C'est le titre d'un livre d'Eugène Sue, peu lu. Si son autre livre, les mystères de Paris est parvenu à la postérité, celui-ci bien qu'à peu près inconnu est un monument de littérature. Plus de 3000 pages couvrant l'histoire de la Gaule des Celtes au 19° siècle, c'est un récit historique renfermant de nombreux romans, plusieurs pour chaque époque mais avec un lien commun: la transmission des faits d'une famille rebelle à l'autorité, la famille Le Brenn.
Pour ceux qui cherchent à réapprendre l'histoire de France, et du monde en filigrane, ce livre est un trésor sans pareille. Il cite les principales étapes de la lutte du peuple contre les autorités séculaires et spirituelles qui ont asservi les populations sous différentes couleurs dont les principales sont la royauté Franque, la noblesse, l'eglise Catholique et les Jésuites. L'histoire détaillée de leurs crimes innombrables autant qu'innomables laisse bien souvent sans voix ...
EXTRAITS
« Aujourd'hui la
vieille Gaule se couvre de communes libres, de même qu'il y a trois cents ans
Elle se couvrait de
châteaux féodaux ; les communes sont nos forteresses, à nous !
La maison communale,
c'est l'héroïque et saint-berceau de l'affranchissement de la Gaule. »
CHARTE DE LÀ COMMUNE DE LAON [An 1100]
I
Tous les hommes domiciliés dans l'enceinte du mur de la
ville et dans les faubourgs, de quelque seigneur que relève le terrain où ils
habitent, prêteront serment à cette Commune.
II
Dans toute l'étendue de la ville chacun prêtera secours aux
autres, loyalement et selon son pouvoir.
III
Les hommes de cette Commune demeureront entièrement libres
de leurs biens : ni le roi, ni l'évêque, ni aucuns autres ne pourront réclamer
d'eux quoi que ce soit, si ce n'est par jugement des échevins.
IV
Chacun gardera en toute occasion fidélité envers ceux qui auront
juré la Commune et leur prêtera aide et conseil.
V
Dans les limites de la Commune, tous les hommes s'entr'aideront
mutuellement, selon leur pouvoir, et ne souffriront en aucune manière que, qui
que ce soit, le seigneur évêque ou autre, enlève quelque chose ou fasse payer
des tailles à l'un d'eux.
VI
Treize ÉCHEVINS seront élus par la Commune; l'un de ces échevins,
d'après le vote de tous ceux qui auront juré la Commune, sera élu MAIRE.
VII
Le maire et les échevins jureront de ne favoriser personne pour
cause d'inimitié, et de donner en toutes choses, selon leur pouvoir, une
décision équitable; tous les autres jureront d'obéir et de prêter main-forte
aux décisions du maire et des échevins.
Quand la cloche du beffroi sonnera pour assembler la
Commune, si quelqu'un ne se rend pas à l'assemblée, il payera douze sous d'amende.
VIII
Quiconque aura forfait envers un homme qui aura juré cette Commune-ci,
le maire et les échevins, si plainte leur est faite feront justice du corps et
des biens du coupable. Si le coupable se réfugie dans quelque château-fort, le
maire et les échevins de la Commune parleront sur cela au seigneur du château
ou à celui qui sera en son lieu; et si, à leur avis, satisfaction leur est
faite de l'ennemi de la Commune, ce sera assez; mais si le seigneur refuse
satisfaction, ils se feront justice eux- mêmes sur ses biens et sur ses hommes.
XI
Si quelqu'un de la Commune a confié son argent à quelqu'un de
la ville, et que celui-ci, auquel l'argent aura été confié, se réfugie dans
quelque château fort, le seigneur, eu ayant reçu plainte, ou rendra l'argent,
ou chassera le débiteur de son château; si le seigneur ne fait ni l'une ni
l'autre de ces choses, justice sera faite sur ses biens et sur ses hommes.
XII
Partout où le maire et les échevins voudront fortifier la
ville, ils pourront le faire sur le terrain de quelque seigneurie que ce soit.
XIII
Les hommes de' la Commune pourront moudre leur blé et cuire
leur pain partout où ils voudront.
XIV
Si le maire et les échevins de la Commune ont besoin
d'argent pour les affaires de la ville, et qu'ils lèvent un impôt, ils pourront
asseoir cet impôt sur les héritages et l'avoir des bourgeois et sur les ventes
et profits qui se font dans la ville.
XV
Aucun étranger, censitaire des églises ou des chevaliers,
établi hors de la ville et des faubourgs, ne sera compris dans la Commune que du
consentement de son seigneur.
