2013/01/10

Pourquoi l'Angleterre a Aboli l'Esclavage




"L'émancipation - des esclaves - par l'Empire britannique peut être attribuée 
à la montée en puissance du mouvement philanthropique ..."

Frédéric Soulié s'est penché sur la question dans "Le Bananier":







"Cependant, l´abolition de l’esclavage dictée par l´Angleterre n´est en rien philosophique. Il est pragmatique : la Révolution industrielle est passée par là. L´esclavage n´est plus économiquement rentable." - pour elle:)


Paul Féval sur le même sujet
 'Jean Diable'
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"– Le temps presse désormais, dit-il, j’achèverai ce que j’ai commencé, monsieur Temple. Je vous forcerai de me respecter si vous continuez de me haïr. Vous êtes Anglais : je n’insulterai pas l’Angleterre. C’est du reste un grand peuple pour avoir répandu la haine et la terreur de son nom sur la surface de l’univers entier, malgré ce mot de liberté, chéri de tous, qu’elle a inscrit la fois sur son écusson féodal et sur son drapeau envahisseur.
Ce fut mon premier travail : parcourir d’un regard la carte du monde et chercher ceux qui, comme moi, détestaient l’Angleterre. 
D’où j’étais, je voyais d’abord, vers l’Occident, l’Afrique et l’Amérique, au travers de ces archipels confus de l’Océanie qui ne connaissent pas encore d’autre oppresseur que l’Anglais. Du côté de l’Afrique, j’entendais deux voix : le choeur rauque des négriers anglais et le chant de ce cantique libérateur où se trouve cette strophe : « Détruisons l’esclavage impie, afin de ruiner du même coup les colonies françaises et les plantations yankees ! « Peu m’importe le mobile secret. Je dis : Fille qu’elle est de deux péchés capitaux, l’avarice et la haine, la suppression de la traite des noirs sera un des grands faits de ce siècle et le meilleur honneur de l’Angleterre !

Du côté de l’Amérique, j’écoutai l’hymne lointain de la délivrance qui se chantait depuis les confins du Mexique jusqu’au Canada. C’était en anglais encore, cette poésie : « Nous sommes libres, mais nous voulons perpétuer l’esclavage ! »

Au-devant de l’Afrique, je vis la France, non pas la France d’Europe, mais cette patrie lointaine qui a pour protection le drapeau ; la colonie qui appelle la patrie sa mère, et celle-ci avait nom l’île de France. Le drapeau français gisait à terre ; le drapeau anglais flottait au vent, portant ses plis comme un doigt indicateur vers cette autre île, imperceptible point perdu dans l’espace, où l’Angleterre fortifiait une prison et creusait un tombeau. C’était encore la France pourtant.

Vers le nord, je vis ces pays féeriques qui, à vol d’oiseau, me séparaient de l’Europe : un patrimoine français aussi, l’Inde, trésor du monde ! L’ombre de Dupleix me montra, parmi les immenses contrées que baignent l’Indus et le Gange, un domaine dérisoire par son exiguïté.

Mon regard franchit ces contrées éblouissantes, passa par-dessus la Perse menacée, et s’arrêta sur l’incommensurable étendue de cet autre empire : la Russie, ennemi géographique et naturel de l’Angleterre. J’étais en Europe et je cherchais l’Angleterre. Je voyais les États d’Allemagne où, malgré l’alliance temporairement nouée pour écraser la France, le nom anglais est abhorré. Je voyais l’Italie instruite par l’esclavage de l’Archipel, l’Espagne déshonorée par Gibraltar, le Portugal tributaire, la Hollande annihilée, la France raillée par ces deux îlots qui sont faits de son sable, Jersey et Guernesey, et Paris conquis, tout plein d’habits rouges, réduisant l’histoire de France à la journée de Crécy et à la trahison de Waterloo !…

Plus loin, et séparés du reste du monde, comme dit le poëte latin, je vis enfin les Anglais chez eux : une petite terre divisée en trois parties, dont l’une opprime les deux autres. Des ennemis partout, même à la maison : ennemis meurtris, foulés aux pieds, mais implacables : les highlanders au nord, les irlandais à l’ouest.
Sur ce tableau, je restai toutes les heures d’une longue nuit, et mes yeux fatigués ne virent plus rien qu’un aigle perché sur le roc de Sainte-Hélène, et qui regardait l’empire des Indes par-dessus le continent africain…
Dans l’oeil de l’aigle, je lisais cette pensée : Le coeur de l’Angleterre est dans l’Inde, et l’Inde, c’est quatre-vingt millions de vaincus sous le fouet de quelques milliers d’oppresseurs.
Et sur cette pointe de terre qui séparait l’aire de l’aigle du paradis à conquérir, sur ce cap, extrémité de la terre africaine, il y avait ces mots : Bonne-Espérance."

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