2013/03/30

Dieu et Mon Devoir


Au fur à mesure que je lis, que j'écris et que je réfléchis avec mes moyens bien limités sur les 'choses de la vie', je m'aperçois que la vérité est aussi simple et évidente qu'un rayon de soleil ou que le rire d'un enfant. L'homme prend un soin maladif à tout compliquer pour son plus grand malheur. L'humanité déploie un arsenal infini de sophismes à tout embrouiller pour sa propre perte dans une vanité qui n'a d'égal que les malheurs qu'elle déverse sur elle-même. 
Et quand même ces choses simples que la fleur qui éclot ou que le vol des cigognes sont le résultat d'un ordre éminemment complexe, il ne sert que bien peu de chercher à savoir le fondement de ces merveilles pour mener une vie heureuse et leur connaissance n'apportera, à qui ne découvrira qu'une parcelle infime de leur raison d'être, aucun élément de bonheur supplémentaire à celui qui consiste à tenir pour acquis cette vie dont nous bénéficions sans l'avoir demandée et à en remercier comme il se devrait en toute simplicité son Auteur.


Qui est le plus heureux du paysan qui récolte avec joie les moissons du ciel ou des Einstein qui, ayant remis aux mains des passions les plus viles les secrets de l'univers, s'endorment en sachant qu'on peut faire de leurs découvertes plus de mal que de bien, l'homme étant ce qu'il est ? Il n'est pas besoin de science ni de philosophie pour comprendre que la nourriture la plus importante de l'âme est l'amour et l'amitié et que la trahison et la méchanceté sont des fléaux bien plus terribles que la maladie et la mort.

L'homme est devenu maître du monde sans jamais avoir été un instant maître de lui-même. A force de théories, de superstitions, de modes, de jurisprudences, d'exactions, l'homme accumule couche après couche un voile d'opacité sur la vérité de son existence et s'éloigne de génération en génération de la réalité qu'il ne voit plus qu'à travers le prisme déformant de ses funestes traditions, mirages narcissiques, miroirs qui dorent l'endroit pour mieux cacher la noirceur de l'envers, surface d'abondance voilant un vide sans fond, un abîme de misère là ou devrait se trouver un océan de joie.


L'histoire de l'humanité n'est pas, au contraire de ce qu'elle voudrait bien croire, celle d'une ascension glorieuse mais celle d'une dégringolade kafkaesque. Quelle peut être la raison principale d'une telle déchéance qu'on pourrait croire programmée tant elle paraît inévitable ? Le manque de compassion, de partage qui a sa source dans l'orgueil: moi, moi et toujours moi. 
Les hommes ne savent pas se parler entre eux. Parce qu’ils n’ont rien à se dire. Chacun étant bien trop occupé de lui-même pour trouver une place à l’autre. Et même, on n’a de cesse d’en être occupé afin de ne pas avoir à trouver cette place à l’autre. Shocking ? Eh ! De quoi êtes-vous occupés, Mesdames et Messieurs ? De charité ? D’entraide ? D’amitié ? Certes non ! Mais de jeux, de plaisirs, d’étoiles, et de commérages, de minables trahisons, de bizutages, pour rester ‘dans les normes’. Quoi d’étonnant ? Oh, rien : « c’est mon Droit !! » - parce que je le vaux bien !


"Dieu et mon droit" est-il inscrit sur les armes de la couronne britannique, 'mon droit', et quel droit mon Dieu ! Celui de faire ce qu'il me plaît ? Devise satanique s'il en est, et même si les siècles n'étaient pas là pour prouver que c'est bien dans cette formule que réside la recette de notre chute, il est facile de comprendre que la clef du bonheur de l'humanité n'est pas dans ses droits supposés mais dans ses devoirs. Faire passer les droits avant les devoirs, c'est légitimer l'individualisme, l'égoïsme, c'est planter les graines de la division, c'est semer les germes de tous les conflits présents et à venir, tant au niveau des individus que des peuples. De plus, cette culture des droits fait le lit de la tyrannie en lui donnant les soldats dont elle a besoin pour se nourrir sous le prétexte de faire respecter ces prétendus droits.


Dieu dit à Adam: "tu ne mangeras pas des fruits de cet arbre car tu mourras", mais le serpent dit à Eve: "non, tu ne mourras pas", et ni Eve ni Adam ne sont mort d'en avoir mangé. Hors, Dieu autant que le serpent avaient raison parce qu’ils ne parlaient pas de la même chose. Dieu parlait de la pureté de l'âme alors que le serpent parlait de la vie matérielle. Le secret de l'arbre de la connaissance est de savoir qu'on peut mélanger le bien et le mal. 
Sa connaissance n'est pas de savoir qu'il existe séparément le bien et le mal mais qu'on peut les mêler. Le fruit de cet arbre s'appelle le compromis. Comme un grain de café pourri dans une piscine où se trouve un million de grains sains transmet sa pourriture à tous les autres, un peu de mal dans une vie entière de bien rends cette vie amère et lui fait une tâche ineffaçable. Le problème de l'homme, celui qui entraîne tous les autres est de croire qu'on peut effacer un peu de mal par beaucoup de bien. Ce n'est pas le cas.