XVI
Quiconque sera reçu dans cette Commune bâtira une maison dans
le délai d'un an ou achètera des vignes, ou apportera dans la ville assez
d'effets mobiliers pour que justice soit faite s'il y a quelque plainte contre
lui.
XVII
Si quelqu'un attaque de paroles injurieuses le maire en
l'exercice de ses fonctions, sa maison sera démolie ou il payera rançon pour sa
maison, ou s'abandonnera à la miséricorde des échevins.
XVIII
Nul ne causera ni vexation ni trouble aux étrangers de la Commune;
s'il ose le faire, il sera réputé violateur de la Commune, et justice sera
faite sur sa personne et sur ses biens.
XIX
Quiconque aura blessé avec armes un de ceux qui ont comme lui
juré la Commune, à moins qu'il ne se justifie par le serment ou le témoin,
perdra le poing et payera neuf livres : six pour les fortifications de la
ville' et de la Commune, trois pour la rançon de son poing; mais s'il est
incapable de payer, il abandonnera son poing à la miséricorde de la Commune. »
L'insurrection des bourgeoisies communales n'est que le
symptôme d'un affranchissement universel, mais encore lointain. Il viendra ce
jour de délivrance, mais il viendra lorsque tous, bourgeois et artisans des
villes, vilains et serfs des campagnes, se soulèveront en masse contre les rois
et les seigneurs. Oui, ce grandjour viendra!... dans des siècles peut-être,
mais j'aurai du moins entrevu son aurore; j'aurai assisté au réveil de la
vieille Gaule, endormie depuis six siècles ... et je mourrai content !
Le Languedoc et la Provence, comme autrefois la Bretagne,
sont les seules contrées indépendantes de la Gaule ; chaque cité a conservé pu
depuis longtemps reconquis ses antiques franchises ; les villes forment autant
de républiques gouvernées par des consuls ou des capitouls, magistrats élus du
peuple.
Ce pays fortuné a peu souffert de l’oppression féodale, le servage y
est presque inconnu ; la race des premiers conquérants germains, nommés
Wisigoths, tribu beaucoup moins nombreuse et moins féroce que les tribus
franques de Clovis, au lieu de se conserver unie, compacte, sans-mélange, comme
dans le nord de la Gaule, a presque entièrement disparu par sa fusion avec la
race gauloise et celle des Arabes, si longtemps maîtres du Midi.
Cette population, devenue pour ainsi dire un peuple nouveau,
est pleine d'intelligence et d'industrieuse activité; on n'y voit aucune trace
de fanatisme. La plupart des habitants, répudiant l'Église de Rome, y
pratiquent la douce morale de Jésus dans sa pureté première. Les seigneurs,
presque tous bonnes gens et sans orgueil, issus, pour la plupart, de marchands
enrichis, continuent le négoce de leurs pères ou cultivent leurs champs ; ils
cèdent le pas aux Consuls populaires;
[An 1300à 1426] LE TRÉPIED DE FER p 309
Ordonnance royale du 17e jour de janvier 1357 due à
Etienne Marcel
" LES ÉTATS GÉNÉRAUX se réuniront à l'avenir toutes les
fois qu'il leur paraîtra convenable (et ce sans avoir besoin du consentement du
roi), pour délibérer sur le gouvernement du royaume, sans que l'avis de la
noblesse et du clergé puisse lier ou obliger les députés des communes."
" Les membres des États généraux seront mis sous la
sauvegarde du roi ou du duc de Normandie, protégés par leurs héritiers, et en
outre les membres des États pourront aller par tout le royaume avec une escorte
armée chargée de les faire respecter. Les deniers provenant des subsides
accordés par les États généraux seront levés et distribués, non par les
officiers royaux, mais PAR DES DÉPUTÉS ÉLUS PAR LES ÉTATS et ils jureront de
résister à tout ordre du roi et de ses ministres si le roi ou ses ministres voulaient
employer l'argent à d'autres dépenses qu'à celles ordonnées par les Etats
généraux."
" Le roi n'accordera plus de pardons pour meurtre,
viol, rapt ou infraction des trêves. Les offices de justice ne seront plus
vendus ni donnés à ferme. Les frais de procédure et d'enquêtes et d'expédition
seront réduits dans la chambre du parlement et celle des comptes, et les gens
de ces deux chambres seront chassés comme exacteurs des deniers publics."
