2021/10/06

Super Mario

 



 

Les peuples qui composent l’humanité ne sont pas identiques. Chacun a sa façon d’appréhender l’homme et le monde, de créer sa culture. Or aujourd’hui que la culture est mondiale, si on excepte les pratiques traditionnelles et locales pour se concentrer sur le monde des idées, l’image de la société que se font un Américain du nord, in Indonésien ou un Brésilien n’a plus que peu de différences.

D’autre part, cette image s’est réduit d’un éventail local divers et riche à un ensemble de ‘mèmes’ unique et pauvre.

Tout a commencé avec la navigation à moteur, le chemin de fer puis l’automobile, la radio, la télévision, le téléphone et le téléphone portable, en somme, avec le développement des moyens de communications.

Au fur et à mesure, les peuples se sont rapprochés physiquement, sans pour autant perdre leurs couleurs d’origine. Cependant, cette ‘couleur d’origine’ a changé de nature. Elle a perdu sa réalité existentielle, elle est devenue un vernis, une couleur locale, comme disent les touristes à la recherche de dépaysement. Car elle a dû partager avec la nouvelle culture mondiale unipolaire.

Non seulement les cultures régionales sont devenues secondaires mais dans la nouvelle culture mondiale, le ‘multi-polarisme’ se fonde sur le plus grand dénominateur commun qui ne peut que représenter, de par sa définition même, la plus grande simplicité, c’est à dire, passant du texte au fait, la plus grande ignorance. Or, cette ‘ignorance-volontaire’, quoiqu’elle soit involontaire n’en est pas moins coupable, et dramatique.

Pour prendre des exemples, s’il en faut, prenons l’habitude du restaurant et des repas rapides. Ceux-ci remplacent le repas à domicile et la préparation des repas à emporter que la majorité des travailleurs préparaient chez eux. La standardisation bon marché a remplacé la qualité et la diversité. Les repas en commun ont remplacé les repas en famille ou entre amis. La solitude a remplacé le partage.

Les enfants sont particulièrement touchés, ciblés pourrait-on dire. Poupées Barbie, armes de guerre, ont remplacés les costumes locaux. L’adulation de la force civique au service de l’état, de ‘causes’ a remplacé le dévouement à la communauté proche. Les grandes croyances qui étaient des principes de vie, religieux ou moraux, sont transformées en principes d’adaptation au plus grand nombre. Tout ceci favorisé et amplifié par les moyens de communication.

L’homme à cause de la technique a perdu beaucoup de ses qualités naturelles qu’il a remplacé par des modes de comportement sociaux dominés par l’appel à la sécurité individuelle. La patience par exemple qui s’appliquait à la réussite d’une action individuelle à long terme est devenu la soumission aux impératifs de la technicité dans la ‘vie de groupe’. Ce qu’on appelle communication aujourd’hui ne représente même pas un ‘bonjour-bonsoir’ de ‘la vie d’avant’.

L’homme est devenu incapable de communiquer autrement qu’en utilisant les ‘mèmes’ modernes. La peur, qu’on invoque beaucoup dans l’attitude servile qu’ont les peuples face à des directives totalitaires, la peur n’est pas la racine de ce comportement antinaturel mais le désir de sécurité, le désir d’isolement. Les populations se sont tellement isolées les unes des autres, non parce qu’elles ne se fréquentent plus mais parce que leurs interactions sont basées sur des ‘mèmes’, et ce autant à l’extérieur qu’à l’intérieur.

L’exemple de l’art est frappant. Le summum de la peinture est le portrait. Qu’un peintre du 17ème, du 18ème ou du 19ème siècle soit Florentin, Flamant, Lorrain ou Espagnol, son talent se concentrera à exprimer la figure humaine, l’empreinte des sentiments, des passions, des émotions qui lui donne une originalité, une singularité. Puis, le paysage est devenu prépondérant, suivi de la peinture dite moderne qui n’est plus que des assemblages de formes et de couleurs.

La culture moderne est donc faite, pour la jeunesse, de Super Marios Latinos, de Pokémons Japonais, de violence américaine, de brutes au crânes rasés de sinistre augure, d’apologie de la force, de la domination autant que de la soumission. L’habitat est devenu cellulaire car dans ce monde de soi-disant communication, le lien social est rompu. L’homme a divorcé de sa nature, de la nature humaine, de la Nature.

Ce qui devait être dans l’imagination de l’homme du dix-neuvième siècle le plus grand bien de l’humanité est devenu son plus grand mal. Et celui-ci est à l’intérieur. Et celui-ci est paré de mirages par les puissants du monde pour régner toujours plus … Dans le tableau ci-dessus, j’ai délibérément omis de parler des défauts moraux, des vices, des valeurs illusoires qui permettent cette descente aux enfers pays par pays, région par région, quartier par quartier, famille par famille.

Car c’est la famille qui est la base de tout, le creuset de l’humanité. C’est dans sa famille et pour elle qu’un homme doit être un homme, une femme une femme. Aussi, sans avoir ce but dans sa vie, en se défaisant de son rôle d’époux, de père, d’homme, enfin, au profit de puissances extérieures forcément malveillantes, l’homme perds son identité, sa raison d’être, son libre arbitre, sa conscience, il est devenu un mercenaire.

Et, c’est avec des mercenaires qu’on fait des tyrans.





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