Savoir qu’on peut mélanger le bien et le mal et vivre, comme le dit le serpent n'est pas la vérité car il ne s'agit plus de vivre mais plutôt de survivre car il a oublié d’ajouter : 'tu ne vivras plus, libre, tu vivras, esclave, enchainé de tes fautes puisque tu sais que tu peux fauter sans en mourir'. Ainsi, si la vie humaine permet de mélanger le bien et le mal, si 'mon droit' est de pouvoir opérer ce mélange, le devoir de l'homme, le devoir primordial, unique duquel découlent tous les autres est de séparer le bien du mal. Il ne suffit pas de ne pas faire le mal, il faut faire le bien car en s'abstenant seulement du mal, on laisse au mal son empire dans l'humanité. 


Parmi tous les devoirs, s'il faut en nommer un, ce pourrait être  
la version affirmative de celui qu'Hillel affirmait comme étant le plus élevé : 
"Fais à autrui ce que tu voudrais qu'on te fasse".


C'est un peu simpliste tout ça, direz-vous. Effectivement, il n'y a rien de plus simple au monde, et de plus dur à réaliser. Le devoir de l'homme est de choisir le bien, activement, et non de ne pas faire le mal, passivement. Le principe de séparation est un objet de choix - de volonté, une décision, un travail à accomplir dans toutes ses actions, dans toute sa vie comme Dieu a séparé la nuit du jour, la terre des cieux , la femme de l'homme.


L’occidental, le chrétien dit : « Cherches la voie ! »
Le sémite, juif ou arabe dit : « Apprends la voie ! »
Les Hindous et bien d’autres disent : « Reste dans la voie où tu es né ! »
L'oriental, le Bouddhiste dit: « Trouves la voie ! »

Dieu dit : « La voie ? Je l’ai mise devant toi depuis la création du monde, choisis- là !! »



Tout ceci est exprimé clairement dans la Torah, au Deutéronome 30 et à bien d'autres endroits dont voici quelques extraits:
"La bénédiction ou la malédiction que j'offre à ton choix … (DT 30/1)

Vois, je te propose en ce jour, d'un côté, la vie avec le bien, de l'autre, la mort avec le mal … (DT 30/15)

J'en atteste sur vous, en ce jour, le ciel et la terre: j'ai placé devant toi la vie et la mort, le bonheur et la calamité; choisis la vie ! Et tu vivras alors, toi et ta postérité. (DT 30/19)

Recherchez le bien et non le mal, afin que vous viviez ! (Amos 5/14)"


En conclusion, ce que je ne fais jamais car je laisse d’habitude ce soin au lecteur, contrairement au ‘bons auteurs’, tant que l’homme, tous les hommes, ou au moins une grande majorité, ne feront pas ce choix du bien, il ne sera pas possible de se soustraire à la tyrannie de ceux qui nous oppressent, eux qui font le choix du mal et qui nous poussent continuellement à nous compromettre, à manger le fruit du compromis fatal depuis le serpent, depuis Nimrod et tous les César qui l’ont suivi car, le principal combustible de la tyrannie, c’est nous.

NB : Lisez ‘Les mémoires du diable’ de Frédéric Soulié !!!


F.Soulié  'Les 4 époques' p57



« Au devoir Edmond s’est sacrifié ; au devoir il a sacrifié ce qu’il avait de plus cher,… sa famille; ne le blâmez pas, glorifiez-le dans ses souffrances et dans les vôtres. »

Ta mère était notre guide, notre soutien, notre encouragement dans le juste et le bien. C’était toujours à sa haute raison, à sa tendresse éclairée, que nous nous adressions, lorsque, dans la direction de notre vie, ou de celle de nos enfants, nous éprouvions quelque doute ;… d’un mot elle nous indiquait la voie à suivre, et cette voie jamais ne déviait de la ligne austère du devoir ; le devoir, ce seul mot contenait tous les enseignements de celle que nous pleurons.

Élevé par elle, tu t’es montré son digne fils. Je m’efforcerai, à mon tour, d’être digne de toi ; ses dernières et saintes paroles seront mon Évangile et celui de nos enfants. Oh ! crois-moi, mon Edmond ! quel que soit le sort que l’avenir nous réserve, ainsi que l’a dit notre mère expirante : « Nous te bénirons, nous te glorifierons jusque dans tes souffrances et dans les nôtres, noble martyr du devoir qui a toujours été le guide de ta vie comme fils, comme père, comme époux, comme citoyen ! »

– Monsieur, chacun agit selon sa conscience ; mon mari, après avoir rempli ses devoirs envers vous, a rempli d’autres devoirs qu’il regardait comme sacrés.

(Edmond Morand, peu robuste, et nullement apte au rude labeur de la terre, était cependant voué à ce labeur sous un ciel torride et dans les conditions les plus néfastes : son courage, sa dignité, sa conscience du devoir accompli, soutenaient seuls cet homme du devoir.)

Les dernières et saintes paroles de notre mère ont été notre Évangile ; oui, jusqu’à la fin, nous t’avons glorifié dans nos souffrances, pauvre et noble martyr du devoir ! Oui, nous étions fiers, nous aussi, de souffrir pour la cause sacrée du juste et du bien.


Eugene Sue,  Jeanne et Louise

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