" Toutes prises de vivres, fourrages, argent, au nom et
pour le service du roi ou de sa famille, seront interdites, et faculté donnée aux
habitants de se rassembler au son de leur beffroi, pour courir sus contre les
preneurs."
" Afin d'éviter tout monopole et toute vexation, nul
des officiers du roi ne pourra faire le commerce des marchandises ou du change.
Les dépenses de la maison du roi, du dauphin et de celle des princes, seront
modérées et réduites à des bornes raisonnables par les États généraux; et les
maîtres d'hôtels royaux seront obligés de payer ce qu'ils achèteront pour ces
maisons. Désormais, le roi, le dauphin, les princes, la noblesse, les pré- lats,
quel que soit leur rang, seront soumis à l'impôt ainsi que tous les citoyens."
" Il faut qu'il apprenne, ce peuple encore enfant et
crédule, qu'il peut d'un souffle balayer ses maîtres souverains, issus de la conquête
et sacrés par l'Église. Aussi, lorsqu'un jour, dans des siècles peut-être, ce
peuple atteindra l'âge de virilité, il comprendra là ruineuse superfluité du
pouvoir royal; mais ces temps sont lointains ! De nos jours, le peuple,
ignorant et costumier, voudra, s'il détrône un maître, en couronner un autre, à
condition qu'il soit prince. (…) quoi qu'il arrive, si le présent échappe au
parti populaire, l'avenir lui appartient."
"Oui, quoi qu'on fasse, l'ordonnance des réformes de 1356 et
l'action souveraine de l'Assemblée nationale en ces temps-ci laisseront des
traces impérissables. J'ai semé trop hâtivement, disent les uns... et ils
ajoutent : « A semailles hâtive, moisson tardive »"
Etienne Marcel
LES MYSTERES DU PEUPLE (295...)
"Alors, je me suis demandé quels services je pouvais rendre à
l'Eglise catholique; j'ai regardé autour de moi, qu'ai-je vu ?... L'esprit de
LIBERTÉ, cette pestilentielle émanation de l'humanité déchue, partout en lutte
contre L’AUTORITÉ, cette émanation sacrée de la Divinité; je me suis promis de
soumettre l'esprit de liberté au frein inflexible de l’autorité, de même que
j'ai soumis au frein des chevaux indomptés.
Maître, cette génération pourrie, en nous abandonnant la
direction de son âme, nous donnera plus tard l'éducation exclusive de ses
enfants; nous élèverons ces générations selon qu'il convient, en les prenant du
berceau à la tombe, en les façonnant, les pétrissant de telle sorte que, leurs
appétits satisfaits, et à jamais délivrées des tentations de ces trois
infernales rebelles Raison, Dignité, Liberté, ces générations, bénissant leur
douce servitude, soient à nous ce que nous sommes à toi, ô maître ! Des serviles,
des esclaves, des corps sans âmes, des cadavres !"
(…)
"— Parmi les obstacles que notre oeuvre rencontre ou peut
rencontrer, vous avez cité la papauté, maître, parce que l'élection du sacré collège
peut appeler au trône pontifical des papes faibles, stupides ou scélérats.
— Quel remède à cette éventualité?
— Constituer en dehors de la papauté du collège des
cardinaux, de l'épiscopal, du clergé régulier, des ordres religieux, une
compagnie dont les membres ne pourront jamais être élus papes, ni accepter
aucune dignité catholique, si élevée ou si humble que soit celte dignité, de sorte
que cette compagnie conserve toujours son indépendance, son action pour ou
contre l'Eglise établie pour combattre ou pour défendre son chef.
—Quelle sera l'organisation de cette redoutable compagnie ?
— Un général élu par
ses membres la dirigera souverainement.
— Quel engagement prendront ses membres envers lui ?
— Celui d'une obéissance muette, aveugle, servile.
— Que seront-ils dans ses mains ?
— Ce que nous sommes entre les tiennes, ô maître! Des
instruments aussi dociles que le bâton dans la main d'un vieillard.
— Quel sera le théâtre de l'oeuvre de la compagnie ? Le
monde entier.
— Comment se partagera-t-elle l'univers ?
— En provinces... province de France, d'Espagne, d'Allemagne,
d'Angleterre, des Indes, d'Asie et autres, sous le gouvernement d'un provincial
choisi par le général de l'ordre.
— La compagnie étant supposée organisée, quel nom
prendra t-elle ?
— Celui de la COMPAGNIE DE JÉSUS.
