Il n'y a pas de liberté individuelle sans liberté collective)
(nb: Il n'y a pas de liberté individuelle sans liberté collective)
* Exode 20/2 : traduction littérale
** Rav S.R. Hirsh Commentaire du Pentateuque T2 p422
Maintenant, pourquoi Dieu sépare la tyrannie de Pharaon en deux parties: "du pays d'Egypte, d'une maison d'esclavage" ?
Parce qu'il s'agit d'une double forme d'esclavage, matérielle et spirituelle, physique ET morale. Le "pays d'Egypte" représente l'esclavage dans sa forme, spécifique au lieu et au temps alors que la "maison d'esclavage" fait allusion à l'esprit d'asservissement sans paramètres temporels. Dans toute tyrannie, il y a un aspect 'local', immanent, et un autre éternel qui tient à la soumission de l'homme aux forces du mal. L'un ne va pas sans l'autre et l'homme ne peut se soustraire à l'un sans se délivrer de l'autre.
L'exemple de la tyrannie égyptienne est ainsi une leçon universelle qui signifie aussi qu'il ne suffit pas de quitter l'esclavage en un lieu pour se retrouver libre mais qu'il faut aussi extirper l'esprit d'esclavage qui, lui, n'est pas uniquement ancré dans le pouvoir du tyran mais aussi dans celui de l'esclave ainsi qu'on le voit par la suite où les Hébreux ayant quitté l'Egypte ne sont pas devenus libre par le fait puisqu'ils regrettent contre toute raison leur passé d'esclave.
Il faut donc considérer l'esprit d'esclavage, "la maison d'esclavage" comme une fâcheuse et inévitable transmission du mal de l'esprit du tyran à celui de l'esclave, mais c'est là un autre sujet à propos duquel on peut citer entre autre Fenimore Cooper (dans 'L'espion'):
"... car c'est un des fléaux de l'esclavage, que ceux qui en ont été les victimes deviennent incapables d'acquérir les qualités propres à l'homme libre."
Cependant, mon explication pourrait paraître abusive si elle s'arrêtait là car Dieu n'a certes pas besoin d'avoir tiré le peuple Juif d'Egypte pour être reconnu comme Dieu ainsi qu'Il l'avait été sans cela précédemment par Noé, Ytzhak ou Joseph. Il faut donc commenter la dernière partie de ce premier commandement afin d'en extraire tout son sens et l'intégrer ainsi dans l'esprit des neufs autres qui sont des mises en gardes de ce que l'homme doit éviter afin de ne pas (re)tomber dans l'esclavage, l'exil et le néant.
Dieu conclut donc en disant "Tu n'auras pas d'autre dieux" ce qui est moins un ordre qu'une conséquence de ce qui précède et la solution définitive de la sortie d'esclavage. Après avoir été tiré des griffes de l'esclavage et avoir accepté Dieu comme le seul Dieu capable d'accomplir cette libération, l'unique moyen d'extirper de l'esprit de l'homme la nature d'esclave qu'il a emprunté à sa condition précédente est de se garder d'accorder un pouvoir quelconque à toute glorification en dehors de celle de son Dieu.
L'homme a un besoin inné de glorification d'une puissance supérieure et ce besoin doit être appliqué à Dieu et à rien d'autre sous peine de reprendre une mentalité d'esclave et de se trouver prêt à devenir de nouveau soumis à tel autre homme qui prétendra connaître une puissance inconnue de soi, avec ou sans raison car le désir de soumission dépasse celui de liberté. Il importe donc de se souvenir de cette leçon fondamentale de Dieu car n'importe quel prestidigitateur à l'exemple des magiciens égyptiens pourra sans cela prendre emprise sur tout un chacun sans aucun remède.
La seule terre à l'horizon qui promet, et tient la liberté individuelle et collective repose dans ce premier commandement qui doit être compris dans son intégralité sans être ni tronqué ni dénaturé.
Voir aussi: Deutéronome 29
Maintenant, pourquoi Dieu sépare la tyrannie de Pharaon en deux parties: "du pays d'Egypte, d'une maison d'esclavage" ?
Parce qu'il s'agit d'une double forme d'esclavage, matérielle et spirituelle, physique ET morale. Le "pays d'Egypte" représente l'esclavage dans sa forme, spécifique au lieu et au temps alors que la "maison d'esclavage" fait allusion à l'esprit d'asservissement sans paramètres temporels. Dans toute tyrannie, il y a un aspect 'local', immanent, et un autre éternel qui tient à la soumission de l'homme aux forces du mal. L'un ne va pas sans l'autre et l'homme ne peut se soustraire à l'un sans se délivrer de l'autre.
L'exemple de la tyrannie égyptienne est ainsi une leçon universelle qui signifie aussi qu'il ne suffit pas de quitter l'esclavage en un lieu pour se retrouver libre mais qu'il faut aussi extirper l'esprit d'esclavage qui, lui, n'est pas uniquement ancré dans le pouvoir du tyran mais aussi dans celui de l'esclave ainsi qu'on le voit par la suite où les Hébreux ayant quitté l'Egypte ne sont pas devenus libre par le fait puisqu'ils regrettent contre toute raison leur passé d'esclave.
Il faut donc considérer l'esprit d'esclavage, "la maison d'esclavage" comme une fâcheuse et inévitable transmission du mal de l'esprit du tyran à celui de l'esclave, mais c'est là un autre sujet à propos duquel on peut citer entre autre Fenimore Cooper (dans 'L'espion'):
"... car c'est un des fléaux de l'esclavage, que ceux qui en ont été les victimes deviennent incapables d'acquérir les qualités propres à l'homme libre."
Cependant, mon explication pourrait paraître abusive si elle s'arrêtait là car Dieu n'a certes pas besoin d'avoir tiré le peuple Juif d'Egypte pour être reconnu comme Dieu ainsi qu'Il l'avait été sans cela précédemment par Noé, Ytzhak ou Joseph. Il faut donc commenter la dernière partie de ce premier commandement afin d'en extraire tout son sens et l'intégrer ainsi dans l'esprit des neufs autres qui sont des mises en gardes de ce que l'homme doit éviter afin de ne pas (re)tomber dans l'esclavage, l'exil et le néant.
Dieu conclut donc en disant "Tu n'auras pas d'autre dieux" ce qui est moins un ordre qu'une conséquence de ce qui précède et la solution définitive de la sortie d'esclavage. Après avoir été tiré des griffes de l'esclavage et avoir accepté Dieu comme le seul Dieu capable d'accomplir cette libération, l'unique moyen d'extirper de l'esprit de l'homme la nature d'esclave qu'il a emprunté à sa condition précédente est de se garder d'accorder un pouvoir quelconque à toute glorification en dehors de celle de son Dieu.
L'homme a un besoin inné de glorification d'une puissance supérieure et ce besoin doit être appliqué à Dieu et à rien d'autre sous peine de reprendre une mentalité d'esclave et de se trouver prêt à devenir de nouveau soumis à tel autre homme qui prétendra connaître une puissance inconnue de soi, avec ou sans raison car le désir de soumission dépasse celui de liberté. Il importe donc de se souvenir de cette leçon fondamentale de Dieu car n'importe quel prestidigitateur à l'exemple des magiciens égyptiens pourra sans cela prendre emprise sur tout un chacun sans aucun remède.
La seule terre à l'horizon qui promet, et tient la liberté individuelle et collective repose dans ce premier commandement qui doit être compris dans son intégralité sans être ni tronqué ni dénaturé.
Voir aussi: Deutéronome 29