2013/01/29

Aimez-Vous les Cerises ?




Le courage, l'espoir, c'est bien beau mais comme on mène tous une vie d'esclave, ça abrutit, et la lumière au bout du tunnel paraît si loin, si faible qu'on a tendance à la voir plus distante qu'une étoile, surtout en comparaison des projecteurs étincelants du théâtre mondial. Quelle persévérance ne faut-il pas, quelle constance pour ne pas tomber dans les bras de la 'civilisation', du 'progrès', de 'l'avenir' ? Et vraiment, qu'y avons nous gagné à cette ribambelle de 'civilisations' de la guerre et du profit ? Certainement pas le bonheur, ça se saurait ! Si 'l'avenir' doit ressembler au passé ... hem, hem !!

Faudra t-il toujours que l'homme s'invente des fables, cherche des prétextes pour faire le bien ? Combien de siècles et de génocides pour qu'il cesse de renier la bonté de sa nature, pour qu'il cesse de voir la compassion comme une maladie, la gentillesse comme une faiblesse, la fidélité comme un tombeau ?
Faudra t-il toujours ignorer notre propre sort, marcher dans les sillons abreuvés du sang de nos pères ? Ne doit-il pas venir un moment où la bête dégénérée qu'on appelle "homme" devra se regarder dans la glace et cesser ses abominations, individuelles et collectives ?
Assez de se voir spectateur de sa propre misère et de fermer les yeux !!
Mais les ouvrir sur quoi ? et comment ?



La clef de voûte doit être connue avant la construction de l'édifice, et en ce qui concerne l'humanité, c'est l'humilité, envers soi et les autres. Ne pas se considérer comme l'unique 'maître' de ses oeuvres, ne pas rêver de le devenir, ne pas voir en l'autre un ennemi mais un compagnon, pas un obstacle mais une aide, précieuse, indispensable. Chaque homme qui avance dans cette voie le fait non seulement pour lui mais pour tous. La vie est un partage dont chacun profite, consciemment et à son insu. L'évolution est collective, plus encore dans la ville que dans la jungle, seulement, on refuse de s'en apercevoir, de tendre la main, et en s'isolant, l'homme se condamne à rire seul en se moquant du vaisseau humain dont il s'est exclu par égoïsme, par vanité, par peur, par manque de confiance, par ignorance.

L'humilité envers soi commence par reconnaître quel merveilleux animal nous avons la chance d'être, indépendamment des facultés comme de l'apparence individuelle. Il est nécessaire aussi de comprendre que nous évoluons tous et chacun en commun avec la création, avec l'univers dont nous, les enfants, sommes capables d'y prospérer  en harmonie où d'y dépérir comme un microbe qui s'est tellement spécialisé qu'il ne trouve plus d'hôte à dévaster.



Nous ne faisons rien tout seul, et rien ne se fera sans tous. La destinée est collective avant que d'être individuelle. Et s'il y a eu de tous temps des individus bons et savants - savants de justice, la population humaine est, du haut en bas, restée égoïste  attachée à la réussite dans le contexte le plus matériel possible et par les moyens les plus bas, la tromperie, l'abus, le mépris. L'ignorance volontaire de la majorité qui se satisfait d'une vie dont le moindre animal ne voudrait pas est le principal handicap à l'évolution collective, à la libération des chaines avec lesquelles les peuples s'attachent eux-mêmes, génération après génération.

Napoléon et Chateaubriand*, deux opposés, se sont estimés, ils regardaient en haut sans voiler leurs regards sur la réalité. L'humanité avancera par tous ses membres ou restera un zombie sous perfusion. Il faut que le niveau moyen de l'homme s'élève, globalement. Aucun scénario, aucun projet ne remplacera l'éveil de tous et de toutes, l'apprentissage aux enfants de la nature, de la nature humaine, le respect de la famille, le partage, l'amour, l'amour de la vie, des autres. Quoi de plus beau, de plus joyeux que d'offrir, de donner de soi, de créer ces fontaines d'eau pure qui étanchent toutes les soifs, qui reposent de toutes les fatigues, de créer ces liens indestructibles et immortels d'amour et d'amitié, ces fils de soie invisibles qui relient tous les êtres vivants, qui sont la réalité cachée de l'existence. Aimez-vous les cerises ?

*'Les morts vont vite' A.Dumas


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