— Indépendante de l'Eglise établie, dont elle n'attend ni ne
veut rien, ni pourpre, ni crosse, ni bénéfices, la compagnie de Jésus, grâce à
la commodité, à la tolérance de ses doctrines, conquerra bientôt le domaine et
l'empire des consciences; elle confessera les laquais et les rois, le moine
mendiant et le cardinal, la courtisane et la princesse, la bourgeoise, la
cuisinière, la fille d'amour et l'impératrice. Le concert de celte immense
clientèle agissant comme un seul homme, sous l'influence de la compagnie de Jésus,
inspirée par son général, doit assurer à celui-ci une telle puissance, qu'à un
moment donné il dictera des ordres à la papauté, la menaçant de déchaîner
contre elle toutes les consciences et les bras dont il dispose.
Le général sera plus puissant que le pape.
En outre de l'action sur les consciences, la Compagnie de
Jésus n'aura-t-elle point d'autres leviers secondaires ?
— Oui, maître, et des plus efficaces. Quiconque, laïque ou ecclésiastique,
pauvre ou riche, femme ou homme, grand ou petit, abandonnera aveuglément son
âme à la direction de la compagnie de Jésus, sera toujours et partout, et
contre qui, et contre quoi que ce soit, protégé,
favorisé, défendu, innocenté par la compagnie et ses adhérents; le pénitent
d'un jésuite verra s'ouvrir à ses yeux l'horizon des plus hautes espérances ;
le chemin des honneurs, des richesses, s'aplanira devant lui ; un manteau
tutélaire couvrira ses fautes, ses égarements, ses crimes; ses ennemis
deviendront ceux de la compagnie, elle les poursuivra, les traquera, les atteindra,
les frappera, quels qu'ils soient, où qu'ils soient, et par fous les moyens possibles,
de sorte que le pénitent d'un jésuite pourra prétendre à tout, et ce sera
quelque chose d'effrayant d'encourir ses ressentiments !
— Ainsi, vous avez foi dans l'accomplissement de notre œuvre
?
— Une foi absolue.
— Cette foi, qui vous l'a donnée?
— Toi, maître, toi, Ignace de Loyola, de qui le souffle nous
inspire, toi, notre maître, celui par qui nous vivons...
— L'oeuvre est immense: dominer le monde! Et nous ne sommes
que SEPT !...
— Maître, tu nous commandes, nous sommes LÉGION !
— Sept... Seulement sept, mes fils... Sans autre force que
notre foi à notre oeuvre.
— Maître, la foi soulève des montagnes... Commande !
— Oh ! Mes vaillants disciples ! s'écria Ignace de Loyola,
en se dressant sur sa béquille, quelle joie pour moi de vous voie ainsi pénétrés
de ma substance, nourris de la moelle de mes doctrines !...
Debout ! Debout ! Le moment est venu d'agir... voilà pourquoi je vous ai, ce soir, réunis ici, à Montmartre, où si souvent je suis venu méditer dans cet antre, celle seconde taverne de Manrès où, en Espagne, après de longues années, j'ai entrevu la profondeur, l'immensité de mon oeuvre... Oui, pour vous y associer à cette oeuvre, j'ai brisé, dompté, absorbé des personnalités ; j'ai fait de vous des instruments aussi dociles qu'un bâton dans la main d'un vieillard; oui, j'ai pris vos âmes ; oui, vous n'êtes maintenant entre mes mains que des cadavres ! Oh ! Mes chers cadavres ! Mes bâtons ! Mes serviles ! Mes esclaves ! Glorifiez votre servitude... elle vous donne l'empire du monde !... Vous serez les maitres de tous les hommes ! Vous serez les dominateurs de toutes les femmes !..."
Debout ! Debout ! Le moment est venu d'agir... voilà pourquoi je vous ai, ce soir, réunis ici, à Montmartre, où si souvent je suis venu méditer dans cet antre, celle seconde taverne de Manrès où, en Espagne, après de longues années, j'ai entrevu la profondeur, l'immensité de mon oeuvre... Oui, pour vous y associer à cette oeuvre, j'ai brisé, dompté, absorbé des personnalités ; j'ai fait de vous des instruments aussi dociles qu'un bâton dans la main d'un vieillard; oui, j'ai pris vos âmes ; oui, vous n'êtes maintenant entre mes mains que des cadavres ! Oh ! Mes chers cadavres ! Mes bâtons ! Mes serviles ! Mes esclaves ! Glorifiez votre servitude... elle vous donne l'empire du monde !... Vous serez les maitres de tous les hommes ! Vous serez les dominateurs de toutes les femmes !..."
(…)
"Ignace de Loyola veut, par le tribunal de la pénitence,
s'emparer des consciences ; par les conscience, des âmes ; par les âmes, des
corps, et fonder ainsi la plus épouvantable tyrannie théocratique."
(…)
"- je ne sais point prêcher, moi, et encore moins lire et
écrire. Je suis accoutumé dès mon noviciat à mes grandes aises, à l'ignorance,
à la fainéantise, c'est pourquoi je soutiens l'Eglise de Rome, qui soutient mon
ignorance, mes grandes aises et ma fainéantise..."
(Un moine)
IGNACE DE LOYOLA, GÉNÉRAL DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS
A. M. D. G.
(Ad Majorent, Dei Gloriam)
"Le peuple instruit, par ces légendes (- de la famille
Lebrenn -), de faits historiques qui doivent toujours être pour lui LETTRE CLOSE,
si l'on veut qu'il ressente à l'endroit du trône et de l'autel une soumission
aveugle, un respect et une terreur salutaires, ce mauvais peuple s'engagerait
plus audacieusement encore à l'avenir dans ces révoltes dont pas un siècle n'a
été à l'abri jusqu'ici, ce à quoi la société de Jésus, avec l'aide de Dieu,
mettra ordre.
Il faut bien se rappeler ceci : il n'est point de petits
ennemis ; les causes les plus infimes produisent
souvent de grands effets ; il suffit, à un moment donné, en un temps de
rébellion, d'un homme de résolution pour entrainer le populaire. Or, grâce à sa
tradition séculaire, la famille Lebrenn pourrait produire l'un de ces hommes-là.
Nous devons prévoir cette occurrence et supprimer cette famille.
Cet exemple entre mille autres exemples prouve la
nécessité des registres dont j'ai parlé. Je VEUX qu'il en soit tenu un dans
chaque division par Je provincial de noire ordre ; JE VEUX que l'on inscrive en
ce registre les noms des familles sur lesquelles l'attention de l'Ordre doit être
plus spécialement attachée. Ces renseignements ainsi conservés et transmis de
siècle en siècle offriront à notre Compagnie des moyens de surveillance et
d'action sur les générations futures."
Et Eugène Sue de citer (en long) le Discours de la servitude
volontaire d’Etienne de la Boétie aussi appelé par l'auteur Contr'Un :
''C'est le peuple qui s'asservi t, qui se coupe la gorge,
qui, ayant le choix d'être sujet ou d'être libre, quitte sa franchise pour le
joug, qui consent à son mal ou plutôt le pourchasse; s'il devait coûter quelque
chose de recouvrer sa liberté, je ne l'en presserais point, quoique ce soit que
l'homme doive avoir de plus cher, que de reprendre ses droits naturels, et, à
bien dire, « de bête redevenir homme »''
''Cependant, si on
ne leur donnait rien, si on ne leur obéissait point, et cela sans combattre, sans
frapper, ils demeureraient nus, défaits, ne seraient plus rien ; de même que la
racine, n'ayant plus d'humeur ou aliment, devient une branche sèche et morte.''
Massacre de la Saint Barthélémy …
"Ah ! Mes amis ! Catherine de Médicis l'avait dit au père
Lefèvre (Jésuite): « Engagez le Saint-Père et Philippe II à la patience... Endormons les
Réformés dans une sécurité trompeuse... Je couverai l'oeuf sanglant pondu par
Guise... et le même jour, à la même heure, les huguenots seront exterminés en
France. » L’Italienne a tenu sa promesse : L'oeuf réchauffé dans son sein a
éclos. L'extermination en est sortie toute armée."
(...)
"Soudain la veuve d'Odelin Lebrenn se dressa, pâle,
Imposante, leva vers le ciel l'une de ses mains vénérables avec un geste de malédiction,
et dit d'une voix solennelle, au milieu du profond silence de sa famille :
— Qu'ils soient à jamais maudits de Dieu et des hommes,
ceux-là qui, aujourd'hui ou dans les siècles avenir, ne répudieront pas
l'Eglise de Rome... cette Eglise infâme, la seule qui ait jamais enfanté de
pareils forfaits !...
— Mort de ma soeur ! — s'écria le franc-taupin, — la voix
d'Éstienne de la Boétie sera t-elle enfin entendue ? Verrons-nous tous se liguer contre UN ? Les
opprimés, les artisans, la plèbe, anéantir enfin l'oppresseur et écraser la
royauté?..."
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